Parfum de Loire, la rose aux couleurs du rosé de Loire
Il y avait Madame Meilland, Pierre de Ronsard, il y a désormais Parfum de Loire, une rose à la couleur et au parfum du rosé de Loire. Issue d’une amitié entre un vigneron et un rosiériste. À planter sans modération.
Il y avait Madame Meilland, Pierre de Ronsard, il y a désormais Parfum de Loire, une rose à la couleur et au parfum du rosé de Loire. Issue d’une amitié entre un vigneron et un rosiériste. À planter sans modération.
Dites-le avec une rose, oui, mais une rose Parfum de Loire ! Depuis 2022, les vignerons peuvent choisir de planter des rosiers à la couleur et au parfum de l’appellation rosé de Loire. L’initiative est née d’une amitié entre Jean-Marie Gazeau, président de l’AOC et de Jean-Loup Pohu, dirigeant des pépinières Chastel, rosiériste à Doué-la-Fontaine, en Maine-et-Loire, premier bassin de production de rosiers en France. Les deux hommes sont amis depuis leurs études.
« J’aimais bien l’idée de collaborer avec les acteurs du territoire angevin, précise Jean-Marie Gazeau. Les roses font partie du patrimoine régional, tout comme la vigne. En discutant avec Jean-Loup, j’ai trouvé que la notion de terroir prenait tout son sens en associant les deux. » La recherche d’une nouvelle variété a ainsi commencé.
Plusieurs milliers de rosiers ont été greffés
Avec six autres pépiniéristes, les pépinières Chastel font partie d’une structure d’édition qui travaille en lien avec des hybrideurs pour tester et multiplier de nouvelles roses. « Nous avons trouvé un rosier issu d’une hybridation de l’obtenteur Jean-Marc Pineau, qui cochait toutes les cases : elle a un parfum incroyable et une couleur identique à la robe du vin », s’enthousiasme Jean-Loup Pohu. Le nouvel hybride a été porté en commun sur les fonts baptismaux : il s’appellera Parfum de Loire.
Plusieurs milliers de rosiers ont été greffés et près d'un millier a été acheté par les viticulteurs de la région : en buisson ou en haute tige (70 cm de haut), un format plus adapté aux bouts de rangs de vigne lorsque l’entretien du sol est mécanique. « C’est un rosier très polyvalent qui peut s’adapter à tous les territoires », affirme le rosiériste qui commercialise la variété dans toute la France. Un greffage sur un porte-greffe adapté aux zones calcaires peut même être demandé à condition de s’y prendre un peu à l’avance.
Un impact paysager positif pour l’embellissement du territoire
« La rose est devenue un emblème pour l’AOC rosé de Loire et un bel outil de communication », se réjouit Jean-Marie Gazeau. Faire sentir la rose peut constituer une première entrée dans le monde des terroirs et des vins, pour ceux qui n’en boivent pas ou pas encore. Des rosiers en pot ont aussi été envoyés aux journalistes, avec des retombées intéressantes. « C’est un moyen de nous différencier parmi les rosés secs français », souligne le vigneron.
Si la vigne et les rosiers sont liés au moins depuis l’arrivée des maladies cryptogamiques, le rosier joue moins le rôle de plante sentinelle puisque les variétés modernes ont été sélectionnées sur leur résistance aux pathogènes. Et que les vignerons disposent d’autres outils pour anticiper l’arrivée des maladies. L’initiative des rosés de Loire a pu donner un coup de pouce à un retour des rosiers dans les vignes, avec un impact paysager positif pour l’embellissement du territoire.
Pour sa part, Jean-Marie Gazeau a choisi d’associer une rose avec un cépage, sur un parcours de découverte en cours de finalisation dans un domaine viticole qu’il a repris à Durtal, au nord d’Angers. En juin prochain, les roses seront en fleur et les visiteurs pourront découvrir une rose blanche au cœur jaune au bout des rangs de sauvignon, une rose jaune aux parfums de miel pour le chenin… et des rosiers Parfum de Loire, associés avec le grolleau noir et le grolleau gris. Pour une découverte à la fois visuelle, olfactive et gustative.
Vigne et rose, deux filières parallèles
Comme pour la vigne, la production de roses démarre avec le travail des obtenteurs qui sélectionnent de nouvelles variétés en pollinisant une rose « mère » avec le pollen d’une rose « père », au pinceau. Les hybrides obtenus sont ensuite confiés à des éditeurs, qui en assurent le développement, puis à des pépiniéristes spécialisés (les rosiéristes) qui greffent et multiplient les rosiers. Avant d’arriver dans les vignes ou les jardins.