Un outil en ligne pour estimer l’impact du surcoût des intrants sur les charges
La guerre en Ukraine va provoquer une augmentation du prix des intrants et de l’énergie. Pour que chaque exploitation puisse faire ses estimations de coût de production et de marge, Arvalis a conçu un outil de calcul Excel disponible en ligne en accès libre : ImpactCharges.

Augmentation des prix des intrants et de l’énergie, volatilité annoncée des prix de marché des cultures pour les récoltes 2022 et 2023. « Difficile de se repérer ! » constate Arvalis. Pour accompagner les agriculteurs dans l’évaluation de leurs charges, l’institut du végétal met à disposition un outil de calcul. ImpactCharges se présente sous la forme d’un fichier Excel. Il a été réalisé avec la collaboration de l’AGPB et de l’AGPM. Il est téléchargeable en accès libre.
Pour mesurer l’impact de l’augmentation du prix des intrants, il faut distinguer la récolte 2022 et celle de 2023. Arvalis énumère les principaux postes qui subissent ou subiront une augmentation en rapport avec le prix de l’énergie et/ou la disponibilité des intrants pour la récolte 2022 ou 2023.
- les engrais,
- le carburant
- l’irrigation
- le séchage
- le stockage
- les produits phytosanitaires.
- l’entretien/réparation (prix des pièces, logistique de transport…)
- les travaux à façon (carburant)
- les semences de certaines productions
Selon les Observatoires des exploitations de grandes cultures gérées par Arvalis (Unigrains à partir de données CerFrance et Fermothèque Arvalis), les postes engrais, produits phytosanitaires, carburant, énergie pour l’irrigation et séchage, représentaient en moyenne, sur la période 2018 à 2021 :
- 30 à 35% du total des charges pour les céréales à paille (y compris la rémunération de la main d’œuvre familiale – 100 % fermage et rémunération des capitaux propres)
- 30 à 40 % du total des charges pour le maïs « sec ou irrigué »
- 27 à 30 % du total des charges pour les pommes de terre en sec. (hors coût du stockage)
Si l’on considère les postes pouvant être touchés par la hausse, cette proportion augmente pour atteindre 40 à 55%.
« Chaque exploitation a des niveaux de charges, de rendements, ainsi qu’une politique d’achat des intrants qui lui sont propres » remarque Arvalis. L’institut donne cependant quelques exemples qui donnent un ordre de grandeur des enjeux.
Exemple d’une augmentation de 1 € du prix de l’unité d’azote
Sans modification des pratiques et des rendements moyens, une augmentation de 1 € du prix de l’unité d’azote entraîne, pour les céréales à paille, une augmentation du coût de la tonne de 23 à 26 € et jusqu’à 35 € la tonne pour un blé dur. En ajoutant l’hypothèse d’un incident climatique qui ferait baisser le rendement en blé tendre de 10 %, les projections d’Arvalis donnent un coût supplémentaire imputable à l’azote d’environ 5 € / t.
Pour le maïs, l’augmentation de 1 €/kg de l’azote entraînera une augmentation moyenne entre 19 et 23 € / t.
Le prix d’une unité d’azote sur les campagnes 2018-2021 toutes formes confondues était environ de 0,8 €, rappelle l’institut technique. Sur la campagne de récolte 2022, il a évolué entre 1,3 et 2,9 € / kg d’azote.
Exemple d’une augmentation de 0,5 € par litre de GNR
Pour les carburants, une augmentation de 0,5 € par litre de GNR entraîne, selon les prévisions d’Arvalis, une augmentation du coût de production de 4 à 6 € / t pour les céréales à paille et le maïs. Pour la pomme de terre, la hausse serait comprise entre 1,5 et 2,5 € la tonne.
Sur ce printemps, le GNR s’est négocié jusqu’à 1,3 – 1,4 € / l, rappelle Arvalis.

Faire ses propres calculs
Un certain nombre de charges à l’hectare sont déjà fixées pour la récolte 2022. Pour la récolte 2023 « tout est à faire » commente l’institut du végétal. « Faire ses propres calculs de coût de production et de marge est une première étape pour réfléchir à la commercialisation de la récolte 2022, à une éventuelle adaptation des pratiques ou encore un éventuel arbitrage entre la commercialisation et l’achat d’intrants pour la récolte 2023 » détaille Arvalis. Il est donc « important pour chaque exploitation de faire ses propres estimations » avec un risque climatique « toujours présent » qu’il convient donc de prendre en compte.
Enfin Arvalis note qu’un « effet ciseau » des prix est possible. C’est le cas de figure où les charges restent élevées, voire continuent d’augmenter pour 2023, avec des prix des productions qui baissent. Un phénomène qui a déjà été observé en 2008 et 2009.
Il est donc important de pouvoir estimer ses charges et c’est dans cet objectif qu’Arvalis propose son outil de calcul ImpactCharges.
Pour aller plus loin, un outil complet ImpactCoutProduction sera bientôt disponible également.