Aller au contenu principal

Plou & Fils livrent leurs vins en direct

À Chargé, près d’Amboise en Indre-et-Loire, les vignerons Mathieu et Guillaume Plou ont intégré le service de livraison des vins aux clients. Une logistique bien rodée conçue comme un service attaché à la vente directe et un outil de fidélisation.

À la tête de Plou & Fils, Mathieu et Guillaume Plou misent sur la vente directe aux particuliers. Elle représente 90 % du chiffre d’affaires. Intégrer la livraison s’est imposé comme un axe essentiel de cette stratégie. Les deux frères ont perfectionné un principe initié par leurs parents.

L’idée est de pouvoir livrer les clients conquis sur la Normandie, le Nord, l’Est et à Paris. Les Plou cumulent 11 salons sur ces zones géographiques. S’y ajoutent 2 salons belges. Un mardi sur deux, un camion part pour la Normandie. L'autre mardi, il dessert le Nord. Le grand Est est livré une fois par mois sur 3 jours. Pour Paris, c’est aussi le jeudi. Les livraisons parisiennes se sont instituées au départ pour la restauration.

Ce service mobilise deux salariés. Jean-Louis s’est formé pour livrer sur Paris. Il alterne cette mission à mi-temps avec les travaux à la vigne ou en cave. Franck prend en charge les autres régions sur un plein-temps. Les clients hors zones de salon sont livrés par transporteur.

Une organisation solide pour optimiser les coûts

La montée en puissance des livraisons directes a accompagné l’agrandissement du domaine : 50 ha quand Mathieu Plou a rejoint son père sur le domaine en 1997 ; 80 ha quand Guillaume est arrivé sur l’exploitation en 2008 ; 110 ha en 2020. Déléguer la gestion des livraisons s'est imposé. Les deux frères assurent tout de même encore des livraisons à proximité.

Le système requiert une organisation bien huilée. Dès qu’une commande est prise, le plus souvent par téléphone, elle est notée sur un bon de commande et rangée dans un tiroir correspondant à la zone géographique concernée. La veille de la livraison, Franck ou Jean-Louis récupèrent les commandes dans les tiroirs et préparent leur tournée. Ils doivent bien prendre en compte tous les paramètres : adresse, horaire pour éviter les encombrements, souhait du client, temps de livraison à calculer en fonction du volume commandé et du type de client, poids total à transporter… Ils appellent tous les clients pour prévenir de l’horaire de livraison et trouver des solutions en cas d’absence. Des reports sont envisagés en cas de surcharge du véhicule ou à l’inverse, lorsque la rentabilité du déplacement n’est pas assurée. Mathieu Plou estime que le seuil minimum est de 60 caisses en prenant en compte le coût du véhicule, le carburant, les frais d’autoroute, le salaire. L’acheminement est confié à un transporteur en cas d’urgence.

Les livreurs au cœur de la relation client

Bien que le domaine cultive la polyvalence de ses employés, le remplissage du camion fait partie du boulot de celui qui livre afin d'assurer la cohérence avec l’ordre de livraison. C’est un point crucial pour l’efficacité !

Lors de la livraison, le livreur récupère le paiement en échange de la facture car Plou & Fils permet de ne payer qu’à réception de la commande. C’est un point très apprécié par les clients. Un minimum de 180 euros de commande est tout de même demandé pour la gratuité de la livraison. Jean-Louis et Franck prennent éventuellement le temps de discuter. « Le livreur est notre premier commercial », souligne Mathieu Plou. Il peut informer d’une nouveauté, de la vie du domaine, recueillir d’éventuelles remarques ou souhaits des clients. Cette personnalisation du lien serait impossible avec un prestataire extérieur. « Pour le client, se faire livrer par le vigneron ça change tout ! », s’enthousiasme Mathieu Plou en soulignant la force du lien établi avec les clients.

Une clientèle à entretenir et fidéliser

En quarante ans, les Plou se sont constitué un fichier de 12 000 clients. La fidélité est entretenue par deux mailings postaux par an, adaptés aux salons fréquentés par les clients. Les Plou veulent garder le papier, jugé plus efficace et qualitatif que les mails, noyés dans la masse des messages numériques et inadaptés pour une partie de leur clientèle.

De nouveaux clients se gagnent sur les salons mais aussi via les clients eux-mêmes, qui font des commandes groupées entre famille ou amis. Les visiteurs oenotouristes dans le Val de Loire sont une autre source. La possibilité de livraison leur est signalée si le personnel du caveau.

Le poids de la vente directe implique une forte disponibilité

« On a choisi le particulier mais c’est 7 jours sur 7, de 9h à 19 h 30, 363 jours par an. Certains clients restaurateurs appellent la veille à 19h. On rajoute la commande ! Nous répondons au téléphone jusqu’à 20h », prévient Mathieu Plou. Mais ce choix de la vente directe permet de proposer des rapports qualité-prix attractifs. « Nous calculons avec précision les coûts de production pour pouvoir justifier nos prix." La proximité avec les clients implique de modifier les prix avec prudence mais pousse à évoluer sans cesse. « Nous nous remettons en question chaque année. On voit ce qui a bien ou moins bien marché, ce que veulent les gens… » Ces dernières années, les Plou ont développé les vins d’apéro dînatoires, fruités, souples, rafraîchissants et avec pour certains une touche de sucre résiduel appréciée des jeunes.

Un système de livraison appelé à s'adapter

D’ici quatre ans, Jean-Louis, l’expert des livraisons parisiennes, va partir à la retraite. « Il va falloir qu’on anticipe pour reformer un livreur, ça ne va pas être facile de trouver quelqu’un qui fasse tout ce qu’il fait aujourd’hui : partir très tôt le matin, avoir un bon relationnel avec les clients, optimiser les parcours… », s’inquiète Mathieu Plou. Un autre sujet sensibilise les deux frères : « Les nouvelles générations ne stockent rien, et achètent pour boire le soir même. Les cavistes, les commerces de proximité et les épiceries fines sont des points de vente d’avenir. Mais l’autre problème est que ces jeunes aiment changer de vin. Les cavistes doivent avoir un roulement. » Demain, le système de livraison peut fournir aussi ce créneau de distribution mais pour l’instant il est absent de la distribution des vins Plou & Fils. Cette année, le domaine a exposé au Salon des vins de Loire et à Wine Paris pour développer la clientèle cavistes mais aussi l’export. Ils lancent un sauvignon sans sulfites ajoutés et une méthode ancestrale en partie dans ce but.

Le concessionnaire, un véritable partenaire

« Un lien étroit avec le concessionnaire est indispensable », tient à souligner Guillaume Plou. Les deux frères disposent d’une camionnette en propre et de deux camionnettes en location longue durée sur deux ans. Le contrat permet un dépannage rapide et une mise à disposition d’un véhicule en cas de panne ou d’accident. Les Plou préfèrent payer plus cher mais disposer de cette sécurité afin d’assurer le respect des engagements de livraison. Le PTAC des véhicules est inférieur à 3,5 t. Un camion obligerait à une logistique plus contraignante du fait des temps d’arrêt exigés sur le trajet. Il serait aussi moins maniable, un handicap majeur pour livrer à Paris et en zone urbaine. Ils réfléchissent d’ailleurs à un utilitaire moins haut car il ne passe pas dans certains tunnels à Paris ce qui oblige à des détours. « Ça pourrait faire gagner 10 ou 15 minutes. » Tous les détails comptent !

repères

Plou & Fils

Localisation Chargé (Indre-et-Loire)

Surface 110 ha

Appelations AOP touraine, AOP touraine amboise, AOP crémant de loire, IGP val de loire

Cépages sauvignon blanc, chenin, chardonnay, gamay, cabernet franc, malbec, grolleau

Effectifs 2 cogérants, 14 salariés permanents + saisonniers

Production 300 à 350 000 bouteilles + BIB

Distribution 90 % particuliers ; 7 à 8% CHR ; 2 à 3% export.

Les plus lus

Le Skiterre se compose de deux grands skis qui assurent le contrôle de la profondeur et de la position de la lame.
« Le Skiterre, un outil intercep simple et productif »
Vignerons en Anjou, Nicolas et Christophe Moron se sont équipés d’un outil de travail du sol intercep Skiterre.
Vigneron plantant une nouvelle parcelle avec des pieds de Pinot noir dans la vallee de la Marne en AOC Champagne.Droit de plantation.
Quand FranceAgriMer exaspère les viticulteurs

FranceAgriMer joue un rôle essentiel dans l’attribution des aides. Face aux dossiers chronophages, aux contrôles…

Pellenc - Un robot à chenilles dans les vignes

Pellenc dévoile un robot à chenilles pour les vignes, le RX-20.

Le Dyna-Drive est un outil de travail du sol auto-animé réalisant un mulchage en superficie.
« Le Bomford Dyna-Drive est un outil interrang entre le rolofaca et le rotavator »

Jérôme O’Kelly utilise depuis quatre ans un outil de travail du sol auto-animé.

Chargement d'un camion citerne de la coopérative viticole CRVC (Coopérative régionale des vins de Champagne) enlèvement d'une cuvée chez un vigneron adhérent durant les ...
Vin en vrac acheté à prix abusivement bas : que peut changer la condamnation de deux négociants bordelais

En pleine crise viticole, un jugement se basant en partie sur un article issu de la loi Egalim vient de condamner deux…

Taille de la vigne avec le sécateur électrique viticole sans fil Mage Sam 25, fonctionnant avec batterie au Li-ion, à Mâcon, dans les vignes du Vitilab, en octobre 2022
Lutte contre le gel : « Il faut réserver la taille tardive aux parcelles viticoles les plus gélives et pas trop chétives »

Benjamin Bois, chercheur à l’institut universitaire de la vigne et du vin Jules Guyot, en Bourgogne, a travaillé sur la taille…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole