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Crise du vin : "Les prédateurs ne sont pas nombreux mais ils font mal"

Jacques Gravegeal, président du syndicat des vins IGP pays d’oc, appelle les metteurs en marché à jouer le jeu de la valorisation face à une récolte 2024 qui s’annonce qualitative mais peu quantitative. Interview.

Pour Jacques Gravegeal, la crise de la viticulture ne vient pas tant du poids des stocks que des prix maintenus artificiellement bas par les metteurs en marché.
Pour Jacques Gravegeal, la crise de la viticulture ne vient pas tant du poids des stocks que des prix maintenus artificiellement bas par les metteurs en marché.
© Syndicat des vins IGP pays d'oc

Les vendanges se terminent dans l’aire des IGP pays d’oc, quel premier bilan peut-on tirer à chaud ?

Les viticulteurs parlent peu, si ce n’est pour dire qu’ils ont une récolte difficile. Certains accusent des baisses de rendement de 20 %, d’autres estiment 60 %. Il faudra attendre le mois de décembre pour avoir les chiffres officiels, mais on sera peut-être en dessous des dernières estimations (10,6 millions d’hectolitres pour le bassin Languedoc-Roussillon, contre 11,1 l’an dernier). Au sud, la sécheresse continue d’affecter les vignes. Au nord c’est l’inverse, les forts cumuls de précipitations ont fait exploser les attaques de mildiou. Entre les deux, la vigne semble accuser le coup physiologiquement des aléas climatiques récurrents depuis 2019.

Craignez-vous que cela enfonce encore davantage la filière dans la crise ?

Le problème, pour moi, c’est avant tout la valorisation. Ce qui tue les rouges, c’est de voir des bouteilles sous signe officiel de qualité à 1,65 euro. Tous les jours, les gens voient ces prix ! La grande distribution pinaille pour deux centimes. Alors qu’avec une hausse de seulement 15 centimes par col, la viticulture française serait sauvée. Et par la même occasion les paysages, le tourisme et l’économie locale. Les prédateurs ne sont pas nombreux mais ils font mal. Alors même que le consommateur n’est pas en attente de prix cassés. Une preuve en est la baisse tendancielle des achats à moins de 5 euros/col. Il faut que la filière, unie de la production jusqu’au négoce, s’arc-boute sur cette idée.

Ainsi vous ne cautionnez pas la politique actuelle d’arrachage ?

L’arrachage est une décision personnelle, qui est souvent motivée par le manque de revenu. Il n’aurait pas lieu d’être si l’aval jouait le jeu de la valorisation. D’ailleurs les premières surfaces primées ont disparu et nous n’avons pas ressenti de tension du marché pour autant. En attendant, le dispositif est lancé et nous avons décidé de prendre les devants en Occitanie avec la Safer pour protéger au mieux l’outil de production, et sauver ce qui peut l’être. Une sorte de bourse d’échange nous permettrait de raisonner l’arrachage, en sauvant les bonnes parcelles. Celles qui ont été primées pour être restructurées, par exemple, car j’entends d’ici venir la vindicte populaire nous accusant de demander les aides pour planter puis de nouveaux financements pour arracher ensuite.

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