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Bâtiment agricole photovoltaïque : qu’implique le nouveau système de tarifs d’achat ?

De nouvelles règles s’imposent pour les tarifs d’achat de l’électricité fournie par les panneaux photovoltaïques de moins de 500 kWc. Concevoir son projet de bâtiment agricole photovoltaïque se complexifie pour les exploitants agricoles. 

<em class="placeholder">Panneaux photovoltaïques sur le toit de la stabulation des vaches laitières de la ferme expérimentale de Inrae Lusignan. </em>
Au-delà de la nécessité d’avoir de la trésorerie disponible pour apporter la caution de 10 000 euros, là où le nouveau système se complique vraiment pour l’agriculteur c’est autour de définition d’un tarif de vente de l’électricité dans le cadre de l’appel d’offres.
© Costie Pruilh


 

Un nouvel arrêté sur l’achat de l’électricité issue de panneaux photovoltaïques sur bâtiment 

« Il y a encore du potentiel et une rentabilité possible mais les schémas du photovoltaïque se complexifient », explique Régis Le Carluer, responsable de l’équipe énergie, climat et agroforesterie à la chambre d’agriculture de Bretagne. 

Le 26 mars 2025, le gouvernement a pris un arrêté changeant les règles du jeu de l’achat de l’électricité issue des panneaux photovoltaïques installés sur bâtiments, hangar ou ombrière, en modifiant le fameux arrêté tarifaire du 6 octobre 2021, dit S21. Un changement dont les conséquences s’opèrent depuis cet été, comme l’a expliqué l’expert le 16 septembre lors d’une conférence au Space.

 

Quel système de tarification pour installations photovoltaïques sur bâtiment agricole de moins de 100 kWc ? 

Pour les agriculteurs souhaitant installer des panneaux photovoltaïques sur une petite surface de toiture (capacité de moins de 100 kWc, soit environ 500 m2), il est toujours possible dans un système de vente de la totalité de l’électricité de signer un contrat d’achat sur 20 ans lors du raccordement. Et ce, dans le cadre du guichet ouvert par l’arrêté du 6 octobre 2021, dit S21 (fixé à 10,81 c€/kWh entre 36 et 100 KWc). 

« Mais en cas de système mixte avec autoconsommation, la vente du surplus d’électricité se fait à un tarif bien inférieur (à 7,31 c€/kWh jusqu’au 30 septembre) », prévient Régis Le Carluer. Ce qui devrait conduire les agriculteurs à privilégier un système en 100 % vente ou 100 % autoconsommation. 

 

Quel système de tarification pour les installations photovoltaïques sur bâtiment agricole de plus de 100 kWc ? 

Pour les agriculteurs souhaitant installer des panneaux photovoltaïques d’une puissance comprise entre 100 et 500 kWc (soit plus de 500 m2 de toiture), le projet devra être sélectionné par la commission de régulation de l’énergie (CRE) dans le cadre d’appels d’offres simplifiés pour obtenir un contrat de complément de rémunération d’électricité sur 20 ans et donc un tarif garanti. 

Le premier a été ouvert entre le 22 septembre et le 2 octobre 2025 avec une mise en concurrence sur l’unique critère du prix devant être inférieur à 9,5 c€/kWh (=95 €/MWh) pour un volume total de 192 MWc. Plusieurs autres appels d’offres suivront dont les volumes dépendront de la prochaine programmation pluriannuelle énergétique (PPE 3).

 

Comment fonctionne le contrat de complément de revenu ? 

Par exemple, pour un candidat retenu par la CRE à un tarif de 8,5 c€/kWh (= 85 €/MWh) s’il vend son électricité sur le marché à 5 c€/kWh, l’État lui apportera le complément jusqu’au tarif retenu. Si le prix de l’électricité augmente au-delà du tarif retenu, le candidat devra alors rendre la différence à l’État. 

 

Une caution de 10 000 euros obligatoire 

Autre nouveauté : pour répondre à l’appel d’offres, une « caution de 10 000 euros est obligatoire via la Caisse des dépôts ou une garantie bancaire à première demande, souligne Régis Le Carluer. Ce qui peut freiner les agriculteurs, sachant que si le projet n’est pas retenu, ils pourront bien sûr récupérer leur caution. » 

Lire aussi : Assurance : les panneaux photovoltaïques ne sont pas couverts par la garantie décennale

 

Comment définir son prix de revente ? 

Au-delà de la nécessité d’avoir de la trésorerie disponible, là où le nouveau système se complique vraiment pour l’agriculteur, c’est autour de définition d’un tarif de vente de l’électricité dans le cadre de l’appel d’offres. 

« L’agriculteur va devoir définir un prix supérieur à son coût de production », insiste l’expert de la chambre d’agriculture de Bretagne, le risque étant de faire aveuglément confiance à un installateur de panneaux photovoltaïques qui annoncerait un coût de production trop bas pour tirer le prix de vente à la baisse et être ainsi retenu par la CRE. « Pour calculer son coût de production de l’électricité il faut se rapprocher des structures comme les chambres d’agriculture, les centres de gestion ou les cabinets de conseils », conseille Régis Le Carluer. 

 

Attention aux arnaques concernant les projets de bâtiment agricole photovoltaïque 

« Il faut être très vigilants et éviter de foncer tête baissée avec un installateur qui promettrait une production d’électricité trop optimiste et des charges d’exploitation trop faibles en omettant par exemple les provisions pour remplacement de matériels à 10 ans ou des onduleurs », prévient-il encore appelant les agriculteurs à la prudence. 

 

Quelle rentabilité pour les projets de bâtiment agricole avec panneaux photovoltaïques de plus de 100 kWc ? 

Selon les calculs réalisés et présentés par la chambre d’agriculture de Bretagne au Space 2025, un projet de panneaux photovoltaïques sur 1 400 m2 de toiture exposée au sud (pour une puissance de 280 KWc) peut assurer une bonne rentabilité avec tarif retenu entre 8,5 et 9 c€/kWh sur 20 ans. 

« Reste la difficulté à quantifier dans les années futures l’impact des heures d’arrêt d’injection d’électricité durant les périodes de prix négatifs de l’électricité sur le marché spot (soit quand l’offre est supérieure à la demande, ndlr). Néanmoins, les résultats des simulations réalisées par la chambre d’agriculture Bretagne avec le schéma de marché de 2025 donnent un faible impact sur les business plans », souligne Régis Le Carluer.

 

L’agriculteur peut-il rester porteur de son projet de bâtiment agricole photovoltaïque ? 

Si l’agriculteur peut toujours porter lui-même son projet photovoltaïque, le nouveau système au-delà de 100 kWc nécessite qu’il soit bien accompagné, souligne le représentant de la chambre d’agriculture. L’agriculteur devra aussi collaborer avec des agrégateurs dont le métier est de commercialiser l’électricité. 

 

Comment calculer son coût de production d’électricité ? 

Pour calculer ses coûts liés à la production d’électricité, l’agriculteur doit prendre en compte plusieurs charges : 

  • Le coût de l’emprunt pour l’installation des panneaux photovoltaïques 

  • Le prix du raccordement à Enedis 

  • La contribution économique territoriale à laquelle est assujettie l’installation 

  • La prime d’assurance couvrant les panneaux 

  • Les coûts de maintenance et de nettoyage des panneaux 

 

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