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Que cache la hausse des résultats économiques de l’agriculture française ?

Le « PIB agricole » a progressé en 2022, selon les comptes provisoires de l’agriculture publiés par l’Insee le 15 décembre. Une situation fragile selon les organisations professionnelles agricoles.

balle de paille dans un champs
© Pixabay

En 2022, la production agricole en valeur, hors subventions, a progressé de 17,4% par rapport à 2021 et la valeur ajoutée brute au coût des facteurs pour l’agriculture a crû de 18,2% en 2022, soit l’équivalent agricole du PIB, après une hausse de 11,5% en 2021, selon les comptes prévisionnels de l’agriculture nationale publiés par l’Insee le 15 décembre. Rapportée à l’actif, cette progression atteindrait 19,2% et 16,4% en euros constants.  

La hausse de valeur ajoutée brute de la branche agricole (regroupement de toutes les unités d’activité économique qui exercent les activités suivantes : culture de végétaux (y compris maraîchage et horticulture), élevage d’animaux, activités de travaux agricoles à façon, chasse et activités annexe) de 23,5% en 2022, qui retrouve ainsi son niveau du début des années 80, s’explique par la forte hausse de la production au prix de base (+17,1%) c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits.


Hausse des prix à la production

La hausse de la production de la branche agricole hors subventions sur les produits s’explique essentiellement par la hausse des prix (+16.5%), la progression étant limitée en volume (+0.8%). Une progression des prix qui touche particulièrement les céréales (+33.2%), les œufs (+67%) mais aussi les produits porcins (+24,4%), bovins (+22.1%), volailles (+19%) et lait (+17.7%).


Les prix des intrants s’envolent

Dans le même, les consommations intermédiaires de la branche agricole ont fortement augmenté, +12,4%, tirées par la hausse des prix sur fond de guerre en Ukraine, avec :

  • +78.4% pour les engrais et amendements
  • +39.1% pour l’énergie
  • +24.5% pour l’alimentation animale
     

Des volumes de production en baisse dans certains secteurs

Si la production agricole est restée globalement stable en 2022, certaines productions ont vu leurs volumes reculer comme :

  • Le maïs (-29.2%)
  • Les céréales (-10.9%)
  • Les protéagineux (-21.3%)
  • Les fourrages (-16.5%)
  • Les betteraves (-10%)
  • Les pommes de terre (-9.2%)
  • Les veaux (-5.5%)
  • Les bovins (-1.8%)
  • Le lait (-1.1%)
  • Les œufs (-1.8%)
  • Les volailles (-13%)


Des résultats fragiles

Ainsi si les évolutions économiques de l’agriculture en 2022 semblent favorables, les organisations professionnelles agricoles nuancent les résultats.

« Cette appréciation des résultats économiques de l’agriculture nationale est fragile, car il faut rappeler que l’agriculture a longtemps subi une érosion de ses prix et un recul de ses résultats : elle ne retrouve qu’en 2022 les niveaux de la valeur ajoutée qu’elle atteignait au début des années 1980 », note Chambre d’agriculture de France.

Cette situation tient en grande partie aux effets conjoncturels

Même tonalité du côté de la FNSEA : « cette situation tient en grande partie aux effets conjoncturels de reprise post-Covid et d’emballements des marchés des céréales après que la Russie ait envahi l’Ukraine. Ainsi, le résultat de 2022 reste fragile ». Le syndicat agricole majoritaire prévient : « d’une part l’agriculture reste soumise aux prix des marchés mondiaux, qui sont très volatiles et pourraient se retourner au moindre changement géopolitique : ceci, combiné aux normes qui se durcissent encore, et à des charges qui explosent, conduirait à un « effet ciseau » dévastateur pour l’économie des agriculteurs ». La FNSEA pointe aussi les conséquences du dérèglement climatique sur les rendements des cultures végétales et la poursuite de la décapitalisation dans les secteurs de l’élevage.

 

Un EBE moyen en hausse en 2021

Malgré la crise sanitaire persistante et des évènements climatiques défavorables pour certaines cultures, l’excédent brut d’exploitation (EBE) moyen des exploitations agricoles par équivalent temps plein (ETP) non salarié a augmenté de 27.9% (en prix 2021 constants) en 2021 par rapport à 2020, selon les chiffres du Réseau d’information comptable agricole (Rica) dévoilés le 15 décembre en commission des comptes de l’agriculture de la nation.

Cet EBE atteint 67 130 euros en moyenne en 2021, après prise en compte des charges financières et des amortissements, le résultat courant avant impôt (RCAI) par ETP non salarié s’élève, pour sa part, à 41 170 euros, en hausse de 53,3% par rapport à 2020, souligne le ministère de l’Agriculture.

Les résultats diffèrent toutefois en fonction de la spécialisation des exploitations, avec une hausse des résultats plus importante pour les céréales, les oléagineux et protéagineux (progression de l’EBE par ETP non salarié de 89,8%), dans une moindre mesure pour les exploitations viticoles (+15%) et le secteur avicole (+9.3%) soutenu par les subventions en 2021. Parmi les exploitations spécialisées en production animale, les résultats ont également progressé pour les producteurs laitiers, les éleveurs de bovins viande et ceux d’ovins-caprins. A l’inverse, les résultats des filières maraîchères et porcines ont diminué.

La disparité est aussi marquée entre exploitations. Ainsi en 2021, pour un quart des exploitations, l’EBE par ETP non salarié est inférieur à 30 020 euros, alors qu’à l’autre extremité un quart des exploitations a un EBE par ETP non salarié supérieur à 87 370  euros.

 

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