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Production d’œufs : l’EARL des Trois sites a investi 1,27 million d’euros pour sortir les poules des cages

Gwenaël Carrée a transformé prématurément en volières et véranda superposées son bâtiment de 82 000 pondeuses en cage, tout en minimisant la réduction de cheptel.

Gwénaël avec ses enfants Maxence et Camélia : Même si la charge financière reste importante, Gwénaël est plutôt satisfait de tourner une nouvelle page de sa vie de producteur d’œufs.
Gwénaël avec ses enfants Maxence et Camélia : Même si la charge financière reste importante, Gwénaël est plutôt satisfait de tourner une nouvelle page de sa vie de producteur d’œufs.
© P. Le Douarin

Installé en centre Bretagne à La Motte (Côtes d’Armor), Gwenaël Carrée fait partie des producteurs d’œufs de code 3 qui avaient investi dans des cages aménagées (750 cm²/poule) peu de temps avant la date butoir du 1er janvier 2012, voire après dans son cas.

Pour s’adapter à l’évolution du marché qui s’est retourné vers l’œuf de poule « hors cage », Gwenaël Carrée a dû faire un choix : fermer son poulailler de 82 000 poules démarré en 2012 ou bien le transformer. Avec sa coopérative partenaire, il avait obtenu en 2012 la garantie de sept bandes, mais pas plus. Pour en faire une huitième, il a changé de partenaire (Cocorette) en s’engageant à effectuer les aménagements nécessaires pour le lot suivant qui a débuté fin mars. « J’ai mis un certain temps à prendre cette décision, admet Gwenaël. Je n’étais pas très motivé pour transformer le poulailler en deux salles superposées et mes encours de crédit étaient élevés. »

Il a fait le pas fin 2020 pour devenir producteur d’œufs pondus hors cage, avec 75 000 poules Novogen logées dans des volières Tecno. Avec ce poulailler pris en sandwich entre un ancien bâtiment transformé en stockage et un récent de 2018 abritant 30 000 poules en mode plein air, la transformation en code 2 était la seule solution.

Jardin d’hiver sur deux niveaux

Aujourd’hui, deux prêts courent encore sur ce poulailler, avec 200 000 euros à rembourser jusqu’en 2024 pour les équipements et autant pour le bâtiment jusqu’en 2027. Ses choix techniques ont été dictés par la nécessité de garder le maximum de places tout en minimisant l’investissement par poule.

 

 
L’ajout du jardin d’hiver de 7 m de large a couté environ 150 000 euros, y compris les fenêtres.
L’ajout du jardin d’hiver de 7 m de large a couté environ 150 000 euros, y compris les fenêtres. © P. Le Douarin

 

C’est pourquoi, Gwenaël a fait construire une extension latérale de 7 mètres de large sur deux niveaux, permettant de garder 75 000 places et de passer en code 2 + premium au prix plus rémunérateur.

L’impression d’espace est meilleure à l’étage supérieur du bâtiment qui abritait 8 niveaux de cages aménagées.
 

 

Les six batteries à 8 niveaux avec plancher intermédiaire ont été remplacées par deux salles ayant quatre rangées de volières AS 250 Tecno à trois niveaux avec double pondoir central. Leur base large (2,5 m contre 1,8 m au niveau supérieur) permet de loger des poules et le rapport prix/qualité était intéressant.

 

Les trappes TPI insérées dans le pignon opposé aux turbines d’extraction ont été très efficientes durant cet été.

 

Par ailleurs, Gwenaël a fait poser des fenêtres occultantes à lattes (Sam Occulta), des trappes Kan’air latérales au rez-de-chaussée et des trappes TPI en pignon pour accroître les vitesses d’air en extraction longitudinale. « Avec cet été torride, la ventilation a très bien fonctionné malgré l’absence de brumisation » souligne-t-il.

Refaire l’installation électrique (éclairage Led) et ajouter des trappes (Kan‘air et TPI) ont coûté de l’ordre de 150 000 euros.

Trésorerie tendue

Les anciennes cages ont été soigneusement démontées pour aller au Maroc. Même si cela a pris plus de temps que prévu (un mois et demi), « j’aurais eu mal au cœur de voir ce matériel en bon état finir à la poubelle », commente l’éleveur. Pour finir, l’opération lui a rapporté 20 000 euros.

Signé en janvier 2021, avant la flambée des prix de construction, le chantier de démontage et de rénovation s’est déroulé en sept mois pour ne pas trop dégrader la trésorerie qui s’avère tendue avec la conjoncture aliment et les charges de structures. « Outre les deux prêts du poulailler rénové, j’ai le poulailler plein air de 2018 à rembourser (un peu moins d’un million d’euros à l’époque) et l’installation de séchage et de granulation des fientes faite courant 2020 (pour 700 000 euros environ), souligne l’éleveur.

Gwénaël a investi de l’ordre de 700 000 euros dans l’atelier de séchage et de granulation qui lui apporte une plus-value intéressante.

En ce moment, vendre du granulé de fiente est très intéressant par rapport à la fiente brute séchée, avec un prix qui a presque doublé depuis un an et demi. »

Les granulés de fientes ont pris de la valeur avec les tensions sur les fournitures d’engrais ukrainiens.

Rester producteur d’œufs

Le nouvel investissement s’élève à 1, 27 millions d’euros, soit un peu moins de 17 euros par place, dont environ 12 euros pour la volière. « Avec une de mes banques partenaires qui me fait confiance, j’ai pu avoir un différé de remboursement de douze mois pour soulager la trésorerie. » Car s’ajoutent les 2,50 euros par poule d’équipements intérieurs encore à rembourser jusqu’en 2024 et autant pour le bâtiment jusqu’en 2027. Gwénaël Carrée sait qu’il ne faut plus qu’il lui arrive d’imprévu et demeure confiant. « J’ai choisi de rester dans le métier de l’œuf. J’ai l’avantage de ne pas débuter avec la volière que je pratique depuis 2018. Ce lot a bien démarré. Je sais où se trouve la surcharge de travail, dans le suivi des poules (acclimatation notamment) et le nettoyage. Je me sens plus tranquille avec un atelier de 105 000 poules répondant aux attentes sociétales et avec la certitude de trouver des acheteurs pour mes œufs. »

Le coût de la transformation

Production d’œufs : l’EARL des Trois sites a investi 1,27 million d’euros pour sortir les poules des cages
 

 

900 000 euros pour les volières Tecno AS 250 montées

150 000 euros pour l’électricité et la ventilation

150 000 euros pour les deux jardins d’hiver

 

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