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Euroviti, quatre enseignements sur le sol viticole

L’IFV a profité du Sival pour organiser son colloque Euroviti sur la thématique du sol. L’occasion de faire le point sur les différents essais en cours.

Vigne de champagne en hiver, munie d'un paillage pour couvrir le sol, fait avec de la paille de blé épandue. Moyen d'entretenir le sol (limite la pousse des herbes ...
Le paillage de la vigne avec de la paille de blé peut fonctionner, à condition que le terrain soit bien propre en amont.
© X. Delbecque

Quelle est l’opération la plus efficace pour augmenter le taux de matière organique des sols ?

C’est, sans conteste, l’apport d’amendements organiques. Pour répondre à cette question et arriver à ce résultat, Jean-Yves Cahurel, ingénieur au pôle Bourgogne-Beaujolais-Jura-Savoie de l’IFV, a adapté le modèle AMG (simulant l’évolution du stock de carbone organique du sol) – utilisé en grandes cultures –, à la vigne et l’a déployé sur plusieurs essais du réseau IFV. Restitution des bois de taille, apport de déchets verts, travail du sol, enherbement permanent, apport de compost du commerce, apport de fumier bovin, enherbement de l’interrang avec des engrais verts et apport de compost de marc, effectués sur tous types de sols, ont ainsi été passés à la moulinette.

Sans surprise, ce sont les apports d’amendements organiques qui ont la meilleure action sur le relèvement du taux de matière organique du sol. « C’est l’opération à privilégier si l’on souhaite redresser rapidement son taux de matière organique », a appuyé Jean-Yves Cahurel. Les engrais verts jouent eux aussi un rôle non négligeable, mais sont à employer « pour un petit redressement du taux ou pour entretenir le taux de matière organique », a poursuivi l’ingénieur, avant de souligner que les couverts végétaux ont d’autres intérêts collatéraux. Il a également pointé l’importance du type de sol, les différents apports n’ayant pas le même impact sur un sol sableux ou un sol crayeux par exemple. L’outil de simulation développé par Jean-Yves Cahurel est intégré dans l’outil Ges & Vit de l’IFV mais n’est pas disponible seul.

Le paillage est-il une solution pour gérer les adventices ?

Oui, dans certaines conditions. C’est ce qui ressort de travaux de l’Astredhor (institut des professionnels du végétal) et de l’IFV. Les deux organismes de recherche ont travaillé de concert sur cette solution alternative et établi que le paillage pouvait être une bonne alternative au désherbage à condition que le sol soit nu, préparé, que l’épandage soit de 5 à 10 cm d’épaisseur au départ. Les chercheurs ont par ailleurs observé qu’une grande vigilance était nécessaire quant à la qualité de la paille afin d’éviter les repousses de blé. Selon Florent Banctel, ingénieur territorial viticulture à la chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire ayant également mené des essais sur le sujet, le paillage permet de diminuer la température du sol par rapport à un sol nu et même à un sol avec une plante couvre-sol de type Thymus. L’amplitude thermique est également moindre, tout comme le stress hydrique. Ce faisant, le paillage permet une meilleure efficience de l’arrosage sur les plantations tardives et de très bons taux de reprise, comme l’a rapporté Estéban Fortin, ingénieur viticulture-œnologie à l’IFV pôle Val de Loire-Centre.

 

 
Energie renouvelable .  Présentation d'un échantillon de miscanthus broyé après récolte. Chimie verte . Carbone d'origine végétale . Alternative à la ...
Le paillage de miscanthus est plus facile à épandre que la paille, les brins étant moins longs. © Réussir SA

En revanche, les zones infestées de liseron, chardon ou encore érigéron ne se prêtent pas à ce type d’itinéraire, ces adventices perçant rapidement la couche de paille. En outre, tous les chercheurs ont observé que la logistique d’épandage de la paille est complexe. « Il faut trouver un approvisionnement de qualité, puis disposer de suffisamment d’espace pour stocker l’équivalent de 15 tonnes par hectare de paille, sachant que c’est un produit facilement inflammable », ont-ils noté.

Pour conclure, Florent Banctel a indiqué que le paillage du cavaillon était à réserver à des vignes où le désherbage mécanique n’était pas possible. « L’approvisionnement en paille est compliqué et cher, a-t-il martelé. Le paillage attire les rongeurs et c’est compliqué avec des complants : il faut les munir de manchons de protection avant l’épandage afin de ne pas les abîmer. » Il a estimé les temps de travaux à 70 heures par hectare en plein et à 30 heures par hectare pour le cavaillon.

Miscanthus ou blé, que privilégier en paillage ?

Tout dépend des besoins et de la situation. On l’a vu, Florent Banctel n’a pas été convaincu par la paille, dont il faut renouveler la couche tous les ans, ce qui impacte trop (à la hausse) le rendement de la vigne. Dans les essais menés par la chambre d’agriculture, le paillage de miscanthus a néanmoins donné de meilleurs résultats. « Le paillage a bien tenu même si un peu de liseron et quelques chardons se sont développés, assure l’ingénieur, et l’épandage à la machine est possible. » En revanche, il a prévenu que le taux d’azote des moûts diminuait au bout de trois ans. Un viticulteur ligérien, Florent Lemoine, a témoigné de l’intérêt du miscanthus par vidéo interposée. « J’ai épandu une couche de 10 cm il y a cinq ans sur le cavaillon, puis j’ai ajouté 10 à 15 cm l’année suivante, a-t-il rapporté. Depuis, je n’y touche plus et ça n’a pas bougé. C’est très compact et dur à percer. » Pour l’épandre, il a bricolé une benne à vendange. Le système, comme l’itinéraire, lui donnent totale satisfaction.

Quelle plante couvre-sol implanter sur le cavaillon ?

Aucune. C’est le triste constat qui découle des nombreux essais menés par la chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire. L’organisme a testé une dizaine de variétés : mélange de sédum, saponaire des rochers, piloselle, Veronica cantiana, Thymus polytrichus, Thymus longicaulis, plantain corne de cerf, Phuopsis stylosa, Lippia nodifloria, fétuque ovine. Mais aucune ne conjugue un bon taux de couverture du sol, une croissance rapide et une faible concurrence pour la vigne. À titre d’exemple, la piloselle a une vitesse d’implantation trop lente et disparaît au bout de sept ans. Le Thymus longicaulis recouvre 97 à 99 % du cavaillon mais provoque une baisse du rendement de la vigne de 40 %, assortie d’une chute du poids des bois de taille et de l’azote assimilable. De son côté, le Phuopsis stylosa n’occupe que 40 % maximum du cavaillon ; la fétuque ovine diminue le taux d’azote assimilable par la vigne. Quant à la saponaire des rochers, elle met trois ans à s’implanter.

« Sur le cavaillon, toutes les espèces sont concurrentielles, a donc conclu Florent Banctel. Aucune ne ressort du lot. » Il a par ailleurs noté que l’implantation d’un couvert sur le rang complique la gestion des complants, et que le semis de ces espèces est complexe (hydroseeding ou manuel) et coûteux. Pour lui, l’une des solutions serait d’installer une plante couvre-sol (de type thym par exemple) sur le cavaillon et d’y associer des engrais verts sur l’interrang pour compenser la concurrence azotée. Un itinéraire à tester…

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