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Scarabée japonais : pourquoi le ravageur menace l’agriculture française ?

La probabilité est forte pour le scarabée japonais, déjà présent en Italie et en Suisse, de rentrer sur le territoire français. Prunier, pommier, vigne et maïs comptent parmi ses plantes de prédilection.

Scarabée japonais France
"Il n'y a aucune raison que le scarabée japonais n'entre pas en France", selon Christine Tayeh, coordinatrice scientifique au sein de l’unité expertise sur les risques biologiques du laboratoire de la santé, des végétaux de l’Anses.
© Pixabay

 

Déjà présent en Italie et en Suisse, respectivement depuis 2014 et 2017, le scarabée japonais n’a pas encore été détecté en France mais la probabilité est haute qu’il rentre dans l'Hexagone, rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un récent avis. « Pour avoir une chance de l’éradiquer du territoire, il sera nécessaire d’intervenir dès la première détection de l’insecte », insiste l’Anses.

« Pour l’instant il n’a pas encore été détecté en France, mais il n’y a aucune raison qu’il n’entre pas sur le territoire », explique Christine Tayeh, coordinatrice scientifique au sein de l’unité expertise sur les risques biologiques du laboratoire de la santé, des végétaux de l’Anses qui a réalisé une expertise pour évaluer la probabilité d’introduction du scarabée japonais encore appelé hanneton japonais ou Popillia japonica. « Selon les résultats de l’expertise, rien ne s’oppose non plus à son établissement en France : c’est un insecte qui se déplace facilement, les conditions de température et de précipitation lui sont favorables et comme il peut consommer de nombreuses espèces de plantes présentes sur le territoire français il n’aura pas de difficulté à trouver des sources de nourriture », poursuit la scientifique.

 

Pourquoi faut-il s’en inquiéter ?

Le scarabée japonais suscite déjà de l’inquiétude en France, pourquoi ? L’adulte se nourrit préférentiellement de feuilles, tandis que les larves s’alimentent des racines des plantes hôtes. Plus de 400 espèces de plantes sont concernées, dont plus d’une centaine présente sur le territoire français métropolitain, souligne l’Anses.

Parmi elles :

  • Prunier
  • Pommier
  • Vigne
  • Maïs
  • Soja
  • Haricot
  • Asperges

En consommant les feuilles, le ravageur réduit la surface foliaire ce qui diminue la capacité de photosynthèse des plantes et donc potentiellement leur rendement.
 

 

L’importance des pièges pour le détecter

Afin d’éviter son entrée et sa dispersion sur le territoire français, sachant que le scarabée japonais peut à la fois voler au stade adulte (de fin mai à septembre) et avoir un comportement « autostoppeur » (il peut être transporté sur n’importe quel support), l’Anses encourage à surveiller sa présence à l’aide de pièges équipés de leurres mixtes, c’est-à-dire réalisés avec une combinaison de phéromones sexuelles et d’attractifs floraux.

Ces pièges doivent être disposés en priorité :

  • Le long de la frontière française avec les pays où l’insecte est présent
  • A proximité des points d’entrée clés, comme les ports ou les aéroports
  • Et à proximité des réseaux de transport

L’Anses recommande qu’une sensibilisation des principaux acteurs, notamment les professionnels des différentes filières concernées, soit réalisée en ce sens.
 

 

Que faire en cas d’invasion ?

L’Anses anticipe à la méthode à mettre en œuvre pour lutter contre le ravageur dès sa probable arrivée en France. « Nous pensons qu’il y a une chance d’éradiquer le scarabée japonais dès le début de l’invasion, à condition de déployer des moyens de surveillance dynamiques puis de lutte tant que la population est encore faible et isolée. Les éradications qui ont réussi dans l’Oregon et en Californie se sont faites dans ce contexte » souligne la scientifique de l’Anses.

En cas de détection d’un individu, le groupe de travail en charge de l’expertise à l’Anses recommande la méthode suivante :

  • Délimiter une zone infestée faisant l’objet d’une surveillance renforcée
  • Utiliser dans la zone une combinaison de plusieurs moyens de lutte (le piégeage de masse, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques de synthèse et la lutte biologique)
  • Avoir recours à des pratiques culturales ayant démontré leur efficacité dans la réduction des dégâts associés aux adultes et à la survie des larves (réduire l’irrigation en période de ponte ou labour du sol à l’automne).

« Si de telles actions ne sont pas déployées dans les plus brefs délais après la détection du scarabée japonais, empêcher sa dissémination une fois établi sur le territoire risque d’être long, avec une faible chance de succès », estiment les experts de l’Anses.

 

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