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« Cela pourrait permettre de créer le clone souhaité »

L’édition des génomes, également nommée « genome editing », a récemment été mise sur le devant de la scène dans le cadre de la lutte contre le cancer du poumon. Mais cette technique de biotechnologie de pointe est-elle intéressante et déclinable en viticulture ? Loïc Le Cunff, ingénieur en génétique à l’IFV, nous éclaire sur le sujet.

Loïc Le Cunff est ingénieur en génétique à l’IFV
© C. de Nadaillac

Qu’est ce que le genome editing ?

Il s’agit d’un ensemble de techniques permettant de muter très précisément un endroit du génome. Il faut savoir que la mutation est l’événement moléculaire à la base de la biodiversité. Les plantes et les animaux se sont diversifiés et se sont adaptés grâce à ce phénomène naturel. Pour arriver à reproduire ces mutations, il fallait un outil. C’est la recherche fondamentale qui l’a identifié. En étudiant comment des bactéries pouvaient répondre aux attaques de bactériophages, ce que l’on appelle l’immunité adaptative, des enzymes capables de couper l’ADN double brin, à l’instar d’une paire de ciseaux, ont été mises en évidence (CAS9). Ces études fondamentales ont permis de comprendre les mécanismes impliqués dans cette adaptation, cette mémoire de l’agression virale et la mise en place de mécanismes de défense. La technique d’édition des génomes utilise ces mécanismes naturels pour muter un endroit précis du génome.

À quoi sert cette technique ?

L’édition génomique sert à réaliser ce que la vie fait naturellement, mais en accélérant la nature. D’autres approches existent pour réaliser des mutations de l’ADN. Chez les céréales, par exemple, en disposant des graines sous des lampes à UV. Ici, la grande différence est que la mutation a lieu dans un seul endroit du génome et que cet endroit est ciblé à la molécule près ; c’est de la mutagenèse dirigée.

Quels horizons cela ouvre-t-il pour la viticulture ?

C’est une technique prometteuse qui pourrait permettre, à terme, de créer des clones à la demande, au lieu d’en chercher un parmi la diversité disponible. On pourrait ainsi passer d’un cépage rouge à un rosé, d’un peu acide à un plus acide, etc.

À quel stade en est-on en viticulture ?

Pour le moment, rien n’a encore été fait sur la vigne, à part en Chine. Une équipe de chercheurs aurait réussi à faire une mutation dans un gène en lien avec la quantité d’acide tartrique dans la baie de raisin. En France, il faut d’abord savoir dans quel but on veut utiliser cette technique. Pour le moment, nous avons d’autres outils comme la création variétale via l’hybridation.

Quelles sont les limites de cette technique ?

C’est une voie d’amélioration génétique parmi d’autres, mais celle-ci permet d’obtenir des mutations ciblées d’un génome, donc dans une variété connue. Alors que l’hybridation, par exemple, engendre la création de nouvelles variétés. En revanche, pour la vigne il existe encore quelques verrous scientifiques. Elle est limitée par une connaissance insuffisante du génome de la vigne : on ne connaît la fonction que d’un nombre limité de gènes. Et nous n’avons actuellement pas de protocole adapté à la vigne pour utiliser cette technique.

Enfin, l’avenir de l’édition des génomes dépendra de décisions politiques sur la classification que l’on fera des organismes ainsi obtenus. S’ils venaient à être catégorisés comme OGM, cela fermerait actuellement cette voie d’amélioration. En revanche cela restera un outil de recherche incontournable. Dans tous les cas, la première étape est de renforcer la connaissance sur la fonction des gènes et de leur rôle dans les différences morphologiques et agronomiques entre les cépages.

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