Proposition de loi Duplomb : quels étaient les usages des néonicotinoïdes en cultures de fruits et légumes ?
La proposition de loi Duplomb, qui prévoit notamment la réautorisation de certains néonicotinoïdes, suscite l'opposition. Les filières de production de fruits et légumes étaient nombreuses à utiliser cette famille de pesticides jusqu'à leur interdiction en 2018. Quatre exemples de situations où les néonicotinoïdes étaient utilisés sont présentés ici, ainsi que les alternatives actuellement à l'étude.
La proposition de loi Duplomb, qui prévoit notamment la réautorisation de certains néonicotinoïdes, suscite l'opposition. Les filières de production de fruits et légumes étaient nombreuses à utiliser cette famille de pesticides jusqu'à leur interdiction en 2018. Quatre exemples de situations où les néonicotinoïdes étaient utilisés sont présentés ici, ainsi que les alternatives actuellement à l'étude.

La proposition de loi Duplomb suscite la controverse. Ce texte, qui vise à « lever les contraintes au métier d’agriculteur », sera examiné en séance publique à l’Assemblée nationale le 26 mai après avoir été adopté par le Sénat fin janvier. Il est actuellement discuté en commissions. En plus de l'opposition de la filière apicole, cette proposition de loi a fait l'objet d'une lettre ouverte au gouvernement, publiée lundi 5 mai par plus d'un millier de médecins et de scientifiques, dénonçant notamment l'impact nocif des pesticides sur la santé.
La proposition de loi prévoit notamment la réautorisation de certains néonicotinoïdes, famille de pesticides interdite en France depuis 2018 en raison de sa dangerosité pour la biodiversité et pour les abeilles en particulier. Les filières de fruits et légumes étaient pour beaucoup utilisatrices de néonicotinoïdes, très efficaces contre de nombreux ravageurs, notamment trois molécules, l’acétamipride, le thiaclopride et le thiaméthoxame. De nombreuses pistes d’alternatives sont explorées par la recherche et l’expérimentation, mais les filières sont en attente de solutions opérationnelles.
Pomme : puceron cendré

Pour lutter contre le puceron cendré, l’acétamipride était largement utilisé avant l’interdiction des néonicotinoïdes. Depuis, la protection en conventionnel contre ce ravageur repose essentiellement sur l’insecticide systémique Teppeki et sur l’insecticide de contact Karaté K. (le Movento a été retiré en 2024). Des stratégies de lutte automnale sont testées depuis plusieurs années et commencent à s’affiner (application d’argile, défoliation, biocontrôle).
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Noisette : punaise diabolique et balanin

L’acétamipride était utilisé contre les deux ravageurs majeurs des cultures de noisettes, la punaise diabolique et le balanin. Il est interdit depuis 2018 mais avait obtenu des dérogations d’usage jusqu’en 2020. L’Association nationale des producteurs de noisettes a chiffré les pertes engendrées par la punaise diabolique sur la vente de noisettes à plus de 20 millions d’euros en 2024. L’une des principales pistes de lutte alternative est l’utilisation de parasitoïdes oophages. Deux espèces candidates déjà présentes en France ont été identifiées, Trissolcus mitsukurii et Trissolcus japonicus.
Asperge : criocère

Devenu le problème n°1 en production d’asperge, le criocère est désormais présent dans toutes les régions de production. Les pyréthrinoïdes (deltaméthrine et lambda-cyhalothrine) sont désormais la principale famille de pesticides utilisable, mais ils sont moins efficaces. Tous les leviers doivent être mobilisés pour endiguer la présence du criocère. Le fait de favoriser ses auxiliaires naturels (chrysopes, punaises prédatrices, araignées…) peut contribuer à limiter les populations. Un autre levier en cours d’évaluation est celui des médiateurs chimiques, pour attirer et piéger les criocères ou pour les repousser. D’autres techniques sont testées par des producteurs ou dans d’autres pays, comme le brûlage avec un désherbeur thermique, l’aspiration ou le soufflage, les nématodes, la terre de diatomée…
Fraise : pucerons

La substance active la plus utilisée et la plus efficace contre la majorité des espèces de pucerons était un néonicotinoïde, le thiaclopride. Depuis 2017, Eradicoat (à base de maltodextrine) et Flipper (à base d'acides gras) sont deux produits de biocontrôle homologués à action physique sur pucerons. Ils ont montré des efficacités intéressantes en phase de production sur les pucerons du fraisier. Des produits de biocontrôle à base de champignons entomopathogènes Beauveria bassiana ont aussi montré des efficacités intéressantes, mais seulement en conditions d’hygrométries élevées et de températures supérieures à 20°C. Ces conditions ne sont pas réunies sous serre de production de fraises en période d’infestation de pucerons (janvier-février puis avril) mais peuvent l’être en phase de pépinière (septembre-octobre).
Mais aussi...
La mouche du brou du noyer, le psylle du poirier, le puceron vert du pêcher, la mouche du navet, les cochenilles sur prunier, les pucerons sur salade…