Aller au contenu principal

Une taxe sur les engrais azotés proposée par l’inspection générale des finances

Elargir la redevance sur les pesticides et en créer une similaire sur les engrais azotés pour financer la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité, voilà ce que propose un rapport de mission remis au gouvernement en novembre 2022.

Epandage d'engrais azoté sur du blé
© V. Marmuse/Caia

Afin de financer la stratégie nationale pour la biodiversité d’ici à 2030, un rapport de mission de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) propose de renforcer le principe pollueur-payeur en élargissant l’assiette de la redevance pour les pesticides et en créant une taxe sur les engrais azotés.

 

Des financements « limités » pour la biodiversité

« La biodiversité, qui désigne la variété de l’ensemble des êtres vivants et des écosystèmes dans lesquels ils vivent, connait un véritable effondrement documenté notamment par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) », alors que « les financements actuels sont limités au regard des objectifs poursuivis par la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) pour 2030 », constatent les auteurs de cette mission confiée par les ministres de l’économie et de la transition écologique en mars 2022.

La mission ayant recensé un besoin de financement net pour l’Etat et ses opérateurs de 174 millions d’euros en 2023 et jusqu’à 465 millions d’euros en 2027 pointe en parallèle les 10,2 milliards d’euros d’aides de la Pac annuels qu’elle juge « comme des subventions publiques dommageables à la biodiversité » et demande une réorientation des aides de la Pac.

La fiscalité favorable à la biodiversité est limitée et faiblement incitative

Au-delà, la mission propose de mobiliser certains leviers jouant sur les incitations des acteurs privés en faveur de la préservation et de la restauration de la biodiversité. « À ce titre, partant du constat que la fiscalité environnementale favorable à la biodiversité est limitée et faiblement incitative », la mission recommande « de renforcer le principe pollueur-payeur ». Et deux de ses propositions visent particulièrement les agriculteurs.

 

Elargir la redevance pour pollutions diffuses

Constatant qu’ « en raison de l’interdiction d’une partie des substances taxées et de la réduction de l’usage du glyphosate, le rendement de la taxe sur les pollutions diffuses devrait être amené à diminuer », la mission propose de compenser cette baisse de rendement de la taxe sur les pesticides en élargissant la liste des substances soumises à redevance.

Une possibilité permise par l’article 80 du règlement CE/1107/2009 de la Commission et du Conseil. Le rapport propose ainsi d’étendre la redevance à « d’autres produits dommageables à la biodiversité » dont « les usages pourraient être amenés à augmenter par substitution aux substances interdites », pour un rendement prévisible de 14 millions d’euros.

 

Instaurer une taxe sur les engrais azotés

Autre proposition de la mission pour financer la stratégie biodiversité : créer une redevance assise sur les ventes d’engrais minéraux azotés sur le modèle de la redevance pour les pollutions diffuses. « Ce qui permettrait de dégager des ressources nouvelles (60 M€/annuel pour une taxe appliquée au taux de 30 €/tonne d'azote minéral) sur la base d’une assiette large et d’un taux faible », écrivent les auteurs du rapport qui pressentent toutefois que cette redevance « rencontrerait probablement l’opposition des agriculteurs » alors que le prix des engrais est fortement renchéri par la volatilité des prix du gaz.

Une telle taxe est prévue par la loi dite Climat et résilience, rappellent les auteurs.

Elle pourrait s’appliquer si la trajectoire de réduction des engrais azotés agricoles en France fixée dans un projet de décret (en consultation publique en décembre dernier) n’est pas respectée.

Les auteurs du rapport indiquent examiner l’opportunité de fixer des taux différenciés en fonction des facteurs d'émission d'ammoniac et de protoxyde d'azote des différents types d'engrais.

Les plus lus

Carte de la situation pour les eaux superficielles au 25 août 2025.
Sécheresse 2025, l’irrigation limitée dans 47 départements : quelle carte des restrictions d’eau ?

L’été 2025 s’annonçait dès début juillet plus sec que la normale. Les arrêtés de restriction d’eau se multiplient depuis et la…

Bovin de profil présentant des nodules de dermatose nodulaire contagieuse sur la peau.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : un premier cas confirmé dans l’Ain

Le 23 août, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse a été confirmé dans l'Ain. Un cas qui vient s'ajouter aux 76…

Cartes présentant les cas de FCO3 et FCO8 recensés depuis le 1er juin 2025 en France.
Les cas de FCO 3 et 8 progressent toujours sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 21 août, 2898 foyers de FCO de sérotype 3 et 1686 foyers…

Calculatrice et bloc note avec stylo vu du haut sur un bureau.
Indice des fermages 2025 : une augmentation de 0,42 %

L'indice des fermages 2025, qui sert à réévaluer le prix de location des terres agricoles, a été publié au journal officiel du…

Vaches au pâturage devant un chalet en Haute-Savoie
Dermatose nodulaire contagieuse des bovins : 70% des bovins vaccinés, 1,2 million d’indemnités versées

Le ministère de l’agriculture se félicite, dans un communiqué, de l’avancée de la vaccination contre la dermatose nodulaire…

Tracteur dans un champ après récolte
Revenu agricole dans l’Union européenne : où se situe la France ?

La Commission européenne vient de livrer les données relatives au revenu agricole, l’occasion de voir où se situe la France…

Publicité