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Peut-on accroître l’autonomie protéique en France ?

Produit d’importation, OGM, fluctuation des cours… le tourteau de soja est parfois critiqué pour son utilisation importante en alimentation animale.

© A. Puybasset

Léonie Dusart, responsable alimentation de l'Itavi

Oui, mais. La question se pose particulièrement pour la filière volailles de chair qui utilise plus de la moitié du tourteau de soja consommé en France, majoritairement importé.

La France dispose de nombreux moyens d’améliorer l’autonomie protéique de ses élevages : un potentiel agricole avantageux et une diversité de matières premières cultivées ou cultivables offrant autant d’alternatives à l’importation de tourteau de soja ; le développement de nouveaux traitements technologiques prometteurs (comme le blutage) améliorant le profil nutritionnel des matières premières ; un savoir-faire en nutrition et la bonne disponibilité des acides aminés libres favorisant un meilleur ajustement de la teneur en protéines des formules, conduisant par la même occasion à une réduction des rejets azotés. Mais cela suppose la mise en place de démarches de filière où les maillons s’engagent vers un objectif commun et acceptent d’en partager les coûts et les bénéfices.

Frédéric Monnier, directeur du pôle animal de la Cavac

Non. Il y a des voies d’amélioration en bovin mais cela me paraît difficile en volaille. En pondeuses, on s’oriente plutôt vers une augmentation de la dépendance protéique du fait de la mutation des cages vers les systèmes alternatifs (dégradation de l’IC avec l’accès aux parcours). En chair standard, les gains d’autonomie se feront davantage par l’amélioration des performances techniques (baisse de l’âge à l’abattage et de l’IC) que par la nutrition. L’ajout d’acides aminées et l'utilisation des tourteaux de colza/tournesol ont réduit au plus bas le taux de protéines dans les formules. En bio, on manque actuellement de matières premières protéiques (sans OGM). C’est un handicap ! Malgré les différents plans protéines nationaux, la part des protéines importées pour l’alimentation animale est restée stable. Notre capacité à produire des cultures protéiques est directement liée à notre manque de compétitivité vis-à-vis de pays comme le Brésil, qui parviennent à faire deux récoltes annuelles, et à la volatilité des parités monétaires.

 Patricia Le Cadre, Céréopa

Oui, mais. Il est possible d'améliorer l'autonomie protéique de la filière volaille et plusieurs pistes sont prometteuses (soja de France, tourteau de colza HP(1), enzymes...). Mais encore faut il le faire pour de bonnes raisons. Produire local ne nous affranchira pas des prix mondiaux et de leur volatilité. Et limiter les importations de soja brésilien n'a pas réduit notre déficit en MRP(2) puisque nous l'avons remplacé par du tournesol ukrainien très compétitif.

Par contre, à l'heure où les acteurs de la filière volaille remettent à plat leurs objectifs en terme de marché (produits et pays), il faut que les protéines végétales françaises leur permettent de répondre aux attentes actuelles et futures des consommateurs. L'indépendance protéique doit avant tout être considérée comme un levier pour améliorer la durabilité des productions animales françaises. Mais il existera  toujours des  débouchés plus rémunérateurs pour ces matières premières (exportations, alimentation humaine, chimie verte...). Une aide publique à l'utilisation en alimentation animale et/ou une contractualisation amont/aval seront un passage obligé pour que les volailles puissent capter ces protéines françaises et prendre leur part de valeur ajoutée. Cela pourrait être facilité par la prise en compte des services environnementaux et sociétaux rendus.


(1) High Pro.
(2) Matières riches en protéines.

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