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Viticulture : ils plébiscitent le gobelet palissé

Le gobelet palissé est un mode de conduite qui se développe à la faveur du changement climatique. Trois vignerons l’ont adopté et témoignent de ses intérêts.

Viticulture : ils plébiscitent le gobelet palissé
© N. Viboud

Nicolas Viboud, ex-responsable d’exploitation chez Chapoutier, à Châteauneuf-du-Pape dans le Vaucluse

« Cela permet de s’adapter aux conditions climatiques »

« J’ai commencé par faire des essais de palissage sur de vieux grenaches en gobelet d’une soixantaine d’années, dans l’optique de relever la végétation. J’avais alors mis des piquets simples avec une paire de releveurs Deltex. Quand j’ai vu l’efficacité du dispositif, j’ai décidé de généraliser ce mode de conduite à toutes les plantations en gobelet. Car dans le cahier des charges, on a l’obligation de conduire le grenache en gobelet, mais il n’y a pas d’interdiction de mettre des piquets et des releveurs.

Le gobelet palissé a de nombreux avantages. Cela permet de relever la végétation en juin, pour que les grappes soient visibles et qu’on puisse les atteindre facilement lors des traitements biodynamiques. L’accès au cœur de la souche est plus facile, et il y a une meilleure ventilation.

Ce mode de conduite est également plus souple et efficace qu’un gobelet classique. Il permet de s’adapter aux conditions climatiques. J’ai mis trois niveaux de clips sur les piquets bois, ce qui donne trois niveaux de relevage différents. Avec la chaleur, on met les fils en position intermédiaire. Cela permet de réaliser des « casquettes » pour ombrager les grappes du côté couchant et éviter les échaudages. Mais on peut réagir vite et écimer au besoin. Cela facilite en outre le travail du sol car on voit les souches, et les travaux manuels, de type effeuillage, vendanges en vert, vendanges, car on ne cherche pas les grappes, on les voit. Et le mistral ne casse plus la végétation.

Nicolas Viboud installe des piquets bois, trois niveaux de clips et une paire de fils releveurs Deltex pour palisser ses gobelets.
En revanche, le gobelet palissé coûte plus cher qu’un gobelet classique. Il faut compter environ 12 000 euros par hectare pour la fourniture et la pose du palissage. Par ailleurs, cela nécessite un, voire deux passages pour relever la végétation. Et il faut les effectuer au bon moment. Si on relève trop tôt, avec le mistral, on écime en fait. Enfin, cela modifie les paysages. »

Philippe Poupat, vigneron au Domaine Poupat et Fils, à Briare, dans le Loiret

« Une meilleure maîtrise du rendement »

« Nous avons des parcelles de gamay conduites en gobelet palissé depuis des années. À l’origine, j’ai opté pour ce mode de conduite car, sur certaines parcelles, le gamay était trop productif. Le gobelet permet de mieux gérer le volume et d’éviter les excès. Et comme il s’agit d’un cépage à port semi-érigé à érigé, il nécessite un palissage.

Dans la pratique, j’ai conservé le palissage du guyot déjà en place, à savoir un fil porteur en haut et deux fils releveurs. Et j’ai transformé le guyot simple en gobelet. C’est une procédure longue et compliquée. Il faut bien réfléchir et avancer petit à petit, surtout avec les aléas climatiques qui imposent de s’adapter. Il faut entre cinq et dix ans pour transformer un guyot en gobelet.

Mais au final, ce gobelet palissé nous permet bel et bien de maîtriser les rendements. Autre atout, le gamay ayant peu de feuilles, il est facilement sensible à l’échaudage. En gobelet, il est un peu plus touffu et les grappes sont un peu mieux protégées. Nous avons également moins de casse au palissage que sur guyot, le gobelet est moins sensible au vent, les sarments sont moins fragiles. En revanche, il n’y a aucune différence au niveau du temps de travail. On gagne du temps lors du pliage, mais on en perd à couper des brindilles sur les ponts. L’un dans l’autre, ça revient au même. Et le mode de conduite semble n’avoir aucun impact sur les maladies du bois, chez nous, ça ne change rien. »

Flavien Nicolas, vigneron à Cairanne, dans le Vaucluse

« Une démarche qualitative mais qui fait aussi gagner du temps »

« Lorsque je me suis installé, j’ai récupéré des terres qui étaient désherbées chimiquement et qui avaient gelé en 2012. Du coup j’ai dû replanter ce grenache. J’ai opté pour du gobelet palissé, que j’avais déjà testé sur une petite parcelle. Du temps de mon père, le grenache était conduit en cordon de Royat palissé, mais il fallait faire tomber le raisin et être attentif à la pourriture. Je ne trouvais pas cela qualitatif.

En gobelet tout court, c’est compliqué car le cahier des charges de l’AOC cairanne impose une hauteur de feuillage d’un mètre, qui s’écroule avec le mistral, le grenache étant semi-retombant. Le gobelet palissé, que j’avais déjà vu dans le Languedoc, me paraissait donc tout à fait adapté. Cette combinaison permet de conserver une végétation haute, et les 40 premiers centimètres des sarments sont bien érigés. Ce qui évite les problèmes de taille, de casse et de dépérissement. On garde l’avantage du gobelet, à savoir la bonne résistance à la sécheresse. Le seul bémol, c’est que cela crée un léger entassement de la végétation, car le gobelet ne s’ouvre pas tant que ça.

Flavien Nicolas estime que le fait de palisser les gobelets limite les casses de végétation.
Flavien Nicolas estime que le fait de palisser les gobelets limite les casses de végétation. © F. Nicolas
En plus de l’aspect qualitatif, le gobelet palissé permet un réel gain de temps par rapport à un cordon : on n’a pas besoin d’attacher, on a moins de charpentes à ébourgeonner et pas de vendanges en vert. Cela engendre un gain de main-d’œuvre mais aussi de travail car il y a moins de casse de sarments.

Ce mode de conduite permet en outre de s’adapter à la météo. Une année pluvieuse, on écime facilement. Mais une année chaude comme cette année, on laisse retomber un peu les sarments, comme un palmier. Cela permet de conserver de l’ombre et de limiter l’échaudage.

D’un point de vue concret, j’ai de simples piquets, sans fil porteur, juste avec un niveau de releveurs. C’est simple et basique. Pour des questions pratiques, nous ne baissons pas les fils en hiver, mais uniquement au moment du premier relevage. Cela évite qu’il y ait des fils au sol. »

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