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Poulehouse engage le consom’acteur vers le bien-être des poules de leur naissance à leur mort

La star-up Poulehouse a fait le pari de vendre des œufs sans réformer les poules. Aujourd’hui, elle va plus loin en élevant ses premières poulettes sexées dans l’œuf.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le concept de la « Maison des poules » a de quoi surprendre. C’est pour présenter cette ferme originale, située à Coussac-Bonneval, dans le sud du Limousin, que ses instigateurs l’ont ouverte à la presse au mois d’avril. Le principe de Poulehouse est assez simple : laisser pondre les poules jusqu’à leur mort naturelle. C’est en 2017 que Fabien Sauleman, Élodie Pellegrain et Sébastien Neusch, cocréateurs de la start-up Poulehouse, ont eu cette idée saugrenue, née de leur rencontre et d’aspirations communes. « Je me suis dit que si je voulais que cette belle idée voie le jour, explique Fabien Sauleman, il fallait que je me lance. » Sans aucune formation agricole, il s’associe avec Élodie, ingénieur en agriculture, pour la conduite de la ferme et la relation avec les éleveurs, et avec Sébastien pour l’aspect commercial et le marketing. Ils ont convaincu des producteurs d’œufs bio de leur vendre les œufs qu’ils ont commercialisés à un prix permettant de financer la fin de carrière des poules. Faute de connaître leurs futurs surcoûts de revient, ce prix a été arbitrairement fixé à un euro pièce. « Dans ce prix, nous tenions compte des critères de bien-être animal et aussi d’une meilleure rémunération des éleveurs », précise Fabien Sauleman.

Un micromarché à faire éclore

Les premiers œufs de la marque Poulehouse furent d’abord vendus dans le réseau spécialisé Biocoop, dans un emballage attractif. Désormais, ils sont aussi commercialisés chez Auchan, Carrefour, Franprix, Monoprix et Naturalia, et complète le startuppeur : « nous avons 600 points de vente et nous visons les 10 000. » Le prix peut sembler prohibitif. « Ce qui nous fait le plus plaisir, c’est que les acheteurs comprennent la démarche et sont prêts à payer ce prix. Nous avons déjà vendu deux millions d’œufs depuis un an et demi et nous sommes arrivés à plus de 250 000 œufs par mois. Notre démarche fonctionne parce que la prise de conscience de la cause animale est importante. Le consommateur est conscient qu’il peut modifier et influencer les modes de production grâce à ses choix d’achats. » Cet engouement est pour l’instant relatif car grosso modo ces volumes correspondent à la production d’environ 10 000 poules (en première ponte), soit 0.0025 % de l’effectif national… Pour développer son marché, Poulehouse envisage de réduire son prix de vente et de lancer une gamme de produits gâteaux Poulehouse.

Étudier le vieillissement des poules

Poulehouse déclare se fournir auprès de quatre élevages bio situés dans l’Eure, l’Eure et Loir, le Loiret et la Somme, auxquels s’ajoute la ferme du Limousin rachetée en partie avec du financement participatif. Situé sur une ancienne carrière de kaolin, le site s’étend sur seize hectares. « Nous avons ici les plus vieilles poules pondeuses du monde », plaisante Fabien Sauleman sur le parcours où divaguent 500 poules de trois ans, rachetées à la réforme. « Leur taux de ponte tourne actuellement autour de 50 % », précise Élodie Pellegrain qui gère l’exploitation. Le système d’approvisionnement envisagé repose sur des éleveurs qui exploiteront les poules, non épointées comme il se doit, pour un premier cycle. Pour la seconde ponte et les suivantes, ces poules seront transférées vers d’autres élevages ou bien vers la ferme du Limousin. « Notre objectif est de passer à huit ou dix éleveurs de première ponte à la fin de cette année, pour faire face à une demande exponentielle. » Jusqu’ici, environ 12 000 poules ont été recueillies sur la ferme, mais surtout chez deux des quatre éleveurs de départ. Grâce au million d’euros de financement participatif obtenu en février, quatre bâtiments de 150 m2, déplaçables sur 4 000 m2 de parcours et abritant mille poules, sont en cours de finition. À terme, la ferme du Limousin pourrait compter jusqu’à 10 000 poules, mais elle a plus vocation à devenir le centre de R & D de Poulehouse qu’un refuge. « Le terrain des connaissances est vierge sur l’élevage de poules vieillissantes. Aussi, nous allons embaucher un ingénieur pour faire des recherches. Nous avons aussi pris des contacts avec l’Inra et l’Itavi », lequel nous précise qu’ils ont juste démarré. En effet, les interrogations sur la gestion de la longévité des gallinacés ne manquent pas : comment évoluera leur bien-être ? comment sera l’état sanitaire de lots âgés et d’âge différent ? quelles seront leurs performances ?

Aller plus loin avec les poussins sexés

Poulehouse ne fait pas que sauver des poules de l’abattoir. Mi-avril, sa ferme du Limousin a reçu mille poulettes qui avaient sexé in ovo. Afin de pousser le bien-être animal encore plus loin, la start-up a décidé de se fournir auprès de la société germano-néerlandaise Seleggt, « du moins pour les éleveurs qui le veulent bien ». Cette entreprise a développé une technique de sexage de l’embryon de neuf jours. « Nous sommes les précurseurs d’un œuf d’un nouveau type. C’est aussi une attente très forte du consommateur », estime Fabien Sauleman qui milite pour la généralisation du sexage des embryons de souche ponte. « Nous allons essayer de convaincre un distributeur, afin qu’il le demande à ses fournisseurs d’œufs en leur garantissant des volumes qui permettront aux couvoirs de s’équiper de cette technologie innovante. En achetant ces œufs, le consommateur participera au développement du respect de l’animal. » Et pour boucler la boucle, Fabien Sauleman rêve de créer un label pour ses œufs du cinquième type.

« Peu d’œufs mais beaucoup de buzz »

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