Qualité du lait : « Mon souci de germes provenait de la pompe doseuse de produits lessiviels »
À la SCEA de Beaudival dans le Nord, un problème de germes est intervenu quelques mois après la mise en route du robot de traite. Il a fallu investiguer pour identifier l’origine de cet épisode.
« Notre stalle de robot a été installée en octobre 2024 », se souvient Célestin Jaunel, à la tête d’un troupeau de 65 prim’Holstein avec son beau-père. Rien à signaler côté germes durant les six premiers mois avec une moyenne autour de 9 000 germes/mL. Les éleveurs ont suivi à la lettre la recommandation du constructeur de l’installation de trois lavages quotidiens les trois premiers mois avant de passer à deux lavages par jour. « Et quelques mois plus tard, ça a commencé “à bricoler”, dépeint Célestin. Les analyses ont révélé 15 000, 20 000, puis 25 000 germes/ml. Ça montait doucement. Rien de catastrophique, mais c’était anormal. »
Face à ces résultats, Célestin a commencé à investiguer pour remonter à l’origine du problème. Le premier réflexe a été de repasser à trois lavages quotidiens. « En parallèle, j’ai inspecté le piège sanitaire du robot, les raccords, la vanne trois voies au pied du tank, le tank tampon… Des points stratégiques de l’installation où je soupçonnais que le nettoyage pourrait se montrer plus aléatoire. » Visuellement rien de particulier n’a été repéré, mais par défaut, l’éleveur a démonté les pièces qui pouvaient l’être afin de les laver à l’eau chaude avec de l’alcalin.
Le tank et le robot sont mis hors de cause
Malheureusement, cette précaution n’a pas eu l’effet escompté : les germes ont continué de progresser. L’enquête se poursuit donc en direction du tank. « J’ai vérifié que la température du lait correspondait bien à celle qui s’affichait. Là encore, rien à signaler, hormis un petit écart de 0,3 °C qui ne pouvait expliquer à lui seul la montée de germes… »
Ne sachant plus par quel bout s’y prendre, Célestin a fait appel au service maintenance préventive du robot. Mais cette piste fait à nouveau flop : le robot est contrôlé et mis hors de cause. Sous l’impulsion de son conseiller d’élevage, une analyse bactériologique plus poussée que celle des germes totaux est alors entreprise. « Les souches détectées ont mis en lumière deux nouvelles pistes potentielles, expose l’éleveur. Soit un refroidissement trop lent du lait après ramassage par le laitier, soit une quantité insuffisante de produit lessiviel. »
Le tuyau de la pompe doseuse était obstrué
Ces nouveaux indices ont mis l’éleveur et son technicien sur la bonne voie : celle de la pompe doseuse de l’alcalin, où le produit avait cristallisé à l’intérieur du tuyau de la pompe. À moitié bouchée, elle ne distribuait plus que la moitié de la dose d’alcalin… « J’avais pourtant pris soin de contrôler que les produits lessiviels étaient bel et bien prélevés au moment du lavage pendant le laps de temps adéquat, mais sans mesurer la quantité exacte délivrée », regrette Célestin, satisfait néanmoins d’avoir résolu cette énigme et retrouvé un niveau de germes à 9 000/ml, une fois la pompe doseuse renouvelée. Une enquête rondement menée.
Fiche élevage
65 vaches à 10 000 l
36 de TP et 47 de TB
680 000 l de lait produits
1 stalle robotisée
2 UMO
La bactério a parlé
« Dans les situations où il est difficile d’établir clairement l’origine d’un problème de germes ou lorsque les modifications n’ont pas permis d’amélioration, je préconise en seconde intention une analyse des différentes familles de germes (E. coli, coliformes totaux, psychotrophes, germes thermorésistants, pseudomonas), plus précise que celle des germes totaux », indique Laurent Hédon d’Avenir Conseil Élevage. Selon le profil, cela aide à mieux cibler les recherches : défaut de lavage de l’installation, problème d’encrassage, ou souci de refroidissement du lait. « Le coût d’une telle analyse (100 €) est ridicule comparé à celui des pénalités risquées pour cause de germes », estime Célestin Jaunel.