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Sabot d’or 2024 en race charolaise : « mon système est basé sur l’intensification des performances animales »

Éleveur dans l’Aisne, Xavier Herbert pilote ses charolaises en analysant les chiffres avec un système réglé comme une horloge. Les 65 vêlages sont groupés sur 45 jours. Le tri des génisses se base sur leur score génomique, et elles vêlent à deux ans.

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Xavier Herbert et Didier Oden d'Avenir conseil élevage : « On travaille la longueur des animaux, car la longueur fait le poids, et ceci en faisant attention aux dos, tout en maintenant un équilibre entre muscle et squelette. »
© S.Bourgeois

Xavier Herbert est éleveur de charolaises et de salers dans l’Aisne, à Wiège-Faty. « Les charolaises sont arrivées les premières. Le troupeau salers a été créé quand nous avons récupéré des prairies éloignées. » Le système est bien équilibré ainsi avec les deux races, en saturant les deux bâtiments et en valorisant les 30 hectares de prairies naturelles. « Je ne mesure pas vraiment de différence sur les résultats économiques entre les deux troupeaux, les salers étant conduites pour exprimer au mieux leur potentiel laitier. »

C’est pour son troupeau de charolaises qu’il a été lauréat en 2024 du Sabot d’or. Le troupeau était depuis déjà longtemps conduit à 100 % en IA. En 2018, l’éleveur a enclenché des choix de gestion du troupeau basés sur l’intensification des performances animales. Il est passé en vêlage à deux ans (pour toutes les génisses), et tous les veaux sont génotypés. « Quand on a de la génétique, il faut la faire parler », présente Xavier Herbert. Le tri des génisses est basé sur leur score génomique. « Avec Didier Oden après pointage, on est d’accord sur presque toutes les génisses et on discute sur peut-être deux d’entre elles », remarque Xavier Herbert. La plupart des mâles sont vendus broutards à huit mois. En 2024, leur poids moyen était de 434 kilos. Quelques-uns sont vendus à 24 mois comme reproducteurs après avoir été testé dans l’élevage sur quelques vaches, et certains deviennent taureaux d’insémination.

Faire parler la génétique

« J’aime beaucoup analyser les chiffres et je suis toujours à l’affût des nouveautés. Je me fixe des objectifs techniques, ce qui n’empêche pas d’aimer son troupeau et d’en prendre soin », explique l’éleveur qui conduit aussi un atelier de porcs en système naisseur-engraisseur.

Xavier Herbert choisit les taureaux d’IA sur les critères de croissance et aptitude au vêlage, et aussi sur le lait. Epernay, puis Jumper ont marqué le troupeau, et plus récemment, Onedream P représente le top pour Xavier Herbert. « On travaille la longueur des animaux, car la longueur fait le poids, et ceci en faisant attention aux dos, tout en maintenant un équilibre entre muscle et squelette. » Il ne cherche pas à avoir des animaux de concours, et le fait qu’environ 20 % des reproductrices sont porteuses d’ataxie n’est pas un motif de réforme. Comme toutes sont génotypées, l’éleveur gère l’expression du gène. « J’utilise ponctuellement des taureaux porteurs du gène sans cornes depuis deux ans seulement, et je ne m’oblige à rien sur ce critère. »

Si les mères à taureaux sont accouplées individuellement, trois ou quatre taureaux seulement sont choisis chaque année pour inséminer 90 % du troupeau. Sinon avec un troupeau qui tourne aussi vite, la gestion de la consanguinité deviendrait difficile.

« Toutes les vaches actuellement dans le troupeau ont vêlé à 2 ans, et je garde bien souvent leurs premiers veaux quand c’est des femelles pour les faire vêler à 2 ans aussi. » Si bien que sur six ans, trois générations sont présentes, et l’âge moyen du troupeau est actuellement de 4 ans et 2 mois.

Xavier Herbert utilise des taureaux à 103 à 105 en IFNais pour des vêlages à 2 ans, car les génisses sont à 110 ou 115, et 93 % des vêlages sont « sans aide » (98 % des vêlages des vaches sont sans aide). « On travaille en cumul génétique : on ne se trompe pas et on a l’homogénéité. » L’éleveur vise d’avoir presque toutes les reproductrices autour de 115 d’IVMat, plutôt que quelques vaches à 125 et d’autres à 100.

Si bien qu’il trie aujourd’hui surtout sur la période de reproduction. Car avec cette conduite génétique est mené l’objectif corollaire de contenir les périodes de vêlage sur 45 jours. Au 1er décembre, un groupage de chaleurs est opéré sur génisses et vaches, soit 85 femelles qui sont ensuite inséminées le même jour. « On fait un groupage sur des chaleurs naturelles : on met tout le monde sur la même ligne de départ. » Autour de 60 % sont pleines après la première IA, puis deux retours sont assurés, et 90 à 92 % de femelles sont pleines à ce stade normalement. « Un taureau de l’élevage en rattrape quelques-unes. À cinquante jours de reproduction, je trie 70 femelles pleines. Je gère le trop : je vends chaque année pour l’élevage des vaches pleines à 50 jours de repro. » L’IVV moyen était de 373 jours en 2023. Les vêlages commencent entre le 5 et le 8 septembre, et durent 45 jours.

<em class="placeholder">génisses charolaises d&#039;un an conduites pour un premier vêlage à deux ans</em>

Les charolaises ne sortent au pré qu’une fois leur premier veau sevré, quand elles ont 34 mois. « Je ne peux pas maîtriser les croissances avec un passage à l’herbe. » Xavier Herbert ne dispose d’ailleurs que de 14 hectares de prairies naturelles pour les charolaises, et elles y pâturent gestantes du 1er mai à mi-août avant d’être rentrées pour la préparation au vêlage. Il s’est fixé l’objectif d’atteindre un poids âge type de 400 kg sur les mâles à 210 jours, qui est actuellement de 370 kg.

Un travail simplifié et des atouts commerciaux

Cette conduite permet d’optimiser l’organisation du travail. Il n’y a que deux lots : les génisses et les vaches (primipares et vaches sont conduites de la même façon). Les vêlages durent 45 jours. Les retours en chaleurs, c’est trois jours de surveillance. Les vaccins, l’écornage, le sevrage… sont réalisés en une fois. Et la distribution de l’alimentation est aussi très rapide : « une mélangeuse est fabriquée par jour. On met tout dedans la veille sauf le maïs ou les pulpes, et le mélange se fait pendant qu’on paille. » Les nourriseurs à veaux sont remplis les lundi et vendredi.

Commercialement, cette conduite est aussi très intéressante. « Pour vendre les broutards le 25 avril, je contacte quatre à cinq acheteurs qui ont une semaine pour se positionner. Le lot leur permet de faire un semi-remorque. »

Fiche élevage

190 ha dont 155 ha de cultures (blé, betteraves sucrières et pommes de terre) et 35 ha de prairies permanentes
400 truies en système naisseur-engraisseur
65 vaches charolaises en système naisseur
70 vaches salers en système naisseur
2,8 UMO dont 1,8 salarié

Didier Oden d’Avenir conseil élevage : « une grande rigueur dans la conduite du troupeau »

<em class="placeholder">Didier Oden d&#039;Avenir Conseil Elevage</em>

« Xavier Herbert fait preuve d’une très grande rigueur dans la conduite du troupeau. Tous les postes génétiques progressent en même temps et régulièrement. En 2023, année prise en compte pour le concours des Sabots d’or 2024, l’IVMat moyen est de l’ascendance maternelle est à 110,5, et il était de 108 en 2020. Les poids âge type à 210 jours des mâles et des femelles augmentent aussi, de façon régulière tous les ans. »

Une ration pour l’année, distribuée en « repas »

« Je cale la ration en fonction des stocks d’herbe que j’ai, explique Xavier Herbert, et de façon à avoir fini le maïs avant l’été. » De l’herbe est enrubannée sur 20 à 25 hectares de ray-grass ainsi que toutes les cinq semaines sur une parcelle de 4 hectares éloignée. L’herbe est associée, selon les tarifs de l’année, soit à des pulpes de betteraves surpressées soit à de l’ensilage de maïs. Y sont ajoutés de l’aliment liquide et un correcteur azoté acheté qui est formulé spécifiquement selon les résultats d’analyse des fourrages. Cette année, il contenait 30 % de MAT et beaucoup d’énergie à cause de la faible qualité des récoltes de 2024. La ration apporte aussi des levures, des minéraux, du sel et de la magnésie, et en plus du sel est distribué en blocs à lécher.

« On travaille en « repas » Un repas représente 8 UF et est adapté pour un animal de 500 kg. » Les génisses à la repro ont 1 repas par jour, les vaches en préparation au vêlage en ont 0,8, puis 15 jours après vêlage elles passent à 1 repas, puis quand les veaux ont un mois et demi, elles mangent 1,3 repas. Quand les veaux sont sevrés, elles reçoivent 0,3 repas pour digérer la paille qu’elles ont à volonté.

Tous les veaux accèdent à volonté à un seul et même concentré acheté, à 17 % de MAT et pas moins de 12 % de fibres, avec des levures.

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