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« Avec cette grippe aviaire, les métiers du foie gras vont profondément changer »

L’épizootie H5N1 généralisée aux deux bassins de production de foie gras va encore faire évoluer tous les maillons de la filière. ils n’ont pas d’autres choix que de s’adapter, estime Éric Dumas le nouveau président de l’interprofession Cifog.

J'ai totalement confiance dans les femmes et hommes du secteur avicole pour s’adapter et remettre en route nos filières.
J'ai totalement confiance dans les femmes et hommes du secteur avicole pour s’adapter et remettre en route nos filières.
© P. Le Douarin

Quelles sont les pistes de résilience pour éviter ou atténuer une cinquième épizootie ?

Éric Dumas - Il n’est pas question de baisser la garde vis-à-vis de la mise à l’abri et de la biosécurité. La question qui se pose est celle de la densité de canards dans les zones à risque au moment de la forte probabilité de présence de virus influenza. Dans le Sud-Ouest, le nombre de lots a diminué de 28 %, mais cela s’est révélé insuffisant. Il faut aller beaucoup plus loin dans certaines zones, tout en préservant les producteurs en autarcie complète. Les scientifiques nous disent que baisser le nombre de lots réduit le risque de 50 %.

En pratique, il faudra travailler « dans la dentelle », commune par commune. Plusieurs scénarios sont en réflexion, selon le principe suivant : prioriser la protection des élevages reproducteurs et des couvoirs en créant un vide autour ; dans les communes à risque s’entendre entre producteurs avicoles pour définir ceux restant vides sur une période à déterminer.

Tout cela fera l’objet d’un accord interprofessionnel étendu. Personnellement, je suis favorable à l’obligation d’être capable d’abriter toute l’année pour réagir à une alerte précoce. Quant à la vaccination, ce ne sera qu’une arme supplémentaire à plus long terme. 

Du côté de la demande, comment s’est passée la dernière saison du foie gras ?

E. D. - Le marché s’est globalement bien comporté. Année après année, le foie gras reste LE produit festif incontournable, avec 40 % des ménages acheteurs. Le caractère saisonnier des ventes ne faiblit pas, avec 75 % en décembre et presque 30 % sur la semaine 51. En revanche, la réduction de 30 % du nombre de références en hypermarchés a pénalisé les volumes.

La vente directe a bien marché (Alsace, Dordogne), mais le manque de produit a pénalisé les circuits courts du Sud-Ouest. La reprise de la restauration a été difficile par manque de convives et de foie cru (-3,8 % par rapport à 2020 et +15 % sur le transformé).

« Avec cette grippe aviaire, les métiers du foie gras vont profondément changer »

" Face à un cataclysme comme l'épizootie de grippe aviaire, l'immobilisme se paie tôt ou tard. Pour nous sauver, nous devons jouer collectif "

Aura-t-on assez de foie gras et de magret cette année ?

E. D. - Avec la Covid et la fermeture des restaurants en 2020, les metteurs en marché avaient constitué des réserves. En 2021, ces stocks ont été remobilisés suite à la baisse de la production de 30 %. Il faut donc s’attendre à une forte pénurie d’offre, dont on ne peut pour l’instant prévoir l’ampleur. Nous estimons que l’équilibre du marché français se situe à 13 à 14 000 tonnes (26-28 millions de canards). L’an dernier, la production a atteint 12000 t, contre 15 000 t en 2020 et 18 000 t en 2019. Habituellement, le bassin Sud-Ouest fournit 40 % des volumes français et le bassin Ouest 25 %.

Pour le magret, ce sera la même chose, exception faite que cette année le canard de Barbarie est également touché en Pays de la Loire. Nous allons tous en manquer toute l’année. 

Et qu’en sera-t-il du prix ?

E. D. - Avant la guerre en Ukraine, nous avions prévenu qu’il faudrait répercuter 15 % de hausse annuelle des coûts de production, suite à la hausse continue des matières premières (+22 % en un an), mais pas que (+ 6 % en caneton, + 17 % en charges de structure, + 4 % en logistique…). C’est encore plus vrai aujourd’hui où nous n’avons pas de visibilité.

La saison prochaine, le foie gras sera rare et cher. Il faut que ce message passe dans la grande distribution. Dans cette filière, nous avons un problème d’offre et pas de demande. C’est assez inhabituel dans le secteur agroalimentaire.

Curriculum

Âgé de 55 ans, Éric Dumas est le nouveau président du Cifog depuis septembre 2021, succédant à Michel Fruchet, du collège transformation, qui avait prolongé d’un an son mandat pour gérer la sortie de la troisième épizootie. Installé depuis 1987 en polyculture-élevage à Horsarrieu (Landes), Éric Dumas préside également l’organisation de production palmipède de la coopérative Euralis depuis 2014.

 

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