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Variétés d’orge et de blé d’hiver : une tolérance à la JNO et à la maladie des pieds chétifs pour se passer d’insecticides

Orges d’hiver fourragères et brassicoles, blé tendre : la tolérance au virus de la JNO concerne de plus en plus de variétés et celle à la maladie des pieds chétifs constitue une nouveauté. C’est un moyen de sécuriser son rendement en se passant d’insecticide contre les insectes vecteurs de ces virus.

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La JNO est transmise sur orge par des pucerons à l'automne. Elle s'exprime par un jaunissement et un nanisme des plants.
© Arvalis

Le caractère de tolérance à la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) se développe toujours sur les variétés d’orges et, nouveauté, il s’accompagne chez deux variétés de la tolérance à la maladie des pieds chétifs. Si la tolérance à la JNO se généralise sur les orges d’hiver fourragères, c’est moins le cas en orges brassicoles. La variété qui remplacera KWS Faro avec la tolérance à la JNO n’est pas encore dans les champs. KWS Faro reste plébiscitée pour sa qualité brassicole, en dépit de sa sensibilité à la JNO et d’un rendement qui décroche par rapport à des inscriptions récentes.

Les variétés Carrousel et Constel apportent cette tolérance à la JNO et figurent dans la liste des variétés préférées de la filière brasserie-malterie. « Carrousel va progresser en surface, mais ne prendra pas complètement la place de KWS Faro et Constel sera peu déployée », remarque Isabelle Chaillet, d’Arvalis. KWS Delis est un nouvel escourgeon tolérant à la JNO qui est en observation commerciale et industrielle par la filière brassicole. « Mais il n’a été retenu que par un opérateur et notre variété s’avère décevante sur le plan agronomique. Nous allons donc l’arrêté », annonce Nicolas Dezobry, de KWS.

Deux nouvelles variétés tolérantes à la JNO ont été admises en validation technologique : l’escourgeon Marvel (Unisigma) et l’orge à 2 rangs Duchesse (Secobra Recherches). « Ces deux variétés très précoces montrent de très bons PS et calibrage, mais sont sensibles à la rouille naine, présente Isabelle Chaillet. Marvel exprime une tolérance à la verse et à la mosaïque Y2. »

La tolérance à la maladie des pieds chétifs arrive en orges fourragères

La tolérance à la JNO concerne toutes les nouvelles inscriptions 2025 en escourgeons fourragers : KWS Futuris, KWS Melodis, Digital, Melody, Littoral, Ovalie, LG Zao et SY Sparoo (hybride). Il en est de même des cinq nouveautés en orges à 2 rangs : Manade, Paquita, KWS Nomadis, LG Carpenter et Duchesse (brassicole).

La tolérance à la JNO devient la norme en orges d’hiver fourragères. Nouveauté en 2025 : le caractère de tolérance à la maladie des pieds chétifs, transmise par des cicadelles, arrive chez des variétés, en l’occurrence KWS Innovatris inscrit à l’automne 2023, KWS Futuris et KWS Melodis en automne 2024. « Nous avons engagé une surface de 700 hectares en multiplication de KWS Futuris et KWS Innovatris, précise Nicolas Dezobry. KWS Melodis ne sera pas développé. » KWS Futuris a été inscrit en première position en cotation CTPS, avec un rendement du même niveau que la variété leader en escourgeon fourrager, LG Zorica. La société KWS met en avant sa nouvelle gamme VirusProtect comportant ses variétés avec la double tolérance JNO et pieds chétifs et qui est appelée à prendre son essor dans les années à venir.

Faire l’impasse en insecticides grâce à la tolérance aux virus

La maladie des pieds chétifs, transmise par les cicadelles, est moins fréquente que la JNO, selon Isabelle Chaillet. Elle fluctue selon les années et touche plus particulièrement des secteurs comme le Centre, le Poitou-Charentes. Nicolas Dezobry relève « de plus en plus de remontées de terrain d’attaques de cicadelles. La simple tolérance à la JNO protège les orges seulement contre les pucerons d’où des incertitudes sur la pertinence ou non de faire l’impasse sur un traitement insecticide. »

En pratique, de nombreux producteurs continuent d’assurer une protection insecticide sur les orges à l’automne même si elles sont tolérantes à la JNO. Ce caractère peut-il permettre de se dispenser de tels traitements ? « Si le semis de l’orge est réalisé à la date optimale recommandée dans la région concernée, c’est-à-dire pas trop tôt, il n’y a pas besoin d’intervenir avec un insecticide », assure Isabelle Chaillet.

Selon des essais Arvalis, la perte de rendement d’une orge tolérante à la JNO en cas de forte contamination par le virus n’est pas nulle, mais elle est très nettement réduite par rapport à celle observée sur variété sensible et elle ne justifie pas une protection insecticide. Restent les cas de semis précoces pouvant soumettre les orges à de fortes pressions précoces en pucerons, les situations où les pucerons restent longtemps sur les cultures jusqu’aux prémices de l’hiver et les zones où la cicadelle vectrice peut sévir. Dans ces cas, certains experts conseillent de jouer la sécurité avec l’application d’un insecticide.

Pas de contournement de la tolérance à la JNO

La tolérance variétale à la JNO se base surtout sur le gène Ryd2, qui concerne 90 % des variétés d’orges d’hiver avec ce caractère. Deux autres gènes de tolérance existent Ryd3 et Ryd4, ce dernier sur les variétés hybrides (voir par ailleurs). La tolérance à la JNO est-elle durable ou pourrait-elle risquer d’être contournée à terme par le virus responsable de la maladie ? Une étude est en cours, menée par Arvalis et Inrae. « Des séries d’infestations de plants avec des pucerons vecteurs du virus sont menées en conditions contrôlées sur des variétés tolérantes pour voir s’il y a une augmentation du taux d’inoculation au fil du temps et des plantes atteintes, ce qui voudrait dire que le virus a muté, présente Robin Comte, d’Arvalis. Depuis 2023 que l’étude a démarré, nous n’avons pas décelé de contournement de résistance aussi bien sur blé que sur orge, ce qui est un bon signal pour le déploiement de ces variétés à large échelle. » Les essais continuent malgré tout.

Un nouveau blé performant comportant la tolérance à la JNO

Outre les orges, le caractère de tolérance à la JNO est intégré dans la sélection variétale du blé tendre. Après RGT Tweeteo lancé en 2019 avec ce caractère, la société RAGT Semences présente RGT Sundeo, « première variété reconnue officiellement avec la tolérance à la JNO inscrite au catalogue officiel français, souligne Sophie Rousseau, chef de marché blé tendre chez RAGT Semences. Elle est inscrite à 109,3 % des témoins en cotation CTPS avec en plus une résistance à la mosaïque et à la cécidomyie orange. C’est une variété panifiable complète, adaptée aux zones au sud de la Loire du fait de son caractère précoce. » La JNO a moins d’impact sur blé que sur orge. Une tolérance à la maladie des pieds chétifs recevrait un meilleur accueil en variétés de blé. Peut-être dans un proche avenir.

<em class="placeholder">La JNO peut toucher le blé tendre, provoquant une coloration jaune à lie de vin des feuilles.</em>

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