« Je n’en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs » : Sandrine Rousseau suscite l'indignation
En déclarant n'avoir « rien à péter de la rentabilité des agriculteurs » le 11 juillet lors d’une interview pour Le Média, la députée écologiste Sandrine Rousseau a généré une large levée de boucliers au sein du monde agricole.
En déclarant n'avoir « rien à péter de la rentabilité des agriculteurs » le 11 juillet lors d’une interview pour Le Média, la députée écologiste Sandrine Rousseau a généré une large levée de boucliers au sein du monde agricole.

Le 11 juillet, lors d’une interview pour Le Média, Sandrine Rousseau, députée écologiste, a fustigé la loi Duplomb – qui inclut notamment la controversée réautorisation de l'acétamipride – en lâchant cette formule choc : « J’en ai rien à péter de leur rentabilité. La rentabilité de l’agriculture par des produits chimiques… ce n’est pas de la rentabilité, c’est de l’argent sale ».
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Le contexte : radicalité et charges environnementales
Cette déclaration survient alors que la question du revenu de la profession agricole reste un sujet brûlant : le revenu net de la branche agricole (en euros constants) a baissé d’environ 40 % en 30 ans, et près d’un chef d’exploitation sur cinq vit sous le seuil de pauvreté selon l'Insee.
Sur X, les réactions ne se sont pas fait attendre de la part des politiques et des représentants des syndicats agricoles. La ministre de l'Agriculture Annie Genevard a jugé les propos de Sandrine Rousseau « indignes d’une élue de la République ». « Nos agriculteurs méritent respect et reconnaissance, pas le mépris », a affirmé la ministre. Les présidents des trois salons agricoles Jérôme Despey (Salon International de l'Agriculture), Jacques Chazalet, (Sommet de l'Elevage) et Didier Lucas (SPACE) ont dénoncé dans un communiqué commun la « sortie médiatique » de l'élue. « La diatribe est plus grave car elle oscille entre le déni, la moquerie, la méconnaissance et le mépris », regrettent les présidents.
Nos agriculteurs méritent respect et reconnaissance, pas le mépris.
Les propos de @sandrousseau — « je n’en ai rien à péter de leur rentabilité » — sont indignes d’une élue de la République.
Je défends ceux qui nourrissent la France avec courage.https://t.co/wcp3sXGoFE— Annie Genevard (@AnnieGenevard) July 16, 2025
Les présidents de 3 grands salons agricoles – #SIA, #SPACE & #SommetElevage – ont réagi aujourd’hui aux propos de Sandrine Rousseau. Une prise de parole forte du monde agricole face à des déclarations jugées haineuses. #Agriculture #SandrineRousseau pic.twitter.com/pW7f567ugL
— Salon International de l'Agriculture (@Salondelagri) July 16, 2025
.@sandrousseau, vous "n’en avez rien à péter de la rentabilité des agriculteurs" qui feraient de "l’argent sale" ?
Savez-vous seulement de qui vous parlez ?
Des femmes et des hommes qui bossent 70h/semaine pour nourrir ce pays, pendant que vous méprisez leur travail depuis un…— Arnaud Rousseau (@rousseautrocy) July 16, 2025
🔴🔴 EN DIRECT : ”Madame Rousseau a posé le débat” - Patrick Legras, porte-parole de la Coordination Rurale
Il est grand temps de mettre tout le monde autour de la table : avec les écologistes, les industriels, et surtout avec les politiques courageux ! Chacun doit écouter le… pic.twitter.com/Pwx2eppNVs— Coordination Rurale (@coordinationrur) July 16, 2025
Au cœur du débat : rentabilité ou écologie ?
Sandrine Rousseau assume une « écologie de rupture ». Elle dénonce un système dans lequel, selon elle, la rentabilité s'atteint au détriment de la préservation du sol et de la biodiversité, en soulevant des problèmes de santé publique, notamment en raison du recours aux pesticides.
La députée n'est pas la seule à avoir condamné ce qu'elle considère comme un retour en arrière sur les questions environnementales. De nombreux élus et scientifiques ont exprimé leurs craintes que la loi Duplomb implique des retombées négatives. La Confédération paysanne a elle aussi fait connaître son opposition à cette loi.
Les agriculteurs en première ligne : leurs réponses sont économiques
Mais pour certains responsables agricoles, l'urgence est ailleurs. Face aux chiffres alarmants de l'Insee et à l'augmentation des suicides, étroitement liée à la détresse économique, ils plaident pour un allègement de contraintes liées à l'environnement. La réintroduction de l’insecticide acétamipride permettrait par exemple selon eux de rattraper les retards de rentabilité des betteraviers français et de rester compétitifs face aux agriculteurs européens. Même discours concernant une simplification des procédures pour mettre en place des infrastructures de stockage de l'eau.
L’agriculture, un pilier de l’économie française
Ces responsables syndicaux considèrent également que l'accès à des moyens de production contestés pour leurs impacts environnementaux est indispensable à la souveraineté alimentaire française et au maintien du rôle économique de l’agriculture.
Début juillet, l’Insee revoyait fortement son estimation du PIB agricole en annonçant une chute en 2024 de 11,7% après un recul de 7,8% en 2023 et une hausse de 12,3% en 2022.