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Des barriques hybrides pour préserver le fruité dans les vins

Pour bénéficier de l’apport du bois sans impacter l’aromatique des vins, les tonneliers proposent désormais des barriques hybrides. Voici ce qu’en pensent les utilisateurs.

La barrique Alma, dont le socle est en céramique, est appréciée par les domaines qui présentent des vins en primeur car elle marque très peu les vins.
La barrique Alma, dont le socle est en céramique, est appréciée par les domaines qui présentent des vins en primeur car elle marque très peu les vins.
© T. Hernandez

Au château Pape Clément, en Gironde, cela fait une dizaine d’années qu’une réflexion sur les contenants est menée. « On croit beaucoup aux vertus du bois pour l’élevage de nos blancs. Ce que cela confère en termes d’opulence, de complexité et de potentiel de garde nous intéresse, mais on ne veut pas marquer aromatiquement nos vins », pose Jeanne Lacombe, la directrice technique.

Une « explosion de fruit » dès les premiers mois d’élevage avec Alma

Le château multiplie pour cela les types de contenants : barriques grand format (320 litres, 400 litres, 500 litres), foudres (de 8 à 20 hl), œufs béton, grès… Et depuis cette année, il met à l’épreuve Alma, la barrique de 405 litres composée de bois et de céramique, mise au point par la tonnellerie Baron. Si l’élevage des sauvignons, qui durera quatorze mois, n’en est qu’à ses débuts, Jeanne Lacombe se montre pour le moment satisfaite de l’évolution des vins. « Je dirais que c’est un rendu à mi-chemin entre la barrique et la céramique. On est sur un profil réducteur, mais pas autant qu’avec le grès, avec une perception boisée fondue et une précision aromatique surprenante », indique-t-elle. Malgré une faible proportion de céramique, l’acidité et la minéralité apportées par ce matériau sont palpables. « En ce moment avec les barriques, on est en pleine prise de bois. Avec Alma, c’est une explosion de fruit », poursuit la directrice technique.

Elle y voit l’opportunité d’apporter de nouvelles nuances au château Pape Clément blanc, mais aussi un atout lorsqu’il faudra présenter les vins en primeur. Un intérêt qui n’a pas échappé à Thomas Hernandez, œnologue au château Meyney, également en Gironde. Après tout juste deux mois d’élevage de ses vins rouges, loin d’être une conclusion définitive, il constate une réelle différence par rapport aux barriques 100 % bois. « Avec Alma, on n’est pas encore sur la prise de bois. Il y a un meilleur respect du fruit, ce qui donne des vins potentiellement plus faciles à boire », explique le maître de chai. Il indique d’ailleurs qu’il privilégiera probablement les vins issus de ce contenant lorsque les premiers acheteurs se manifesteront pour déguster le millésime 2021 au printemps prochain.

Un investissement comparable à celui d’un foudre

« Outre l’aspect technique, Alma est un contenant très esthétique, un argument supplémentaire pour un château comme le nôtre qui développe de plus en plus l’œnotourisme et les visites de chai », ajoute Thomas Hernandez. Seul bémol, une fois remplie, il est quasiment impossible de bouger la barrique Alma, le socle céramique étant fragile. « Il faut donc bien réfléchir à l’endroit où on la met avant d’entonner », glisse-t-il.

Le château Pape Clément songe pour sa part à élargir ses essais avec une seconde barrique Alma lors des prochaines vendanges, qui accueillera cette fois des sémillons. « On envisage aussi d’en prendre deux autres pour les vinifications intégrales en rouge. Même si je redoute un peu le décuvage », pointe-t-elle. À 3 000 euros la pièce, et une partie bois à changer a priori au bout de trois ans, l’investissement lui semble raisonnable. « Je compare par rapport à un foudre car on a un peu le même type d’équipements annexes, comme le robinet ou la possibilité de mettre des drapeaux. Pour le nettoyage, on utilise la canne Moog comme pour nos barriques, donc il n’y a pas d’investissement supplémentaire. Ça fait un coût équivalent, voire un peu moins cher », calcule Jeanne Lacombe.

Un contenant original pour une cuvée exclusive

L'Eggonum mixe chêne et inox et permet aux domaines qui utilisent traditionnellement de l'inox de se familiariser avec le bois.

Dans la Marne, c’est sur l’Eggonum, la barrique mi-chêne mi-inox de la tonnellerie Vicard, que le choix de Benoît Nowack, vigneron au champagne Nowack Layour, s’est porté il y a deux ans. « Au domaine, on n’a que des cuves inox. On cherchait un contenant original pour vinifier et élever notre parcelle de chardonnay de 1965, la première plantée avec ce cépage dans le village », explique Benoît Nowack. Un contenant atypique pour raconter une histoire, et qui ne soit pas en rupture totale avec les habitudes du domaine, c’est ce qui a guidé le vigneron dans sa décision. Lorsqu’il était étudiant, il se rappelle avoir mené une étude pour son rapport de stage dans laquelle 70 % des répondants avaient indiqué préférer les vins avec peu de notes boisées.

La barrique hybride, dans laquelle il élève son vin de base neuf mois durant, lui a donc semblé être la plus adaptée à ses besoins. « Je voulais un contenant de forme ovoïde pour avoir les lies fines en mouvement. Cette cuvée présente davantage de rondeur, de densité et de fruit que celles en inox. L’apport de notes boisées est minime », relate le vigneron. L’Eggonum se destine surtout aux cuvées haut de gamme, car il est commercialisé 11 485 euros en format 10 hl. Il n’a pas eu besoin d’acheter du matériel de nettoyage spécifiquement pour ce contenant. Finalement, Benoît Nowack ne regrette pas son investissement. « Les clients sont au rendez-vous », se réjouit-il.

voir plus loin

Une barrique en mode couteau suisse

Un ou deux fonds modulables, à choisir entre inox, chêne ou polymères, c'est le concept proposé par la société S.Delafont Barrels.

Un seul contenant qui s’adapte aux besoins du vin, c’est le concept proposé par la société S. Delafont Barrels. Le spécialiste des barriques 100 % inox, fait évoluer sa gamme avec la possibilité d’ajouter des fonds modulables en chêne ou en polymères. « Avec un ou deux couvercles en chêne, on a une surface de contact réduite et un apport boisé très léger. On peut ainsi maîtriser le bois au lieu de le subir », relate Thibault Combes, technico-commercial chez S.Delafont Barrels.

Et pour les vins qui nécessitent simplement un peu d’oxygène sans apport aromatique, le couvercle en polymère existe en trois perméabilités. La barrique Origine, dont seul un couvercle est amovible, est commercialisée 1 620 euros HT. La barrique Aging, dont les deux couvercles sont amovibles, est pour sa part proposée au tarif de 1 590 euros HT. Présentées au Sitevi, les barriques n’ont pour le moment pas encore été testées sur le terrain.

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