Conjoint collaborateur : quel nouveau statut choisir au bout de 5 ans ?
Le statut de conjoint collaborateur arrive à échéance fin 2026 pour 11 500* agriculteurs et agricultrices. Par quel statut social le remplacer ?
Le statut de conjoint collaborateur arrive à échéance fin 2026 pour 11 500* agriculteurs et agricultrices. Par quel statut social le remplacer ?

Depuis le 1er janvier 2022, le statut de conjoint collaborateur est limité à 5 ans, continus ou discontinus. Dès lors, ceux qui avaient opté pour ce statut avant 2022 en seront automatiquement évincés le 31 décembre 2026. Ils devront alors choisir entre devenir salarié ou s’associer à leur conjoint.
Si aucun statut de substitution n’est choisi, la MSA considérera l’ex-conjoint collaborateur comme salariée, par défaut.*
Le conjoint collaborateur, un statut temporaire pour permettre aux agricultrices de cotiser plus
La finalité de cette limitation dans le temps était de permettre aux conjointes de cotiser plus sous un autre statut, afin de bénéficier d’une meilleure retraite, en fin de carrière.
Choisir entre salarié ou associé à la place du statut de conjoint collaborateur
Devenir salarié de l'exploitation
Première possibilité, le conjoint collaborateur d’un exploitant individuel ou d’un associé exploitant de Gaec ou EARL peut devenir salarié de la ferme, quelle que soit sa forme juridique. Le conjoint qui devient salarié signe un contrat de travail, ce qui lui garantit un salaire. Afin de maîtriser les cotisations sociales liées à ce salaire, le temps de travail peut être partiel. Toutefois, un salarié à temps partiel doit au moins être embauché 28 heures par mois. Compte tenu des exonérations de cotisations patronales sur les petits salaires. Un salarié à temps plein au Smic, soit 16 297 € nets par an, ne coûte que 6 700 € de cotisations salariales et patronales, selon la convention collective nationale production agricole et Cuma.
En cas de séparation, corrélative le plus souvent à un licenciement, le conjoint bénéficie d’une indemnité de licenciement et d’une assurance chômage, ce qui lui permet de se retourner plus rapidement.
Devenir associé de la société agricole
Deuxième choix, le conjoint peut souscrire des parts dans la société déjà existante ou les deux conjoints peuvent créer ensemble une société : Gaec, EARL, SCEA.
On constate sur le terrain que plusieurs jeunes conjoints privilégient le statut d’associé afin de revendiquer la dotation nouveau et jeune agriculteur (DNJA) et une participation aux résultats. En cas de séparation, à son départ de la société, le conjoint bénéficie de la valeur des parts sociales, mais le versement peut être décalé dans le temps de plusieurs mois, parfois années. D’autant plus que l’évaluation des parts sociales devient inévitablement dans ce cas un sujet de conflit.
Un niveau de cotisations quasi similaire entre statut de salarié et celui d'associé
Le taux global de cotisations, CSG comprise, des non-exploitants est de 40-42 %, avec une cotisation plancher d’environ 3 300 €. Pour un revenu professionnel déclaré de 16 296 € (soit un Smic annuel net, comme dans l’exemple du salarié ci-dessus), les cotisations sociales s’élèvent à 6 600 €. À peine 100 € par an de moins que le satut salarié.
L’arbitrage entre salarié et associé devrait donc reposer sur une conception de la place du conjoint sur la ferme. Cependant, le choix demeure le plus souvent contraint par le revenu de la ferme, en raison du coût des cotisations sociales que le statut de salarié induit.
Conserver le statut en inversant les rôles
Quand le revenu de la ferme ne permet pas d’assumer pleinement ces cotisations supplémentaires, le couple peut inverser les statuts. Si madame était conjointe collaboratrice, et monsieur non salarié agricole, à l’issue des cinq ans, madame peut devenir non salariée agricole et monsieur conjoint collaborateur. Les droits retraite ainsi ouverts à chacun seront rééquilibrés. Ces cinq ans supplémentaires permettront au couple de mettre en place un atelier plus rémunérateur pour tirer deux revenus de la ferme ou à l’un d’entre eux de trouver un revenu complémentaire en dehors de l’exploitation.