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Le sucre testé pour lutter contre les maladies de la vigne

Le fructose et le saccharose activent des gènes de défense de la vigne. Mais l’emploi de microdoses de sucre pour lutter contre les pathogènes n’a pas donné pleinement satisfaction lors des premiers essais.

Le sucre pulvérisé en infradose pour la protection de la vigne contre les maladies, montre des résultats intéressants bien qu’hétérogènes.
© Chones/fotolia.com

Dans le cadre du projet Casdar Sweet, des chercheurs ont tenté de déterminer l’intérêt de pulvériser des infradoses de sucre dans un but de protection des cultures. En vigne, les résultats pointent quelques effets intéressants, mais les rendus sont très hétérogènes, quelles que soient les cibles. « Nous avons mené des essais sur les infradoses de sucres à 100 ppm, soit 10 g/ha, mais aussi à des doses de 2 x 100 ppm et 2 x 500 ppm », explique Arnaud Furet, technicien en viticulture à l’ADABio Savoie-Bugey-Dauphiné. Des tests qui ont porté sur mildiou dans un premier temps, en association avec du cuivre. Le plus souvent il s’agissait de fructose, mais aussi de saccharose ou encore des deux associés. Le technicien en a dégagé des observations intéressantes mais pas de réponse homogène selon les cépages testés, dans son cas sur gamay et jacquère. Des différences ont été observées selon le cuivre utilisé, avec une bonne amélioration d’efficacité sur le Kocide, un hydroxyde de cuivre, mais une perte d’efficacité avec d’autres cuivres comme la bouillie bordelaise classique (ce résultat a été validé sur site en Savoie, Beaujolais et Diois sur plusieurs années). Il n’a pas été noté d’amélioration avec Funguran, un autre hydroxyde.

Le fructose est le meilleur candidat pour lutter contre le mildiou

En forte pression, cela donne une efficacité inférieure à celle du cuivre à 400/500 g/ha. Mais à pression modérée, le résultat est équivalent. « Cela à condition de prendre la précaution de bien réaliser les applications le matin avant 9 heures solaires », précise le technicien. D’autres essais comparables ont été réalisés en Aquitaine sur merlot et permettent aux chercheurs de tirer plusieurs conclusions. Notamment que l’intérêt des infradoses de sucre est d’autant plus important que la pression mildiou est faible, et que l’augmentation des doses de sucres ou leur mélange n’apporte pas d’intérêt, voire diminue l’efficacité. Mais aussi que le fructose semble être le meilleur candidat contre le mildiou et qu’il existe un effet cépage, le gamay donnant des résultats toujours plus intéressants. « Je suis un peu perplexe, mais surtout frustré de ces recherches, admet Nicolas Aveline, référent biocontrôle à l’IFV. Il manque quelques années de résultats pour pouvoir conclure sereinement sur l’effet des sucres sur le mildiou. » Sur le black-rot, ces mêmes essais ont montré qu’il y avait une tendance à perdre de l’efficacité sur grappe en appliquant des sucres toute la saison (associés au cuivre) alors que ce n’est pas le cas pour les symptômes sur feuille. « En conséquence, si on est en situation à risque black-rot, peut-être vaut-il mieux réserver les applications de sucres associés au cuivre en début de saison jusqu’à la nouaison et arrêter cette association ensuite », commente Arnaud Furet.

Une méthode simple pour diminuer la pression de cicadelles

Des essais ont également été conduits en Provence et en Savoie pour évaluer l’application des sucres sur la cicadelle vectrice de la flavescence dorée. Selon l’année, trois ou quatre applications ont été pulvérisées sur les vignes au stade jeune larve, époque correspondant au premier traitement obligatoire. Le tout à des doses de 0,1 ou 0,5 g/l, avec du fructose et/ou saccharose associé ou non à un pyrèthre naturel. Dans certains cas, les sucres ont montré une efficacité, somme toute très hétérogène. Ce qui n’a pas permis non plus de tirer de conclusions. « Toutefois, on pourrait imaginer utiliser les sucres dans les zones où le traitement n’est pas obligatoire, pour faire baisser la pression du vecteur, lance Marc Chovelon, de l’Itab. Même si l’efficacité n’est pas régulière c’est mieux que rien, ça ne coûte pas cher et c’est sans danger. »

 

Éric Maille, conseiller viticole à Agrobio Périgord

Les résultats semblent intéressants sur eudémis

Actuellement nos essais portent plutôt sur le saccharose. Dans la thématique des sucres, nous continuons également à travailler avec le miel, qui donne aussi des résultats intéressants. L’idée est d’essayer d’envoyer un message à la plante pour qu’elle se défende en cas d’attaque. Ces infradoses de sucre ont été travaillées sur eudémis. On obtient des résultats qui semblent intéressants sur la G2. En revanche sur la G3 l’efficacité n’est pas améliorée. Parfois même, une augmentation des dégâts est constatée.

Les sucres activent les gènes de défense de la vigne

En parallèle des essais de terrain, Sophie Trouvelot à l’Inra de Dijon a voulu voir s’il y avait des effets physiologiques sur la vigne, dus à l’application des sucres. Plus précisément, elle a mesuré les réactions immunitaires, caractérisées par l’induction des gènes de défense de la plante. Et elle a conclu que le fructose est capable d’activer ces gènes de défense. « Mais attention, l’activation du gène ne veut pas forcément dire résistance », précise la scientifique. Le fructose seul n’a d’ailleurs pas entraîné de résistance induite à la dose de 100 ppm. En revanche les mélanges fructose/saccharose et fructose/glucose ont permis dans son laboratoire d’assurer une protection sur mildiou équivalente à 30 %.

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