Aller au contenu principal

la minute vin
Coopérative viticole : un engagement très encadré

Adhérer à une société coopérative viticole implique d’accepter des règles spécifiques. Nathalie Tourrette et Matthieu Chirez, avocats experts du droit vitivinicole chez JP Karsenty & Associés nous rappellent les enjeux juridiques de cet engagement.

Cave coopérative des vignerons de Puisseguin saint émilion en Gironde durant les vinifications et vendanges 2017, nettoyage du chai
Un engagement en coopérative est souscrit pour une durée déterminée. Des pénalités sont prévues en cas de non respect des quantités à livrer.
© Clara de Nadaillac

Nathalie Tourrette et Matthieu Chirez, avocats experts du droit vitivinicole chez JP Karsenty & Associés

Quelles sont les particularités de l’engagement coopératif ?

Les sociétés coopératives agricoles sont soumises à des règles spécifiques que l’on retrouve dans leurs statuts, qui doivent être conformes aux statuts types, approuvés par arrêtés ministériels.

Tout viticulteur qui adhère à une coopérative se trouve ainsi lié à celle-ci à un double titre : il est à la fois associé et fournisseur de la coopérative, ce qui explique qu’il soit dénommé « associé coopérateur ».

Comment se traduit le lien entre le coopérateur et la coopérative ?

L’adhésion entraîne l’obligation pour le viticulteur d’apporter la totalité des produits de son exploitation ou des parcelles engagées pour une durée déterminée, généralement comprise entre cinq et quinze ans, qui se renouvelle ensuite par tacite reconduction pour des périodes de cinq ans.

Pour concrétiser son engagement, le viticulteur est tenu de souscrire un nombre de parts sociales correspondant à son engagement d’apports. La détention de parts sociales est fondamentale, car elle établit la qualité d’associé coopérateur.

De son côté, la coopérative doit donner au viticulteur, lors de son adhésion, une information sur les valeurs, les principes, ainsi que sur le fonctionnement de la coopérative. Également, lors de l’adhésion et à l’issue de chaque assemblée générale, la coopérative doit mettre à la disposition de l’adhérent un document récapitulatif de son engagement (capital souscrit, durée d’engagement, modalités de détermination et paiement des récoltes, date d’échéance de l’engagement et modalités de retrait…).

Qu’est-ce qu’implique un non-respect des engagements de la part du coopérateur ?

Étant engagé pour une durée déterminée, l’associé coopérateur doit respecter son engagement d’apport statutaire jusqu’à son terme. À défaut, il s’expose à des sanctions prévues par les statuts consistant en une indemnisation pour les frais fixes restant à la charge des associés coopérateurs du fait des quantités de raisins non apportées et en une pénalité correspondant à un pourcentage de la valeur des quantités non livrées. Ces sanctions peuvent être multipliées par le nombre d’exercices au cours desquels l’associé coopérateur aura manqué à ses engagements.

L’associé coopérateur ne peut donc se retirer de la coopérative qu’au terme de son engagement en respectant un préavis, et non quand bon lui semble. La coopérative peut exceptionnellement accepter un retrait anticipé en cas de force majeure ou de motif valable dûment justifié.

Céder ou donner à bail son exploitation est-il un motif de rupture de l’engagement de l’associé coopérateur ?

Lorsque l’associé coopérateur envisage de céder ou de donner à bail son exploitation, il doit respecter un formalisme précis ayant pour but d’informer le cessionnaire que l’exploitation est engagée dans une coopérative et le mettre en mesure de reprendre l’engagement d’apport.

En pratique, l’associé coopérateur doit proposer le transfert de ses parts sociales au nouvel exploitant et notifier à la coopérative la mutation dans les trois mois de celle-ci. La notification doit s’accompagner de la preuve de la proposition des parts sociales et de la réponse du nouvel exploitant. Si le nouvel exploitant accepte de reprendre les parts sociales et que la coopérative ne s’y oppose pas, celui-ci devient associé coopérateur et poursuit l’engagement d’activité du cédant. Si le nouvel exploitant est déjà adhérent de la coopérative, le fait de reprendre des parts sociales à la suite d’une mutation correspond à un agrandissement de son exploitation et ne modifie donc pas sa durée d’engagement.

Que se passe-t-il en cas de refus de la coopérative ou du nouvel exploitant ?

Si la coopérative refuse l’admission du nouvel exploitant, le cédant est délié de ses engagements et aucune sanction ne peut être prononcée contre lui.

En revanche, si le nouvel exploitant refuse les parts sociales, le cédant ne peut se retirer de la coopérative qu’en cas de motif valable et s’il a l’accord de celle-ci. À défaut, il s’expose aux sanctions statutaires comme en cas de retrait anticipé.

L’associé coopérateur a donc tout intérêt à respecter la procédure en cas de cession ou de mise à bail s’il veut pouvoir transmettre son exploitation sereinement.

Les plus lus

Le Skiterre se compose de deux grands skis qui assurent le contrôle de la profondeur et de la position de la lame.
« Le Skiterre, un outil intercep simple et productif »
Vignerons en Anjou, Nicolas et Christophe Moron se sont équipés d’un outil de travail du sol intercep Skiterre.
Vigneron plantant une nouvelle parcelle avec des pieds de Pinot noir dans la vallee de la Marne en AOC Champagne.Droit de plantation.
Quand FranceAgriMer exaspère les viticulteurs

FranceAgriMer joue un rôle essentiel dans l’attribution des aides. Face aux dossiers chronophages, aux contrôles…

Pellenc - Un robot à chenilles dans les vignes

Pellenc dévoile un robot à chenilles pour les vignes, le RX-20.

Le Dyna-Drive est un outil de travail du sol auto-animé réalisant un mulchage en superficie.
« Le Bomford Dyna-Drive est un outil interrang entre le rolofaca et le rotavator »

Jérôme O’Kelly utilise depuis quatre ans un outil de travail du sol auto-animé.

Chargement d'un camion citerne de la coopérative viticole CRVC (Coopérative régionale des vins de Champagne) enlèvement d'une cuvée chez un vigneron adhérent durant les ...
Vin en vrac acheté à prix abusivement bas : que peut changer la condamnation de deux négociants bordelais

En pleine crise viticole, un jugement se basant en partie sur un article issu de la loi Egalim vient de condamner deux…

Taille de la vigne avec le sécateur électrique viticole sans fil Mage Sam 25, fonctionnant avec batterie au Li-ion, à Mâcon, dans les vignes du Vitilab, en octobre 2022
Lutte contre le gel : « Il faut réserver la taille tardive aux parcelles viticoles les plus gélives et pas trop chétives »

Benjamin Bois, chercheur à l’institut universitaire de la vigne et du vin Jules Guyot, en Bourgogne, a travaillé sur la taille…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole