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Etude
L’Anses a planché sur les alternatives à l’utilisation du cuivre en agriculture

L’Anses a réalisé une étude sur l’utilisation d’alternatives chimiques et non chimiques aux produits à base de cuivre intitulée « Cartographie des utilisations des produits phytopharmaceutiques à base de cuivre en France en considérant leur application en agriculture biologique et conventionnelle ». Il en ressort que trouver des alternatives n’est pas chose aisée.

rapport anses
L’utilisation de produits cupriques est courant en agriculture, notamment pour le traitement des vignes.
© P. Cronenberger

Un certain nombre de produits phytopharmaceutiques à base de cuivre sont autorisés en protection des plantes contre diverses maladies en agriculture biologique et en agriculture conventionnelle. L’approbation du cuivre en tant que substance active a été renouvelée par le règlement d’exécution (UE) n° 2018/1981. Elle est valable pour une période de sept ans allant du 1er  décembre 2019 au 31 décembre 2025. Cette période est réduite par rapport à celle de la plupart des autres substances actives car le cuivre a été approuvé en tant que substance active candidate à la substitution, rappelle l'Anses dans son étude "Cartographie des utilisations des produits phytopharmaceutiques à base de cuivre en France en considérant leur application en agriculture biologique et conventionnelle".

Les produits cupriques sont utilisés en protection des végétaux contre diverses maladies, dans différentes filières agricoles. Pour une même maladie ciblée et un même mode de production, la quantité de produit appliquée peut varier en fonction des zones géographiques et de la pression ou l’intensité de la maladie. Les utilisations des produits phytopharmaceutiques à base de cuivre sont donc susceptibles de présenter une forte variabilité entre les régions et entre les cultures ou systèmes de production.

Une situation plus complexe pour les filières biologiques

L’Anses explique qu’une exploration préliminaire de la littérature, l’audition d’experts filières ainsi que l’examen des alternatives en termes de produits de biocontrôle issues de données des fermes Dephy ont permis de dresser un premier état des lieux sur l’utilisation des alternatives chimiques et non chimiques au cuivre. Les principales conclusions sont les suivantes :

  • l’obstacle principal à la réduction de l’utilisation du cuivre en agriculture apparaît comme étant la faible disponibilité d’alternatives au cuivre apportant un niveau de protection comparable, en dehors des produits de synthèse autorisés en agriculture conventionnelle ;
     
  • l’utilisation des produits de biocontrôle permettrait de diminuer les quantités de cuivre apportées pour les traitements phytosanitaires. Cependant, leur efficacité limitée ne permettrait pas de se substituer complètement au cuivre ;
     
  • les produits de biocontrôle alternatifs au cuivre restent peu utilisés dans les dix dernières années, y compris dans des fermes accompagnées dans des objectifs de réduction de l’usage des produits phytosanitaires ;
     
  • la situation est plus complexe pour les filières biologiques car en agriculture conventionnelle des substances actives chimiques existent présentant un niveau d’efficacité comparable et même supérieur à celui du cuivre. Cependant, le retrait de certaines de ces substances contribuerait à faire augmenter la place du cuivre dans les filières conventionnelles également ;
     
  • on peut s’attendre à ce que l’augmentation attendue de la part de surfaces en cultures biologiques, notamment dans le cadre du programme « Ambition 2022 », accroisse le besoin de trouver des solutions alternatives au cuivre ;
     
  • les alternatives reposent sur la combinaison de différentes méthodes dans une logique de reconception des systèmes de cultures. L’adoption de systèmes de cultures plus économes en intrants peut nécessiter un accompagnement technique des agriculteurs à travers le développement et la mise à disposition d’outils d’aide à la décision et de formation pour faciliter la transition ;
     
  • la résistance variétale occupe une place importante dans la conception des systèmes économes en cuivre ;
     
  • l’adoption d’alternatives au cuivre peut entraîner des contraintes liées aux coûts de mise en œuvre et aux demandes des acteurs des filières ou des consommateurs pour les produits des cultures qui sont issus de leur utilisation.

L’Anses explique que les résultats de cette cartographie ont mis en évidence des disparités entre les filières et les modes de production agricoles en termes de dépendance au cuivre, en tenant compte des quantités utilisées et considérant le peu d’alternatives disponibles actuellement, en particulier pour l’agriculture biologique. Selon elle, « les conséquences d’une éventuelle restriction supplémentaire des usages du cuivre ou d’une interdiction de cette substance en protection des cultures dépendront non seulement de la dépendance de la filière concernée mais également des contraintes techniques et socio-économiques liées à l’adoption des alternatives actuelles et en cours de développement. Le travail réalisé est une première étape pour traiter ces questions et ouvre des pistes d’intérêt pour la suite notamment sur la faisabilité d’une limitation accrue du cuivre ou de sa substitution et les impacts associés, en particulier de nature socio-économique, pour les filières concernées ».

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