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Récolter le potimarron au bon stade

Le stade de récolte optimum du potimarron est probablement plus précoce que ce que pratiquent actuellement les producteurs. Le programme Optipot devrait permettre de le caractériser plus précisément à l’aide de critères morphologiques et biochimiques.

Le programme national baptisé Optipot(1) cherche à optimiser l’itinéraire cultural du potimarron afin d’améliorer sa conservation. « La conservation de ce fruit reste la phase la plus délicate de la production. Si les problèmes sanitaires sont rares en culture, les problèmes de pourriture en conservation sont nombreux », commentent Maët Le Lan, Chambre d’agriculture/SEHBS et Jean-Michel Collet CTIFL/Caté dans Aujourd’hui & Demain. En effet, les pertes en stockage sont principalement dues à des champignons, notamment Didymella bryoniae. La durée de conservation est très variable, en moyenne de deux à quatre mois et jusqu’à six mois. Cette durée semble dépendre de plusieurs facteurs déjà travaillés en Bretagne : variétés, conduite culturale et conditions de stockage. Il n’existe aucune mesure curative pour limiter ces problèmes mais il est possible d’améliorer la conservation par des mesures préventives. « Depuis maintenant trois ans, à la station SEHBS, la date de récolte est un levier qui semble se confirmer », assurent les expérimentateurs.

Il ne suffit pas de couper au stade dit optimum

Des résultats obtenus en 2017 et 2018 à Auray (Morbihan, SEHBS) et à Saint-Pol de Léon (Finistère, Caté) ont montré que les producteurs bénéficieraient de meilleures conditions de conservation en récoltant plus tôt. Cependant, le stade optimum est encore mal connu. Ce stade a pu être approché grâce aux expérimentations de la saison 2018-2019. Il correspond approximativement à 400 degrés jours base 6 °C à partir de la floraison à Saint-Pol, environ 380 degrés jours base 8 °C à Auray mais d’autres modes de calcul ont été utilisés avec autant de succès dans d’autres régions. « Ce stade peut être appelé « stade optimal » bien qu’il reste du travail à faire pour le définir plus précisément », commentent les spécialistes (voir encadré). Par convention, le stade auquel les producteurs récoltent habituellement sera appelé « témoin », deux autres stades sont également étudiés : « surmaturité » et « sous-maturité ». A la SEHBS, les hivers 2018-2019 et 2019-2020 confirment que plus les récoltes sont précoces, meilleure est la conservation. C’est la modalité sous-maturité qui donne significativement les meilleurs résultats en conservation. A noter également qu’il ne suffit pas de couper au stade dit optimum, il faut aussi ramasser les courges. En effet, les potimarrons de la modalité « optimum laissés au champ » se conservent significativement moins bien que l’optimum (= coupe et ramassage à la même date) et pas mieux que le témoin ou la surmaturité. Les résultats du Caté vont dans le même sens, même si la modalité sous-maturité n’y a pas été reprise.

Ne pas attendre le dessèchement complet de la végétation

Au stade optimum, le pédoncule, loin d’être sec, a tout de même commencé à se lignifier. Le feuillage, quant à lui, est tout juste en cours de sénescence (jaunissement) plus ou moins accentué selon l’importance prise par l’oïdium. La matière sèche des fruits mûrs tourne autour de 13 à 14 %, sans changement notable quand on va vers la surmaturité. « La couleur de la chair et de la peau est acquise dès le stade optimum alors qu’elle est plus pâle auparavant. Au cours de la conservation, la chair devient moins ferme tandis que la peau devient plus résistante », précisent Maët Le Lan et Jean-Michel Collet. Les tests de qualités organoleptiques effectués à la SEHBS sur les récoltes 2018 montrent des qualités très médiocres pour la modalité récoltée en « sous maturité ». En revanche, des différences ne peuvent pas être constatées entre les autres stades. Le stade optimum de récolte devrait être défini à l’aide de critères biochimiques, mais également être décrit en termes de stades phénologiques à l’attention des producteurs. On sait déjà qu’il ne faudra pas attendre le dessèchement complet de la végétation mais il faudra probablement trouver un compromis qui ne complique pas trop la récolte. En effet, un feuillage encore très dense risque de compliquer les opérations de récolte et le séchage au champ. Dans l’idéal, le temps de séchage au champ après la coupe devrait être réduit au strict nécessaire car on a constaté que laisser les fruits coupés trop longtemps au champ diminue leur aptitude à la conservation. « A Auray, le stade sous maturité 2020 a été récolté le 10/08/2020 et le stade optimal le 19/08/2020. Cette année, la Chambre d’agriculture de Bretagne communique aux producteurs par SMS et conseils de saison le stade optimal de récolte du potimarron, déterminé par la somme de degrés jours déclenchée en fonction de la floraison de la parcelle et prenant en compte différentes zones géographiques de Bretagne », explique Maët Le Lan. Le brossage ou l’absence de brossage ne semble pas jouer sur l’aptitude à la conservation. En revanche, la récolte anticipée des courges cultivées sur paillage biodégradable permet d’avoir deux fois moins de fruits souillés à la récolte et une meilleure conservation au stockage. D’autres leviers, notamment une réduction du temps de séchage au champ et l’évolution de la gamme variétale disponible (voir encadré), devraient également apporter des améliorations.

(1) Démarré en 2018, Optipot est cofinancé par Interfel et regroupe la Serail, l’Aprel, le CTIFL, le PLRN, le Caté et la SEHBS.
 
 
 

Variétés : une question de compromis

De nombreuses variétés ont été testées par la SEHBS par le passé et plus récemment par le Caté. La variété la plus cultivée est Orange Summer (référence, variété Enza Zaden), qui est un compromis entre forme, calibre et aptitude à la conservation. A titre d’exemple, la variété Enza Zaden n° 13 se conserve mieux qu’Orange Summer mais pâtit de ses petits calibres. La variété n° 41 (maintenant nommée Kaori Kuri) a donné régulièrement depuis trois ans des résultats meilleurs qu’Orange Summer (calibres intéressants, rendement à la hauteur d’Orange Summer, conservation plus longue). A l’inverse, la variété n° 80 (maintenant nommée Hot summer) se conserve tantôt aussi bien que la référence, tantôt nettement moins bien, notamment dans le Finistère. Si le classement variétal est stable dans les grandes lignes, la durée de conservation varie énormément d’une année sur l’autre. On voit donc que la génétique est un levier important mais que le choix d’une variété est un compromis délicat. Il faut donc compléter cette démarche en s’intéressant à d’autres facteurs.

Des facteurs au champ

Des dates de semis plus tardives conduisent à des récoltes plus tardives. La durée de conservation après récolte reste peu impactée. Mais, des semis trop tardifs conduisent à des rendements moins importants en nombre de fruits et en poids. Un semis en semaine 21 donne de meilleurs résultats qu’en semaine 24.

L’irrigation, où elle est nécessaire, peut être une source de problèmes tels que les fruits fendus.

Rédaction Réussir

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