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Une campagne viticole de traitement concluante pour le pulvérisateur robotisé de Yanmar

Le robot de pulvérisation YV01 de Yanmar vient de réaliser une campagne complète au domaine viticole expérimental de Plumecoq, à Chouilly, dans la Marne. Il a donné satisfaction à l’équipe qui le suit.

Le hasard fait parfois bien les choses. C’est une rencontre lors d’une réparation de la minipelle du site expérimental du Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC), à Plumecoq (Chouilly) dans la Marne, qui a amené Yanmar à se lancer dans la pulvérisation. Une entrée en matière très innovante pour le motoriste japonais, puisqu’il s’agit d’un pulvérisateur entièrement autonome. Le projet, lancé dès 2017, est resté secret jusqu’au Viteff 2021, où le YV01 a créé l’évènement.

La campagne 2022 fut donc la première en tant que solution commerciale, non plus en prototype. « Et son niveau de performance est loin d’être mauvais », relate Mathieu Liebart, référent agroéquipement du CIVC. Durant toute la saison, le YV01 a géré tout seul les applications phytosanitaires sur une parcelle de 10 ares conduite en bio. C’est-à-dire qu’il est parti à chaque fois du hangar, a traité le lopin de vigne, puis est revenu au point de départ une quinzaine de minutes plus tard, sans que l’on doive s’en occuper.

Les performances sont similaires aux meilleurs jets portés du marché

Sur la campagne, seul un dysfonctionnement de guidage a été relevé le 21 juin, suite à un problème de modem défectueux. La parcelle, en fin de saison, est indemne de maladie et ne montre aucune différence par rapport à ses voisines. Il faut dire que la pression parasitaire en 2022 a été particulièrement faible : les témoins non traités eux-mêmes arborent une qualité sanitaire globalement bonne. Le domaine a même arrêté la protection début juillet. Il n’empêche que sur le plan de la pulvérisation, Mathieu Liebart n’a rien à redire. « Nous avons réalisé des tests sur papier hydrosensible et avec de la tartrazine (colorant alimentaire). La machine est aussi performante que les meilleurs jets portés. Elle entre dans le top 10 de ce qui existe sur le marché, relate le responsable. En résumé il y a mieux, mais il y a aussi beaucoup moins bien. »

Pour lui cela ne fait aucun doute, l’efficacité proposée par le robot Yanmar est suffisante pour protéger convenablement la vigne. Les papiers hydrosensibles ont montré une bonne pénétration dans le végétal et une répartition correcte sur les deux faces des feuilles. Les tests à la tartrazine ont quant à eux prouvé que le taux de bouillie qui arrive jusqu’à la plante est dans la moyenne des matériels existants. Seule l’homogénéité de la ventilation laissait à désirer, jusqu’à ce que Yanmar ajoute un troisième ventilateur. « Ces résultats me font dire que même en cas de plus forte pression, ça ne sera pas un problème. Le pulvérisateur sera capable d’assurer une bonne protection », estime Mathieu Liebart.

Une prise en main qui n’a pas causé de difficulté

Le constructeur japonais a opté pour une technologie à jet porté, et a lui-même confectionné la rampe. Cette dernière comprend quatre descentes qui se font face, équipées chacune de 3 buses à turbulence Teejet TXA 80° violettes, permettant de traiter deux rangs (le rang intérieur plus deux demi-faces). « Yanmar n’est pas attendu sur la pulvérisation, aussi nous avons mis l’accent sur la facilité d’utilisation et d’entretien », explique Aurélien Battelier, responsable produit de la firme. Baptiste Van Gysel, chargé de mission robotique au CIVC, estime que c’est réussi. Il a rapidement pris en main la machine. Le rituel est maintenant bien rodé : une fois allumée, il la déplace jusqu’au point de remplissage à l’aide d’une manette, qui ressemble à celle d’une console de jeux. Il prépare la bouillie de façon classique et l’incorpore dans la cuve de 200 litres. Puis, via une interface tactile sur le robot, il entre la consigne, se met à distance et n’a plus qu’à surveiller que tout se passe bien. « Je crée au préalable une tâche dans l’application, avec le travail à effectuer, explique-t-il. Une fois devant le robot je n’ai qu’à charger la mission que j’ai créée et appuyer pendant cinq secondes sur le bouton de la télécommande. » Un autre prérequis est la cartographie de la parcelle. L’équipe du domaine l’a réalisée en amont et une fois pour toutes à l’aide d’un GPS piéton.

Des capteurs lidar et ultrasons pour la sécurité

Au travail, le robot est réglé pour avancer à 4 km/h à pression constante. Il réalise automatiquement la coupure de tronçons en fonction du parcellaire, chaque descente étant indépendante. Un capteur de fond de cuve arrête l’automate en bout de rang quand il n’y a plus assez de bouillie pour continuer. Le YV01 se dirige par GPS mais possède également un capteur lidar, au cas où il perde le signal, ainsi que des capteurs ultrasons pour détecter les obstacles et se mettre en sécurité. « Si la vigne n’est pas rognée et qu’il y a beaucoup de végétation dans le rang, la machine peut s’arrêter, témoigne Baptiste Van Gysel. Auquel cas il faut la relancer avec la télécommande. » C’est pourquoi il reste à proximité de la parcelle. Il vérifie par la même occasion qu’il n’y ait pas de bouchage de buse. « Pour l’instant ça n’est jamais arrivé, même en utilisant uniquement du cuivre et du soufre », assure-t-il.

Mathieu Liebart fait état de son côté de pertes ponctuelles de GPS de temps à autre, dues non pas à la machine mais à la couverture du réseau. Dans ces cas-là l’automate s’arrête et reprend sa tâche une fois le signal retrouvé. Concernant l’entretien, Baptiste Van Gysel ne fait pas remonter de problématique particulière. Il réalise le nettoyage au canon à mousse et au jet d’eau, comme pour les autres matériels, et ne trouve pas de zone plus délicate à laver, si ce n’est les chenilles qui ont tendance à beaucoup s’encrasser quand le terrain est humide. « Pour moi la technologie est au point, opine Mathieu Liebart. Ce qui reste à voir maintenant c’est comment on l’intègre sur une exploitation. » Comment organiser le travail autour de ces machines ? Quelle acceptation sociale ? Pour quel modèle économique ? Autant de questions auxquelles le CIVC va maintenant tenter de répondre.

Le robot de pulvérisation YV01 en détail

Yanmar a fait le choix d’une motorisation thermique pour son robot YV01. « L’électrique n’a pas été retenu afin d’avoir une solution plus légère et moins chère, mais aussi parce que les concessionnaires sont très peu habitués à ces technologies », justifie Aurélien Battelier. Le résultat est une machine compacte d’une tonne seulement, montée sur chenilles en configuration enjambeur monorang, haute de 1,40 m au niveau de la potence. Le moteur vient de chez Honda, pour des besoins de compacité. Il s’agit d’un IGX 800 de 27 chevaux. Il est disposé sur le côté droit de l’appareil, avec deux centrales hydrauliques Poclain. « Les concepteurs ont laissé de la place sous le capot pour pouvoir y travailler », précise le responsable.

 

Du côté droit, on trouve une cuve de 200 litres avec agitation électrique et rotobuse de rinçage. Y sont également logés : la pompe à piston, le variateur électrique, le filtre et une vanne trois voies permettant d’orienter le liquide vers la pulvérisation, la vidange ou le rinçage. C’est de ce côté également que l’on trouve l’ordinateur de bord et l’interface tactile. Des balises RTK de chez Trimble, pour le guidage, sont positionnées sur le dessus du robot. L’assistance d’air est composée de trois ventilateurs à l’arrière de la machine. Le pulvérisateur est par ailleurs équipé d’un système électrostatique. « L’objectif de ce robot est avant tout d’avoir une solution sécuritaire, conclut Aurélien Battelier. Aussi bien pour éloigner l’opérateur des produits phytosanitaires que pour éviter les accidents corporels comme les retournements. » Yanmar garantit un travail jusqu’à 20 % de dévers et 45 % de pente. Le YV01 est commercialisé légèrement sous la barre des 100 000 euros.

repères

Domaine expérimental Plumecoq/CIVC

Surface 10 hectares, dont 3 en bio

Dénomination AOC champagne

Encépagement principalement chardonnay, pinots noir et meunier

Écartement interrang de 1,1 à 2,2 m

Nombre de salariés 4 ETP

Production entre 60 000 et 80 000 kg

Circuit de commercialisation vendanges fraîches

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fiche technique

Yanmar YV01

Technologie face par face à jet porté

Pulvérisateur enjambeur autonome deux rangs à motorisation thermique (testé sur des interrangs de 1,1 m)

Poids environ une tonne

ZNT pas encore d’homologation pour la réduction de la dérive, mais la demande sera faite (des tests sont prévus sur banc d’essai en novembre)

Prix 99 000 euros HT

Matériel non éligible pour l’heure au PCAE (en cours de discussion avec les chambres d’agriculture locales)

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