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Interdiction du glyphosate : clash entre Julien Denormandie et Jean-Luc Mélenchon

Le ministre de l’Agriculture s’est emporté à l’Assemblée nationale contre Jean-Luc Mélenchon à l’occasion de l’examen d’une proposition de loi de la France Insoumise voulant interdire le glyphosate en France.

Julien Denormandie
Julien Denormandie a accusé Jean-Luc Mélenchon d'avoir menti dans un tweet à propos de ses déclarations sur le glyphosate.
© Capture d'écran Assemblée nationale

« Soit vous avez un problème fondamental avec la vérité soit vous prenez les Français pour des imbéciles, c’est une honte ! Vous avez menti sur les réseaux sociaux », s’est emporté Julien Denormandie jeudi 13 janvier dans l’hémicycle contre Jean-Luc Mélenchon. Le contexte : l’examen de la proposition de loi visant à interdire le glyphosate lors de la journée parlementaire du groupe La France insoumise. En cause : un tweet posté par le député et candidat à la présidentielle durant la séance attribuant à Julien Denormandie la citation suivante « Recourir au glyphosate, c’est préserver l’environnement. Dire le contraire, c’est du simplisme ».

« Quelle a été ma phrase ? », s’est emporté le ministre de l’Agriculture après avoir eu connaissance du tweet. Et de poursuivre « voici la phrase que j’ai prononcée : « et on voit donc bien là que deux objectifs environnementaux viennent se confronter : biodiversité et lutte contre le changement climatique. C’est clairement complexe et cela empêche tout simplisme » ».

Le ministre de l’Agriculture reprenait ainsi une partie de sa réponse au groupe La France Insoumise (LFI) qui souhaitait par cette proposition de loi interdire l’usage du glyphosate en France. Selon les dires de son rapporteur Loïc Prud’homme, LFI justifiait ce texte par une hausse des ventes du pesticide en France en 2020, qualifiant la France de « championne d’Europe de l’utilisation du glyphosate ».

« Nous sommes favorables à l’arrêt du glyphosate, lorsqu’il existe d’autres solutions réalistes, c’est-à-dire viables économiquement et cohérentes en matière environnementale », a rappelé le ministre de l’Agriculture dans l’Hémicycle. « Ce que la France a accompli avec la révision des autorisations de mise sur le marché, par exemple, les autres États membres de l’Union européenne ne l’ont pas fait. Aussi avons-nous l’intention de défendre ces décisions au niveau européen, à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union », a-t-il poursuivi.

La complexité du vivant a un visage, c’est celui de l’agriculture de conservation

Face à une proposition de loi de LFI qu’il juge « simpliste » le ministre de l’Agriculture a notamment pris l’exemple de l’agriculture de conservation qui a recours au glyphosate. « La complexité du vivant a un visage, c’est celui de l’agriculture de conservation. En effet, elle capte le CO2, elle fait des agriculteurs des soldats du climat et elle prolonge la vitalité des sols. Allez sur le terrain, voir des carottes issues de sols cultivés en agriculture de conservation ! Des générations d’agriculteurs ou d’ingénieurs agronomes, comme moi, y ont été formées. Or, n’en déplaise à certains, elle nécessite de désherber, précisément pour ne pas avoir à labourer. Pour l’heure, nous ne disposons pas de solution pour le faire », a-t-il détaillé. « Allez-vous demander aux agriculteurs d’aller dans les champs désherber à la binette ? Soyons sérieux. Allez-vous leur proposer, comme j’ai pu le lire, de recourir à l’électrification des sols ? Certes, cela pulvérise les mauvaises herbes, mais regardez à quoi ressemblent les vers de terre que l’on trouve dans les prélèvements effectués après une électrification », a-t-il encore lancé.

Par ailleurs contredisant le député Loïc Prud’homme, Julien Denormandie a affirmé que la moyenne triennale des quantités de glyphosate vendues a été, en 2020, à son niveau le plus faible depuis la période 2009-2011. « Nous sommes parvenus à stopper une hausse ininterrompue depuis dix ans. Grâce à la révision des AMM (autorisations de mise en marché, ndlr), les quantités utilisées devraient diminuer de 50 %. Un peu plus d’un tiers des exploitations se passent d’ores et déjà du glyphosate ; un autre tiers a commencé à réduire son utilisation, selon une enquête réalisée en 2019 », a-t-il déclaré.

Sans surprise la proposition de loi de la France insoumise n’a pas été adoptée.

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