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Sylvain Bedel (Corteva) : « Il faut accélérer l'innovation agricole en France et en Europe »

Dans un contexte agricole en pleine mutation, marqué par les défis climatiques et les contraintes réglementaires, l'innovation apparaît comme une solution incontournable pour assurer la pérennité et la compétitivité des exploitations. Sylvain Bedel, directeur général France de Corteva Agroscience, nous explique comment son entreprise place la technologie et l'innovation au service des agriculteurs, en développant des solutions durables et performantes pour répondre aux enjeux de demain

Sylvain Bedel, directeur général France de Corteva Agroscience
Sylvain Bedel, directeur général France de Corteva Agroscience
© Vincent Motin

Pouvez-vous nous rappeler ce que représente Corteva Agroscience en France avec quelques chiffres et données de contexte ?

Sylvain Bedel -  Corteva Agroscience est une entreprise qui place la technologie et l'innovation au service de l'agriculture. Nous développons des solutions pour les agriculteurs dans divers domaines tels que les semences, la protection des cultures, les biosolutions et l'agronomie digitale. Nous avons une forte présence en France avec trois sites de production, plusieurs centres de recherche et développement, et un centre dédié au traitement des semences.

Jean-Marc Jancovici a présenté une étude sur la stratégie de décarbonation de l’agriculture. Comment l’interprétez-vous ? Quel rôle peut jouer Corteva ?

Sylvain Bedel - L'étude était très intéressante car elle révèle les inquiétudes des agriculteurs face aux risques climatiques et aux incertitudes réglementaires. Il est ressorti que les agriculteurs sont prêts à adopter des pratiques plus durables et que la majorité d'entre eux pensent que la pérennité de leurs exploitations dépendra du maintien ou de l'augmentation de leur productivité. Corteva peut répondre à ces préoccupations en développant des variétés plus résilientes face au climat, en proposant des innovations durables comme des itinéraires bas carbone, et en misant sur l'innovation pour améliorer la productivité. Par exemple, Corteva travaille sur des itinéraires bas carbone qui doivent permettre aux producteurs de lait de réduire de 5% les émissions de méthane par litre de lait.

Lire aussi : Jean-Marc Jancovici : « Les Français aiment les agriculteurs mais pas l’agriculture »

 

L'innovation est un terme qui revient souvent chez Corteva. Concrètement, comment se manifeste-t-elle ?

Sylvain Bedel - L'innovation chez Corteva vise à relever les défis climatiques et démographiques, tout en tenant compte des contraintes imposées aux agriculteurs. Nous avons trois axes principaux d'innovation. Premièrement, nous améliorons les solutions existantes en développant de nouvelles molécules plus durables et en réduisant les doses d'utilisation. Deuxièmement, nous investissons dans les biosolutions pour remplacer les solutions conventionnelles par de la bioprotection, en utilisant des molécules d'origine naturelle ou inspirées de la nature, à l’instar des insecticides issus de la fermentation bactérienne. Nous développons également des biostimulants qui activent les mécanismes naturels des plantes pour améliorer leur performance et leur résilience face aux stress abiotiques, tels que le froid, la chaleur, le gel et la grêle. Un exemple est notre solution BlueN, une bactérie fixatrice d'azote qui fournit une source complémentaire d'azote non fossile aux plantes. Le troisième volet concerne les nouvelles techniques génomiques (NGT), qui accélèrent la sélection variétale en modifiant le matériel génétique existant sans ajouter d'ADN externe. Cette technique, inspirée de la nature et basée sur un mécanisme de ciseaux moléculaires observé chez les bactéries lactiques, permet de développer des variétés plus résistantes aux stress climatiques, hydriques et aux maladies

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Comment Corteva envisage-t-elle l'avenir de l'alimentation de qualité pour tous et d'une agriculture compétitive ?

Sylvain Bedel - L'innovation est la clé pour concilier qualité et compétitivité. Par exemple, avec les NGT, il est possible de créer des variétés de tomates enrichies en acide aminé Gaba, qui permettent de réduire la tension artérielle. Aux États-Unis, nous avons homologué une variété de maïs résistante à différentes maladies dont l'helminthosporiose, évitant ainsi l'utilisation de traitements fongicides. De plus, nous allons lancer un herbicide en betterave, Rinskor, qui réduira significativement  la dose d'utilisation, avec moins d'un gramme de matière active par hectare et par passage, sans compromettre la durabilité et l'efficacité. Ces exemples montrent bien que l’innovation bénéficie au consommateur final et aux agriculteurs.

 

Avez-vous l'impression que l'agriculture est en retard par rapport à d'autres secteurs en matière d'innovation ?

Sylvain Bedel - Le monde avance vite pour faire face aux défis qui se multiplient, mais l'Europe, et surtout la France, ne suivent pas cet élan. Nous allons trop lentement. L'homologation d'une nouvelle matière active prend en moyenne 56 mois en Europe, contre 24 à 28 mois au Japon et 30 mois au Canada. Il ne faut pas oublier qu’en Europe, une homologation par pays est également nécessaire, prenant entre 12 et 48 mois. En France, c’est d’ailleurs plutôt 36 à 48 mois.   

L'Europe et la France doivent encourager l'innovation. Par exemple, il est crucial d'avoir un cadre opérationnel pour les NGT afin d'accélérer ces technologies, et des procédures accélérées pour les biocontrôles. C’est le secteur tout entier qui a besoin de législations claires et facilitantes, ainsi que de visibilité, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. 

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