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Pondeuses en volière : Patrick Le Corre est exigeant sur ses poulettes

Éleveur finistérien méticuleux, Patrick Le Corre est très vigilant sur la manière dont sont élevées ses poules, afin de les adapter le mieux possible à leur carrière en volière.

Patrick Le Corre a reçu le 1er février son quatrième lot de poules logées en volière Twin (Big Dutchman), mais il connaissait déjà très bien l’élevage avant de s’installer en 2014 dans le sud du Finistère. Éleveur de pondeuses en plein air de la troisième génération, il a été imprégné par cette activité qu’il vit plus comme une passion qu’un travail. Avant de prendre la suite de ses parents, Patrick a été conseiller en grandes cultures chez Triskalia. Cela a impacté sa manière d’aborder la conduite des poules.

Aller voir où seront élevées les poulettes

 

 
Patrick Le Corre va visiter le bâtiment d’élevage des poulettes avant  leur mise en place et échanger avec l’éleveur. © P. Le Douarin
Patrick Le Corre va visiter le bâtiment d’élevage des poulettes avant leur mise en place et échanger avec l’éleveur. © P. Le Douarin
Il accorde une très forte attention à l’origine des animaux. « J’essaie de maîtriser tout ce qui peut l’être, même si on sait bien que la poule essaie de faire ce qu’elle veut, où elle veut et quand elle veut. » Patrick choisit la souche, mais pas l’éleveur des poulettes, du ressort de sa coopérative Eureden. Pour minimiser la prise de risque, il pose ses conditions. « Je vais voir le bâtiment d’élevage avant la mise en place des poulettes et échanger avec l’éleveur. »

 

 

 
La ponte hors nid en grande quantité est la hantise de tous les éleveurs. © P. Le Douarin
La ponte hors nid en grande quantité est la hantise de tous les éleveurs. © P. Le Douarin

 

Patrick veut anticiper. Même si cela ne lui est jamais arrivé, la ponte au sol massive est sa hantise. « J’accepte des poulettes élevées avec des plateaux relevables, mais je me demande toujours si toutes pourront remonter et si cela peut aggraver les pontes au sol. » Il demande aussi à faire une visite du lot. « Je veux de la transparence, de manière à avoir tous les éléments pour anticiper, plutôt que de réagir à des problèmes. » Avant le transfert, il a ainsi accès au dossier complet.

 

Trois semaines d’acclimatation à la volière

 

 
En volière, le confinement temporaire avec un filet rabattu permet d'habituer les jeunes poules à leur nouvel environnement  © P. Le Douarin
En volière, le confinement temporaire avec un filet rabattu permet d'habituer les jeunes poules à leur nouvel environnement © P. Le Douarin
En général, les poulettes de 17 semaines sont mises en place en début de matinée. Déchargées par les deux couloirs latéraux, les poulettes sont déposées sur les deux niveaux de la volière. « Ensuite, on rabat les filets pour qu’elles restent à l’intérieur une à deux semaines, le temps qu’elles s’approprient bien le milieu (pipettes, chaînes, perchoirs, découverte du nid). »

 

La chaîne d’alimentation a été remplie au préalable et l’éleveur la déclenche manuellement une fois pour que les poulettes s’habituent aux nouveaux bruits. La mise en place du vide de mangeoire intervient seulement après ces premiers jours d’acclimatation avec deux ou trois tours de chaîne par jour. Patrick met aussi la radio pour créer une ambiance sonore qui atténue les bruits inattendus et soudains.

 

 
Les poules restent une à deux semaines à l’intérieur de la volière, le temps qu’elles s’approprient bien le milieu (pipettes, chaînes, perchoirs, découverte du nid). © P. Le Douarin
Les poules restent une à deux semaines à l’intérieur de la volière, le temps qu’elles s’approprient bien le milieu (pipettes, chaînes, perchoirs, découverte du nid). © P. Le Douarin
En volière, le temps d’adaptation est plus long qu’en système caillebotis-sol. « La première nuit, aucune n’a dormi sur les tubes, parce qu’elles avaient été élevées avec des plateaux. » C’est pourquoi elles sont souvent transférées plus jeunes. Au bout d’une à deux semaines, les poules sont libérées dans les couloirs latéraux (filets relevés à l’extinction). Quelques jours plus tard, elles accèdent au-dessous de la volière. Selon la météo, le jardin d’hiver est ouvert vers 23-24 semaines. Patrick veille aussi à augmenter la durée d’éclairement (15 heures à 50 % de ponte).

 

Faire la chasse aux œufs dans la journée

Pendant la libération progressive, Patrick Le Corre passe beaucoup de temps avec ses poules. Dans la journée, « il faut les bouger et les déranger souvent pour qu’elles aillent toutes boire et manger. » Avec ce quatrième lot « un peu mou au début », ce travail a porté ses fruits et l’homogénéité du poids s’est accrue. « Les poules doivent prendre la bonne habitude d’aller pondre dans les nids collectifs. »

 
Patrick a quelques trucs. « Pour attirer leur attention, je relève les languettes de nids, je laisse des œufs bien visibles dedans. » Il perturbe les poules tentées de pondre hors nid et enlève les œufs au fur et à mesure. Sinon, ils en attirent d’autres. Pendant cette période transitoire, la clôture électrique est absolument nécessaire. « Elle évite les pontes contre les séparations des trois salles. » Sur ce lot, Patrick constate une surfréquentation des extrémités des pondoirs qui pourrait provoquer des étouffements.

 

 

 
Soulever la protection arrière du pondoir aux extrémités en cas de surfréquentation crée un courant d'air qui pousse certaines poules plus loin. © P. Le Douarin
Soulever la protection arrière du pondoir aux extrémités en cas de surfréquentation crée un courant d'air qui pousse certaines poules plus loin. © P. Le Douarin

« J’ouvre l’arrière du nid pour créer un courant d’air. J’interviens aussi pour que les poules n’y soient pas trop nombreuses. » Le soir la non-remontée de poules peut être problématique à l’extinction de la lumière. « Le nombre de poules à remonter se réduit vite en quelques jours. Si on ne fait rien, ces poules finissent par mourir de faim. Nous passons aussi chaque soir, au moins jusqu’à 25 semaines, pour collecter les quelques œufs hors nid. »

Patrick calcule qu’il passe « au minimum 3 heures par jour rien qu’à circuler, détecter les dysfonctionnements, gratter les accumulations de fientes, surveiller la prise d’aliment… Ce mode d’élevage en liberté est très chronophage. Ici, c’est un temps plein sept jours sur sept. Je comprends que ce soit perturbant pour les éleveurs reconvertis. »

 

 

Contenter les poules et l’éleveur

 

En 2017, Patrick Le Corre a décidé de restructurer son élevage plein air en passant de deux fois 7 000 poules sur caillebotis en bois à une volière de 20 000 places plus compatible avec l’organisation de son l’exploitation.

« L’objectif était de réduire nos heures de travail tout en améliorant le confort. » Aujourd’hui, ils sont deux pour les poules et les 75 ha de cultures de rente (SAU de 92 ha), sur lesquelles sont valorisées les fientes au bon moment (contrairement au caillebotis vidé une fois par an).

Il a installé la volière Twin de Big Dutchman dans un bâtiment statique clair de 15 m de large (rallongé de 70 à 90 m). « J’ai ajouté un jardin d’hiver à claires-voies de 350 m2 (non comptabilisé en surface utile) pour donner plus de confort, et bien utile en période d’obligation de confinement."

"En première impression, la Twin semble compacte. À l’usage elle est pratique car tout est à portée de main, dessus comme dessous, et les poules font moins d’efforts pour se déplacer entre les zones. Ce n’est pas négligeable : qui veut aller loin ménage sa monture. »

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