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Tous mobilisés contre la parvovirose

L’enjeu économique de cette maladie du canard de Barbarie est devenu tel qu’il nécessite la mise en œuvre d’un plan d’actions national. Mené par l’interprofession Cicar, il mobilise toute la filière : la production mais aussi l’accouvage et l’abattage.

La parvovirose du canard de Barbarie n’est pas une maladie récente. Due à un parvovirus, elle est apparue en France au début des années 90. Elle occasionne, sous sa forme chronique la plus courante, des défauts d’emplumement, des retards de croissance et des lots hétérogènes. Ce qui diffère aujourd’hui c’est l’ampleur qu’a pris cette maladie et son impact économique. « Tous les maillons de la filière sont touchés », souligne Gilles Le Pottier, du Cicar. Le coût moyen de la parvovirose avait été estimé, il y a deux ans, à 3 600 euros par lot atteint. Cette affection s’exprime en général vers 5 à 8 semaines d’âge mais des cas plus précoces (parfois avant 10 jours) et plus pénalisants sont de plus en plus rapportés. « Dans les zones de production importantes, comme celles des Pays de la Loire, on constate de façon générale une pression virale plus forte. Des zones géographiques jusqu’à présents indemnes sont désormais touchées, dont la Bretagne. Cela démontre le rôle de vecteurs dans la dispersion du virus. » Celui-ci est très résistant dans l’environnement et les moyens de lutte contre la parvovirose sont bien connus. Mais force est de constater que les actions menées jusqu’à présent à tous les niveaux de la filière, avec des intervenants formés et motivés mais au niveau local ????, n’empêchent pas les échecs. C’est ce qui a justifié la mise en place d’un plan d’actions à l’échelle nationale. « Cette maladie, non réglementée, nécessite de nouveaux outils et une gestion sanitaire collective », résume le délégué général.

Une amélioration des pratiques à chaque stade avec des contrôles d’efficacité

Un groupe de travail a été constitué au sein du Cicar à partir de l’été 2015. Tous les partenaires de la filière y ont pris part : organisations de production, vétérinaires, couvoirs, sélectionneurs, abattoirs... Une première étape a consisté à faire un diagnostic des points à risque et des leviers d’action, à trois niveaux : celui de la production, du couvoir et de l’abattoir (voir ci-contre). « Il ne s’agit pas de montrer du doigt l’un ou l’autre mais de redéfinir ensemble les bonnes pratiques à respecter et de mettre en place des moyens de contrôles et d’évaluations incontestables, précise Gilles Le Pottier. Le principe est que chaque maillon vérifie la mise en œuvre des procédures et communique au Cicar les preuves de leur bonne application. » Pour l’instant, les contrôles se font en interne. La question de mettre en place des audits externes se pose. "Tout le monde joue le jeu. Il y a vraiment une volonté d'amélioration collective."
Pour le bien commun de tous, ce plan d’actions encourage à davantage de transparence et de communication entre maillons. Lors d’un cas de parvovirose, l’abattoir est désormais informé quelques jours avant l’abattage (avec la transmission des poids) du niveau de pression virale : de 0 (absence) au niveau 3 (forte pression). Il peut ainsi plus facilement adapter l’ordonnancement du ramassage et placer l’élevage à forte pression en fin de tournée.

Une cartographie des élevages touchés pour évaluer la prévalence

Le Cicar a réalisé une cartographie des cas de parvoviroses signalés par les organisations de production. Sans surprise, les foyers sont beaucoup plus nombreux dans les zones à forte concentration d’élevages (épicentre en Vendée), plus éparses voire inexistants par ailleurs. « L’objectif est d’évaluer la prévalence dans les zones 'chaudes' pour mieux mobiliser les acteurs concernés», explique Yannick Carré. Cette cartographie sera renouvelée tous les trois mois. Pour chaque cas signalé, plusieurs informations sont transmises au Cicar : âge au moment des signes cliniques, récidive, événement associé (suite à un épandage, par exemple) et indice de gravité (perte de MPA inférieure à 1 euro pour l’indice 1, supérieure à 6 euros pour l’indice de niveau 3). « Le calendrier de suivi trimestriel permet de suivre l’évolution de la prévalence et de démontrer l’efficacité des actions dans le temps. » C’est un outil innovant qui pourrait s'étendre à d’autres maladies dont l’enjeu économique est important comme la bronchite infectieuse.
Le plan d’actions parvovirose se met progressivement en place. Les protocoles de bonnes pratiques et les tests permettant de juger de leur mise en œuvre ont été validés par chaque maillon, avec un engagement collectif. « Les cartogrophies de prévalence des trimestres 2 et 3 de 2015 ont déjà permis de mieux cibler les actions » , précise Yannick Carré. Des outils de diffusion (plaquettes de bonnes pratiques en élevage) et des actions de sensibilisation (réunions d’éleveurs) vont être déployés en 2016.
À plus long terme et pour limiter les facteurs de risque, la filière devra aussi faire évoluer la conception des bâtiments (caillebotis plus facile à décontaminer, fosses à lisier à distance du bâtiment) ainsi que ses pratiques d’élevage, notamment les interventions qui accompagnent la vaccination (épointage, dégriffage), sources de stress pour le jeune oiseau.

Pour en savoir plus

Voir dossier Réussir Aviculture de janvier-février 2016. RA n°213, p. 10 à 19.

Au sommaire :

. p. 14 - " Des enjeux qui dépassent le seul maillon de la production " - Philippe Gardin de la Cavac

. p. 15 - " Respecter les préconisations à tous les niveaux " - Stéphane Lemière de Merial

. p. 16 - Le renforcement des bonnes pratiques a fini par payer - Chez Hervé Raveleau en Vendée

. p. 19 - " Se donner les moyens pour bien décontaminer " - Virginie Billiault, conseillère en hygiène

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