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Comment lutter efficacement contre le black-rot en viticulture biologique ?

Pour maîtriser le black-rot en viticulture bio, la réussite passe par des traitements associant du cuivre et du soufre dès réceptivité de la vigne.

Les symptômes de black-rot sur feuille sont très caractéristiques.
Les symptômes de black-rot sur feuille sont très caractéristiques.
© IFV Cognac

« La projection des ascospores responsables des contaminations primaires du black-rot peut débuter avant le débourrement », avertit d’emblée Xavier Burgun, de l’IFV Cognac. Autant dire que cette maladie nécessite de l’anticipation. De plus, la durée d’humectation nécessaire aux contaminations est dépendante des températures qui sont, dans ce contexte de réchauffement climatique, de plus en plus favorables dès le début de campagne.

« Il n’existe pas à ce jour de fongicide homologué en bio sur black-rot qui fonctionne seul », poursuit Xavier Burgun. Deux spécialités associant deux formes de cuivre (oxychlorure et hydroxyde de cuivre) sont homologuées, mais il est impératif d’y ajouter du soufre. La stratégie de protection contre le black-rot est en effet basée sur la synergie des deux matières actives. Les doses de cuivre et de soufre sont à adapter en fonction du stade de la vigne, de la sensibilité des cépages et surtout de l’historique de la parcelle.

De l’importance d’une protection précoce

Sur une parcelle sensible, la protection doit ainsi s’envisager dès la sortie des premières feuilles, à hauteur de 100 à 150 g/ha de cuivre métal et 4 à 5 kg/ha de soufre pur. Si la parcelle a un historique récent, il faut augmenter les doses, en comptant 150 à 200 g/ha pour le cuivre et 6 à 8 kg/ha pour le soufre. Cette protection précoce est très importante, car une fois les symptômes apparus les doses nécessaires pour juguler le black-rot vont jusqu’à 400 à 450 g/ha de cuivre et 7 à 10 kg de soufre.

 

 
Si l'on n'anticipe pas les attaques, l'installation du black-rot sur grappe peut induire de sévères pertes de rendement.
Si l'on n'anticipe pas les attaques, l'installation du black-rot sur grappe peut induire de sévères pertes de rendement. © IFV Cognac

 

« Pour protéger la vigne contre le black-rot en bio, il ne faut pas raisonner uniquement mildiou et oïdium, et commencer la protection plus tôt, si besoin, sur les parcelles à historique », résume Thierry Tricot, conseiller technique en viticulture bio à Bio Nouvelle-Aquitaine.

La prophylaxie ne montre que peu d’effet quelle que soit la pression

En cas de sensibilité de la parcelle ou de forte pression, il est possible de diminuer l’inoculum primaire en éliminant les restes de grappes ou de vrilles lors de la taille, en ne gardant que les rameaux indemnes de chancres noirs, voire en sortant les sarments et restes des parcelles en cas de fortes contaminations.

Selon une expérimentation conduite par la chambre d’agriculture du Rhône, ces mesures n’auraient qu’un effet limité en situation de forte pression et quasi nul si la pression est faible. Et surtout, remarque Éric Maille, expert viticulture biologique à AgroBio Périgord, « ce sont des opérations chronophages pour peu de bénéfices, sachant que le black-rot peut également se conserver sur les sarments voire sur l’écaille des bourgeons ».

Un programme intitulé « zéro black-rot », piloté par l’IFV et l’Inrae, a pour objectif d’identifier des produits de biocontrôle actifs contre le black-rot. Les premiers résultats des essais conduits en 2021 et 2022 montrent l’intérêt de solutions à base de bicarbonate de potassium et de phosphonate de potassium, avec un renfort d’efficacité lorsque ces solutions sont appliquées avec du soufre. L’expérimentation se poursuit en 2023. À noter que si le bicarbonate de potassium est autorisé en bio, ce n’est pas le cas des phosphonates.

comprendre

Les conditions idéales de contamination sont une présence d’eau libre au niveau du végétal et des températures de 20 à 27 °C, même si elle reste possible sur une plage bien plus large de 9 à 32 °C. Le feuillage de la vigne est réceptif à Guignardia bidwellii depuis la sortie des premières feuilles jusqu’à quelques jours après la floraison. Lorsque la croissance de la plante s’arrête, on n’observe plus d’attaque, excepté sur les repousses. Les jeunes feuilles en phase de croissance sont plus sensibles que les feuilles adultes. La grappe est très vulnérable du stade floraison jusqu’au stade fermeture. Le black-rot apprécie tout particulièrement les organes jeunes, les vrilles.

Témoignage : Éric Berthonnaud, vigneron en Charente

« Je ramasse les vrilles, sarments et grappes tombés au sol »

 

 
Éric Berthonnaud, vigneron en Charente, met la prophylaxie au cœur de sa stratégie de lutte contre le black-rot.
Éric Berthonnaud, vigneron en Charente, met la prophylaxie au cœur de sa stratégie de lutte contre le black-rot. © E. Berthonnaud

« La protection vis-à-vis du black-rot commence, sur les parcelles à historique de mon exploitation, par la prophylaxie. Je suis équipé d’un broyeur récupérateur pour ramasser les vrilles, sarments et grappes tombés au sol. En saison, je commence tôt la protection dès le stade 2 à 3 feuilles en associant du cuivre, 250 à 300 g/ha pour commencer, avec 4 kg de soufre/ha et j’augmente les doses de soufre jusqu’à 6 kg en fonction des observations et du climat de l’année. Cette stratégie permet de ne pas se laisser déborder et de maîtriser une maladie de plus en plus récurrente. »

 

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