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Vinifications, le rosé dans tous ses états

Les ventes de vins rosés poursuivent leur fulgurante ascension, soutenues par l’apparition de nouvelles tendances de consommation. Voici les conseils d’œnologues pour réaliser trois types de rosés dans le vent.

© P. Cronenberger

Le marché du rosé est en pleine croissance, avec une augmentation de la consommation mondiale, en volume comme en valeur. L’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin) l’a estimée à 22,7 millions d’hectolitres en 2014, soit 10 % de plus qu’en 2013. Une progression qui s’explique par la hausse de la demande en France, mais aussi par l’explosion des échanges internationaux, avec l’apparition de nouveaux marchés tels que le Royaume-Uni, la Suède, le Canada ou encore Hong Kong. Aujourd’hui, l’observatoire mondial du rosé affirme que 40 % des bouteilles traversent une frontière avant d’être consommées.

La clé de ce succès tient à l’image même du produit, selon Michel Couderc, responsable études et économie au CIVP (Conseil interprofessionnel des vins de Provence). « Un vin simple et accessible qui fait consensus et renvoie à des valeurs très actuelles de plaisir rapide et de convivialité », explique-t-il. Quant à Michel Chapoutier, président d’Inter Rhône, il pointe surtout un changement de notre alimentation. « Le succès du rosé s’explique par l’évolution de la gastronomie et de la bistronomie. Nous consommons de plus en plus de viandes blanches et de poissons, avec lesquels le rosé convient mieux. Et ce, au détriment du rouge », observe-t-il. De son côté, Michel Couderc constate une demande croissante pour des produits plus complexes à l’instar des rosés de garde ou des effervescents. « De plus en plus d’opérateurs internationaux affichent une tendance à la segmentation avec des produits plus chers, comme cela peut se faire sur rouges ou blancs », poursuit-il.

Le boom des effervescents

Les rosés effervescents, en particulier, connaissent un véritable essor. D’après les chiffres fournis par InterLoire pour début 2016, ils représentent aujourd’hui 11 % des volumes de vins mousseux vendus en grande distribution, en France métropolitaine. Cela correspond à une hausse de 0,9 % par rapport à 2015, avec une nette progression des crémants d’Alsace et de Loire. Côté champenois, le CIVC (Conseil interprofessionnel des vins de Champagne) observe également une augmentation des ventes de rosés, et ce, alors même que leur prix reste en moyenne 20 % supplémentaire à celui d’un champagne classique. Ce phénomène est d’ailleurs encore plus frappant à l’export avec une hausse de 6,28 % des volumes exportés entre 2000 et 2015. Poussée par ce marché porteur, la Provence continue quant à elle d’œuvrer à la mise en place d’une AOC côtes-de-provence effervescent.

Sur le plan des vins tranquilles, de grandes évolutions semblent là aussi se dessiner avec l’émergence de nouveaux moments de convivialité autour de rosé on Ice (à servir avec des glaçons) ou de BABV (Boissons aromatisées à base de vin), dont 85 % sont produites à base de rosé. Ces dernières ont connu une croissance fulgurante ces dernières années avec notamment l’apparition du rosé pamplemousse. Cependant, Michel Couderc souligne un ralentissement des ventes en 2015. « Il semble que ce marché soit finalement arrivé à maturité », observe-t-il. Pour autant, 32 % des Français affirment consommer des BABV au moins une fois par mois, selon le dernier baromètre Gallo. Quant aux rosés on Ice, ils sont plébiscités par 34 % des consommateurs, en majorité dans la tranche des 26-35 ans. « Ces vins ont eux aussi connu une véritable progression. Néanmoins, nous manquons encore du recul sur ce marché. Aujourd’hui, les opérateurs qui ne veulent pas aller sur les BABV privilégient ce type de produits, ou les rosés doux. L’enjeu est de monter en intensité aromatique pour rester dans la course face aux nouveaux segments », souligne Frédéric Partaix, responsable solutions sensorielles chez Vivelys, membre du groupe Oeneo. Le succès des rosés doux est lui aussi au rendez-vous, malgré une progression moins exponentielle. À noter tout de même la prédominance sur ce marché du cabernet d’Anjou, qui représente à lui seul 60 % des volumes de rosés AOP produits en Val de Loire.

Enfin, les consommateurs semblent aujourd’hui attirés par un profil de rosés de gastronomie, plus complexes, allant parfois jusqu’à l’élevage sous bois. De plus en plus de vignerons se positionnent sur ce « marché de niche en développement », d’après Michel Couderc. « Il est très difficile de le quantifier mais on peut estimer qu’en Provence, ils sont passés de 1 % des opérateurs il y a quelques années, à 10 ou 15 % aujourd’hui », commente-t-il. Une chose est sûre, entre tradition millénaire et modernité, le rosé ouvre le champ des possibles.

"Nous consommons de plus en plus de viandes blanches et de poissons, avec lesquels le rosé convient mieux"

 

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