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Quels sont les produits de biocontrôle disponibles en maraîchage ?

Un aperçu global des produits de biocontrôle disponibles en maraîchage a été présenté lors de Med’agri Online. Un choix important de produits, mais qui nécessitent des conditions d’utilisation très précises pour maximiser leur efficacité.

Les produits de biocontrôle nécessitent souvent des conditions d’application très précises, avec des besoins en hygrométrie ou en température spécifiques.
© RFL

« Il est très important de bien connaître les produits de biocontrôle pour bien les positionner, rappelle Sara Fererra, conseillère maraîchage à la Chambre d’agriculture de Vaucluse, lors d’une conférence sur les produits de biocontrôle en maraîchage en octobre 2020 à l’occasion de Med’agri Online. Ces produits nécessitent souvent des conditions d’application très précises, avec des besoins en hygrométrie ou en température spécifiques ». « Les conditions d’application sont importantes à respecter pour avoir une efficacité optimale, appuie Anthony Ginez, de l’Aprel. Les produits de biocontrôle sont des outils qui vont être combinés pour mettre en place des stratégies efficaces de protection contre les bioagresseurs ». A l’Aprel, des essais sont menés depuis plusieurs années afin d’améliorer les stratégies de biocontrôle sur les cultures maraîchères essentiellement sous abri (voir page 56). Sara Fererra a présenté au cours de cette conférence un tour d’horizon des produits de biocontrôle disponibles en maraîchage, « une liste non exhaustive, afin d’avoir un aperçu global ».

« Pour ce qui est des insecticides à base de bactéries, on dispose principalement en maraîchage de produits à base de Bacillus thuringiensis, mentionne-t-elle. Ce sont des produits homologués contre les chenilles, comme DiPel DF, Delfin, Xentari… mais il y en a beaucoup d’autres. A base de champignons, on a par exemple le Mycotal contre l’aleurode ou le Naturalis contre divers ravageurs. » Il existe également des insecticides à base de sucre, c’est le cas par exemple d’Eradicoat qui contient de la maltodextrine.

Des produits à la fois fongicides et insecticides

La conseillère maraîchage cite également les insecticides à base de virus Helicovex et Littovir, homologués pour certaines espèces de chenilles, ainsi que Flipper, à base de sel potassique d’acide gras (savon noir). Concernant les fongicides à base de bactéries, Sara Fererra évoque parmi d’autres Amylo-X et Rhapsody. « De nombreux produits de biocontrôle sont à base de champignons : Trianum-P, Prestop, Tri-soil, Contans… ces produits ont des cibles très diverses, poursuit-elle. Par exemple, Contans est autorisé pour lutter contre le sclerotinia, une maladie du sol, alors que le Prestop a entre autres une autorisation sur le botrytis en aérien ». Ont également été évoqués les produits à base de levure, comme Julietta, et Armicarb, fongicide à base de bicarbonate de potassium, autorisé pour lutter contre l’oïdium sur différentes cultures maraîchères. « Certains produits de biocontrôle ont des cibles multiples, ils peuvent être à la fois fongicides et insecticides, note la spécialiste. C’est le cas de tous les produits à base de soufre. Ils sont autorisés surtout contre l’oïdium, mais certains ont aussi des autorisations contre l’acariose bronzée sur tomate. De même, les produits à base d’huile essentielle d’orange douce, comme Limocide, Essenciel ou Prevam +, sont autorisés contre l’oïdium et contre plusieurs ravageurs des cultures maraîchères ». Parmi les autres catégories de produits de biocontrôle, on peut noter les molluscicides, autorisés contre limaces et escargots (Sluxx HP, Ironmax…), les attractifs phéromone pour la confustion sexuelle (Isonet T3 par exemple), ou encore les nématicides (Nemguard granulés, à base d’extrait d’ail).

A lire aussi : Le biocontrôle pour mieux gérer la bactériose du melon

 

Des stratégies appliquées dans les fermes Dephy

Laurent Camoin, conseiller maraîchage à la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, a présenté des résultats obtenus chez des producteurs du réseau Dephy ferme maraîchage. Par exemple, un producteur de salade en conventionnel a diminué son Indice de fréquence de traitement (IFT) de synthèse de 70 % entre 2015 et 2020 (IFT passé de 9,4 à 3,1), tandis que l’IFT biocontrôle a augmenté en parallèle. « C’est un cas particulier, toutes les exploitations n’arrivent pas à ce niveau car tout dépend du niveau de départ », modère Laurent Camoin, mais les travaux des réseaux Dephy montrent bien l’importance des solutions de biocontrôle dans la réduction des IFT.

Trois produits de biocontrôle testés par l’Aprel

Mycotal, testé sur aubergine contre les aleurodes

Mycotal, de Koppert, est composé d’un champignon Lecanicillium muscarium et est homologué contre les aleurodes sur tomate, aubergine, concombre, poivron, fraisier. L’essai a été mené sur une culture d’aubergine plantée fin mars, conduite en PBI, avec introduction d’auxiliaires Amblyseius swirskii et Macrolophus pygmaeus contre aleurodes. Deux traitements Mycotal ont été appliqués à dix jours d’intervalle sur une forte population d’aleurodes (il est plutôt préconisé d’appliquer sur des faibles populations). Cet essai a permis d’établir une bonne efficacité du produit pour réduire les populations d’aleurodes. Juste après les traitements, il y a eu une forte baisse des adultes et des larves aleurodes. Par la suite, deux autres applications ont été faites pour maintenir les populations à un faible niveau en fin de culture. Des analyses en laboratoire ont confirmé la présence du champignon sur les larves.

 

Flipper, testé sur fraisier contre les pucerons

Flipper (De Sangosse), à base de sels potassiques d’acide gras, est homologué contre aleurodes, acariens, pucerons et thrips sur plusieurs cultures maraîchères. Deux essais ont été menés vis-à-vis des pucerons, sur une culture de fraisier hors-sol en PBI. L’un a été réalisé en conditions optimales : temps chaud et sec, et des pucerons surtout présents sur les hampes (donc très accessibles). Deux traitements ont été réalisés à une semaine d’intervalle sur une forte population de pucerons (il est normalement conseillé d’appliquer le produit dès les premiers signes d’infestation). Il y a eu une bonne efficacité du produit. Le second essai a été réalisé dans des conditions plus défavorables. Les pucerons étaient présents essentiellement au cœur des plantes et les conditions étaient peu séchantes (application début mars). Il n’y a pas eu d’effet du produit sur les populations de pucerons.

 

Isonet T3, testé sur tomate contre Tuta absoluta

L’attractif phéromone Isonet T3, de Biogard, est homologué contre Tuta absoluta sur tomate. Il faut appliquer les diffuseurs quelques jours avant la plantation dans tous les abris où se trouve de la tomate, à la dose de 1 000 diffuseurs/ha, de manière homogène mais en renforçant au niveau des bordures. Les diffuseurs doivent être renouvelés tous les 120 à 160 jours selon la saison (l’été, la diffusion des phéromones est très rapide). L’essai avait pour objet une culture de tomate conduite en AB, avec Macrolophus pygmaeus et des lâchers de trichogrammes comme protection de base contre Tuta. Sur la période de l’essai, les dégâts sur fruits ont pu être réduits de 90 % par rapport au témoin. La confusion sexuelle permet une protection de fond qui améliore l’efficacité des autres solutions de protection mises en œuvre contre Tuta : lâchers de Macrolophus, de trichogrammes ou autres produits de biocontrôle.

 

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