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Agroforesterie : quand les services rendus par les arbres aux cultures entrent en compétition

Dans les parcs agroforestiers africains, les arbres apportent quantité de services écosystémiques aux populations qui les entretiennent, comme aux cultures auxquelles ils sont associés dans les parcelles agricoles. Mais ces services entrent parfois en compétition, entraînant des effets négatifs sur les productions agricoles. Ces derniers peuvent être atténués par l’adaptation des pratiques agricoles.

etude cirad
Le Faidherbia albida, est une espèce dominante dans le parc agroforestier du centre du Sénégal, maintenue par les agriculteurs sérères dans leurs parcelles agricoles pour sa fourniture de fourrage de grande qualité.
© L. Leroux, Cirad

Les parcs agroforestiers sont des espaces agricoles peuplés d’arbres éparses, sélectionnés progressivement par les agriculteurs au fil de rotations cultures-jachères. Ils leurs fournissent des produits pour l’alimentation humaine et du fourrage pour les animaux. Ils sont également utiles en matière énergétique ou encore pour fabriquer des produits artisanaux. Leur couvert offre aussi une meilleure résilience aux productions agricoles face aux aléas climatiques ou sanitaires : ombrage, humidité, santé du sol. Ces avantages, appelés « services écosystémiques », sont le plus souvent étudiés séparément et à l’échelle de l’arbre.

« Identifier plus finement les bons leviers d’adaptation des pratiques agricoles »

Or, une étude du Cirad publiée dans le numéro de décembre de la revue Science of The Total Environment, qui propose pour la première fois une analyse relationnelle de ces services à l’échelle du paysage apporte des nuances aux bienfaits apportés par les arbres.

« Sur les onze services écosystémiques étudiés dans les parcs agroforestiers sénégalais, nous avons mis en évidence l’existence de compétition entre les services sur plus de 50 % du territoire », indique Louise Leroux, géographe au Cirad et première auteure de l’étude. « C’est un résultat majeur car il permet de nuancer les avantages connus à l’échelle de l’arbre. En fonction des relations observées entre ces services, on va pouvoir identifier plus finement les bons leviers d’adaptation des pratiques agricoles ».

« Les analyses des services pris individuellement sont essentielles pour bien comprendre l’impact des arbres sur les productions agricoles »

Actuellement, la plupart des études analysent les services écosystémiques rendus par les arbres aux cultures sans tenir compte des relations entre ces services, ou bien en omettant de prendre en compte l’hétérogénéité des parcs, en termes de densité d’arbres ou de diversité d’espèces.

Les chercheurs estiment désormais que les analyses des services pris individuellement sont essentielles pour bien comprendre l’impact des arbres sur les productions agricoles. Par exemple, le Faidherbia albida, une espèce d’arbres largement répandue dans les parcs agroforestiers sénégalais pour le fourrage de grande qualité nutritionnelle qu’il fournit, favorise notamment la fixation de l’azote atmosphérique dans les sols. Cette caractéristique participe à la restauration de la fertilité des sols et permet de réduire l’utilisation d’intrants de synthèse par les agriculteurs. Ces analyses sont en revanche insuffisantes pour comprendre les relations entre ces services et leur variabilité au regard de l’écosystème dans son ensemble.
 

Identifier les « zones de synergie »

Louise Leroux souligne : « Si on s’intéresse aux relations à l’échelle du paysage, on remarque que certains services entrent en compétition dans plusieurs zones du parc étudié, alors qu’ils sont en synergie dans d’autres zones. Les bénéfices s’annulent… ce qui implique de repenser les modes de gestion des cultures et du parc agroforestier dans son ensemble, afin de limiter les compétitions entre services. Si on veut améliorer l’efficacité « agronomique » de ces parcs, on doit identifier les zones de synergies et les analyser afin de mieux en  comprendre les déterminants ».
 

Jouer sur les pratiques agricoles pour booster les synergies

Les scientifiques ont notamment mis en évidence que les synergies entre les services écosystémiques sont favorisées dans un rayon de dix mètres autour de l’arbre. Ils encouragent donc les agriculteurs et paysans à concentrer leurs apports de matières organiques au-delà de ce rayon, afin d’optimiser la gestion de leurs sols. « Ces parcs sont très anciens », rappelle Josiane Seghieri, écologue à l’ Institut de recherche pour le développement (IRD) et coordinatrice du projet RAMSES II (qui vise à fournir des scénarios innovants d’intensification des parcs agroforestiers en Afrique de l’Ouest en contribuant à une production agricole durable et à la sécurité alimentaire dans la région). « Le but de cette étude n’est pas seulement de dire qu’il faudrait ajouter des arbres, mais plutôt qu’il existe des marges de manœuvre pour rendre plus performante la gestion des parcelles agricoles dans ces zones » ajoute Josiane Seghieri.

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