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Santé mentale des agriculteurs
« La troisième révolution agricole n’est pas silencieuse, elle est douloureuse »

Soumis à des injonctions contradictoires, et à l’incertitude (climatique notamment), les agriculteurs sont engagés dans une troisième révolution agricole source de mal-être selon Daniel Lenoir, coordinateur national de la feuille de route sur le suicide en agriculture.  

mal-être, suicide chez les agriculteurs
© Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

Si le problème n’est pas nouveau dans le secteur, Daniel Lenoir estime que la 3e révolution agricole peut être source de mal-être pour les agriculteurs. « La deuxième révolution était relativement simple avec comme message de produire plus. La troisième révolution agricole, elle, n’est pas silencieuse, elle est douloureuse. Aujourd’hui l’agriculteur est face à de la complexité, avec une charge mentale importante », a exprimé le coordinateur national de la feuille de route sur le suicide en agriculture, le 15 juin lors de la journée organisée par les Chambres d’agriculture sur le mal-être chez les agriculteurs. Alors que durant la deuxième révolution, l’agriculture avait surtout besoin d’un accompagnement technique, aujourd’hui les agriculteurs ont davantage besoin d’accompagnement médicosocial, « face à l’incertitude, aux injonctions contradictoires et à la charge mentale », selon Daniel Lenoir.

D’où la nécessité de mettre en œuvre rapidement la feuille de route présentée officiellement le 23 novembre dernier.


Retard dans la mise en œuvre de la feuille de route suicide

Selon Daniel Lenoir, la mise en place effective de la gouvernance départementale préconisée par cette feuille de route n’est pour l’heure effective que dans un département sur deux : « ça a pris un peu de temps mais ça se met en place », reconnaît-il. Dans une note adressée aux réseaux départementaux le 10 juin, le coordinateur national a insisté pour que les comités techniques se mettent rapidement en place dans chaque département. Une fois ces comités constitués, les noms des quatre principaux référents le constituant devront être remontés au coordinateur : un référent santé mentale et prévention du suicide désigné par l’Agence régionale de santé (ARS), un référent accompagnement économique désigné par la direction départementale des territoires (DDT), un référent social désigné par la MSA et un référent prévention des risques professionnels désignés par la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS).

Recensement des sentinelles par la MSA

Quand ces comités techniques seront tous créés, la MSA va pouvoir recenser les sentinelles dans chaque département, et organiser les réseaux de sentinelles en lien avec l’ARS. Daniel Lenoir se fixe comme objectif : 5000 sentinelles d’ici un an. Ces sentinelles seront formées pour connaître leur rôle et leurs modalités d’intervention face à un agriculteur en détresse via un programme piloté par la MSA. « Les vétérinaires, les conseillers, les techniciens, et même les experts comptables peuvent être des sentinelles » souligne Daniel Lenoir. Mais il prévient « ce n’est pas un métier d’être sentinelle, c’est un engagement volontaire, personnel ».

Dans sa note, Daniel Lenoir a aussi demandé aux Associations régionales de santé d’activer un système de veille sanitaire pour voir les éventuelles conséquences des crises agricoles (économiques, sanitaires…) sur le risque de mal-être et le risque suicidaire en agriculture.

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