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Déléguer l’accueil œnotouristique

Depuis deux ans, le domaine Lamé-Delisle-Boucard a donné carte blanche à l’agence Val de Loire Travel pour ouvrir son domaine aux touristes. Une solution qui donne toute satisfaction.

Philippe Boucard (à droite) laisse Mario Tirelli de Val de Loire Travel disposer du foudre qu'il a aménagé en espace de pique-nique sur le mont Sigou.
© C. Gerbod

Le domaine Lamé-Delisle-Boucard est situé sur la célèbre appellation bourgueil à Ingrandes-de-Touraine en Indre-et-Loire. Tout en étant désireux d’accueillir les visiteurs qui se présentent, il n’est pas structuré pour proposer de véritables activités œnotouristiques. « Pour des petites structures comme les nôtres, c’est compliqué. Il faut être ouvert le week-end et les jours fériés, savoir parler au moins l’anglais… Nous n’aurions pas assez de visiteurs pour financer un poste qualifié consacré à l’œnotourisme. Cela peut vite dériver du point de vue financier », analyse Philippe Boucard. Avec sa sœur, sa femme et son beau-frère, il est à la tête de ce domaine familial. Ils vendent l’essentiel de leurs vins aux restaurateurs et cavistes.

Tout en étant proche de châteaux réputés, le vignoble de Bourgueil n’est pas sur un flux touristique. « Il est difficile de faire payer des prestations tandis que le pari de se rémunérer avec la vente de bouteilles est hasardeux. D’autant plus que les touristes ne peuvent pas forcément acheter et transporter beaucoup de bouteilles », résume Philippe Boucard. Le domaine s’est tout de même investi dans l’œnotourisme : sanitaires, panneaux pour un circuit de visite, essai de prestation avec le restaurateur voisin, week-ends caves ouvertes dans le cadre de l’appellation… Mais il tâtonnait pour trouver la solution idéale. Le domaine venant d’être certifié bio, Philippe Boucard voulait se concentrer sur ses vignes et ses vins.

Un domaine dimensionné pour des visites sur mesure

La rencontre avec Mario Tirelli par relations familiales, il y a deux ans, est tombée à point. Le jeune homme était en train de fonder Val de Loire Travel, une agence proposant des tours thématiques dans le vignoble et les châteaux de la Loire. Les Boucard lui ont proposé de devenir leur prestataire attitré pour l’œnotourisme de leur domaine.

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Mario a les clés et toute liberté pour y amener les clients, y compris les week-ends et jours fériés. C’est une étape qu’il aime programmer dans son offre « vignobles du Val de Loire » mais aussi dans ses « packs châteaux » ou ses excursions thématiques. Il a fait du domaine sa botte secrète grâce à deux endroits très privilégiés, aménagés avec charme et inventivité par Philippe Boucard : l’exceptionnelle cave en tuffeau ainsi que les vignes du Mont Sigou dotées d’un foudre converti en lieu de pique-nique et d’une table d’orientation.

« En amenant mes clients au domaine, je sais que la partie est forcément gagnée », se réjouit Mario Tirelli. Dans l’un ou l’autre de ces lieux, le jeune entrepreneur organise un déjeuner avec de vrais assiettes et verres, à base de produits locaux et accompagné des vins du domaine. Il lui arrive aussi d’organiser une dégustation plus poussée et de faire visiter le chai. Il s’adapte aux envies de ses clients, à l’instinct de ce qui va leur faire plaisir et à la météo !

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« Mario s’est intéressé à notre métier. Il a fait les vendanges. Il sait parler des travaux de la vigne et du vin. Mais en grande majorité les groupes ne veulent pas rentrer dans la technique. Ils veulent voir des beaux lieux, passer un bon moment. Si Mario tombe sur un œnologue, j’essaye de me rendre disponible », détaille Philippe Boucard.

La souplesse et la confiance comme mode de fonctionnement

Si lui ou les autres personnes du domaine croisent des visiteurs, c’est l’occasion de répondre à quelques questions ou d’accepter une photo avec les touristes. La souplesse convient très bien au domaine. La fréquence des visites peut aller d’une à six ou sept fois par semaine. Val de Loire Travel se coordonne avec Patricia Boucard, femme de Philippe, qui est chargée de l’administratif. Elle met à disposition les bouteilles pour la dégustation ou le déjeuner selon la formule. « Elle est présente au bureau en permanence. Elle peut accueillir les clients de passage au caveau mais n’aurait pas le temps de les emmener dans les vignes ou à la cave », précise Philippe Boucard.

Cette solution ouvre le domaine aux très nombreux visiteurs étrangers du Val de Loire, d’autant plus que Mario Tirelli parle quatre langues.

« Il ne faut avoir qu’un seul prestataire, conseille Philippe Boucard car sinon gérer un planning devient trop compliqué. » La confiance est évidemment totale entre Mario Tirelli et le domaine.

Philippe Boucard conçoit cette collaboration comme une opération de relations publiques « qui ne coûte pas cher ». « Chaque accueil dans un domaine sert l’ensemble du Val de Loire ». Il facture les bouteilles mais pas de tarif par visiteur sauf exception. Si des bouteilles sont achetées, c’est un plus. « Cela peut même déboucher sur des contacts pour l’export par bouche-à-oreille ou s’il y a un pro dans les visiteurs. »

Pour le domaine, cette collaboration est un gain de temps. « On ne veut pas se disperser au détriment du reste. Je ne veux pas me bloquer un week-end si je suis obligé d’aller traiter. Cela permet aussi de préserver notre qualité de vie. »

Mais ce que Philippe Boucard ne délèguera jamais, c’est bien sûr l’accueil des professionnels.

En grande majorité, les groupes ne veulent pas rentrer dans la technique

repères

Le domaine Lamé-Delisle-Boucard

Surface 46 hectares

Appellations bourgueil, touraine, crémant

Mode de culture agriculture biologique

Effectifs 4 personnes de la famille, 4 salariés permanents + saisonniers.

Production 200 000 bouteilles

Ventes cavistes, restauration, 8 à 10 % au caveau

Avis expert : Mario Tirelli, fondateur de Val de Loire Travel

« Les clients ne se sentent pas des numéros"

Organiser des prestations sur mesure est le créneau choisi par ce jeune franco-italien. Il a reçu en février 2019 un Bacchus de l’œnotourisme dans la catégorie Vente de produits œnotouristiques lors du dernier salon des vins de Loire.

Sa clientèle est essentiellement étrangère, surtout américaine. Il facture ses produits à partir de 189 euros par personne. Pour ses wine tours « qui sont en plein boom », il s’assure qu’il y aura un contact direct d’au moins une heure avec un vigneron parmi les trois domaines visités dans la journée. Il se construit un petit réseau sur les différentes appellations pour pallier le manque de disponibilité des vignerons. Il évite « les domaines ultra-équipés où l’accueil est confié à des stagiaires inexpérimentés car cela perd de sa saveur ». L’adaptation est permanente car les publics sont extrêmement variés. « Ils ne se sentent pas des numéros ». Même flexibilité dans ses relations avec les vignerons. « Il n’y a pas vraiment de règles pour la tarification de l’accueil ». Il tient à ce que les relations restent simples, basées sur les rapports humains avec la petite part d’improvisation que ça implique parfois.

Pragmatique, il vient de débuter un nouveau service né de la demande d’un client. Il peut désormais proposer un tarif d’expédition de bouteilles à l’étranger via un prestataire. Il cherche la meilleure façon de suggérer l’idée à ses clients mais sans insistance.

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