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Un protocole de vaccination Improvac pour chaque marché

Une étude belge démontre que selon l’âge des porcs mâles entiers à la seconde injection du vaccin contre les odeurs sexuelles, le TMP et la couverture de gras peuvent varier afin de s’adapter aux demandes de l’aval.

En faisant varier le moment de la vaccination, le TMP final peut varier de plus de 2 points.
En faisant varier le moment de la vaccination, le TMP final peut varier de plus de 2 points.
© Kowalski, ILVO, Meat Science

L’Institut de recherche Belge Ilvo de Melle et l’Université de Gant viennent de publier en commun une étude très claire afin d’aider les éleveurs à piloter le positionnement de la seconde vaccination du vaccin antiodeur Improvac de Zoetis afin de satisfaire les demandes de l’aval. Ils démontrent qu’il est possible d’obtenir soit des carcasses sans odeurs très maigres sur des issus de verrats Piétrain belges nn ou Piétrain belges NN avec une seconde vaccination tardive, soit des carcasses plus grasses et toujours sans odeurs avec un rappel de vaccination précoce sur des issus de verrat Duroc canadien Hypor.

Après une primovaccination qui se fait à 11 semaines d’âge, les chercheurs ont réalisé des secondes vaccinations huit semaines avant l’abattage (précoces), six semaines avant l’abattage (moyennes) ou quatre semaines avant l’abattage (tardives), sur des porcs charcutiers abattus relativement légers (108 kg de poids vif).

Du maigre avec une seconde vaccination tardive sur des issus de Piétrain

Une seconde vaccination la plus tardive possible (90 kg, 4 semaines avant l’abattage) permet au porc charcutier de se comporter comme un mâle entier sur une longue période. Il dépose moins de gras en fin d’engraissement. Ce comportement se vérifie quel que soit le type génétique. Les issus mâles de verrats Piétrain nn étant plus conformés obtiennent des TMP de porcs vaccinés tardivement très proches des femelles (64,6 vs 64,8). Le TMP baisse à 63,1 (-1,5 point) pour un rappel à 70 kilos, et à 62., 7 (-2,1 points) si la seconde vaccination est faire à 55 kilos.

Cette valeur se situe à un niveau intermédiaire entre les porcs mâles castrés et les femelles. Les résultats de TMP sont similaires sur les issus de verrats Piétrain NN, avec des niveaux légèrement inférieurs. Les carcasses très maigres de ces issus de Piétrain nn ou NN obtenues avec une seconde vaccination tardive répondent bien aux marchés de la salaison du cuit (jambons et rôtis cuits, lardons maigres…) dont l’objectif est de produire des produits cuits maigres à bon rendement de désossage et de dégraissage. Elles peuvent constituer un plus en comparaison à une production de porcs castrés sous anesthésie qui seront plus gras.

 

 
Un protocole de vaccination Improvac pour chaque marché

 

Du gras avec une seconde vaccination précoce sur des issus Duroc

Un rappel de vaccination réalisé à 65 kilos sur des issus de verrats Duroc Hypor a permis de produire des carcasses proches de 60 de TMP, soit deux points de moins que les témoins femelles (62,5). Avec un rappel de vaccination tardif (85 kg), le TMP se situe en position intermédiaire. Cette production peut donc répondre aux besoins de marchés qualitatifs en frais recherchant une viande plus persillée et sans odeur. Elle peut aussi convenir aux marchés de produits secs de qualité supérieure (jambon sec nécessitant des épaisseurs de lard au jambon de plus de 10, voire 15 mm pour des durées d’affinage importantes, coppa, lomo, saucisson sec de qualité…).

 

 
Un protocole de vaccination Improvac pour chaque marché

 

La vaccination tardive permet un meilleur indice

Logiquement, l’indice de consommation s’améliore quand la seconde vaccination est faite tardivement. Les porcs mâles Piétrain nn vaccinés à 90 kilos ont ainsi obtenu un indice de consommation de 2,23, contre « seulement » 2,35 pour ceux qui ont été vaccinés à 55 kilos. À noter malgré tout que la conversion alimentaire de ces derniers reste meilleure que celle des témoins femelles (2,4). La tendance est la même pour les issus de verrats Piétrain NN et de Duroc.

 

 
Un protocole de vaccination Improvac pour chaque marché

 

Le taux de testostérone très bas après la seconde vaccination

Quelques soit les types génétiques les taux de testostérone chutent drastiquement après le rappel de vaccination, qu’il soit précoce ou tardif. Avec la vaccination Improvac, les testicules sont visibles, mais atrophiés. Leur poids baisse d’autant plus que la seconde vaccination est précoce, ce qui traduit l’action du vaccin qui empêche la production de la GnRH responsable du développement testiculaire. Le poids des deux testicules est en moyenne de moins de 150 g contre près de 1 kilo pour un mâle entier. Le taux de testostérone entre deux semaines après la seconde vaccination et l’abattage remonte légèrement, mais non suffisante pour accroître le risque de carcasses malodorantes.

 

 
Un protocole de vaccination Improvac pour chaque marché

 

Les indicateurs d’odeur de verrat au plus bas

Quel que soit le positionnement du rappel de vaccination, les valeurs d’androsténone se maintiennent à des niveaux très faibles. Pour rappel l’androsténone est un indicateur d’odeur de verrat produit par les testicules. Elle est stockée dans le gras et les glandes salivaires, et provoque une odeur urinaire forte de verrat. Près de 100 % des analyses sont à moins de 1,5 µg/g de gras, la limite fixée en odeur d’androsténone par cette étude sur les porcs issus de verrats Piétrains NN ou nn (cf. tableau 1). À noter cependant que sur les issus de verrats Duroc, 3 % des mâles vaccinés présentaient une valeur supérieure à 1,5 µg/g de gras. Ce type génétique plus gras est réputé plus odorant. Le vaccin est également efficace pour limiter la présence de scatol qui est le second indicateur d’odeur de verrat (odeur de fèces, molécule produite dans le colon par la flore digestive), même si quelques animaux dépassent la limite fixée dans cette étude de 0,25 µg/g de gras (3 % de positifs sur les issus de Piétrain NN). Le vaccin a essentiellement un effet direct sur le taux d’androsténone et indirect sur la présence de scatol (faible corrélation de 0,3 entre ces 2 composés).

 

 
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Une qualité de la viande peu impactée par la vaccination

La qualité du maigre n’a pas été impactée dans cette étude quels que soient le type génétique et l’âge à la seconde vaccination. Les principaux indicateurs de la qualité de la viande, (pH1, pH ultime, pertes en exsudat) ne sont pas significativement différents selon les traitements vaccinaux. Le type génétique est plus influent sur les paramètres de qualité de viande avec un avantage pour le type génétique Duroc par comparaison au Piétrain nn (meilleur pH1 et pH ultime, moins d’exsudats, meilleure tenue de viande, gras intramusculaire supérieur), le Piétrain NN étant intermédiaire sur certains critères.

Sources : E. Kowalski et Al. 2021. Effect of terminal sire line and timming second vaccination on effectiveness of immunocastration, performance, and carcass and meat quality. Meat Science Vol 175. ILVO and Ghent University

Un contrôle en élevage et à l’abattoir est nécessaire

Les auteurs de cette étude confirment la très bonne efficacité de la vaccination sur l’odeur de verrat. Cependant certains animaux peuvent ne pas réagir à la vaccination et présenter des niveaux de testostérone encore élevés au moment de l’abattage (0 à 3 %), induisant un risque d’odeur de verrat. Le contrôle à un second niveau à l’abattoir est souhaitable pour en identifier les raisons (pratiques de la vaccination à l’élevage, conditions d’élevage, types génétiques plus à risque, sanitaire dégradé, alimentation à risque…). Le contrôle en abattoir par la méthode sensorielle du nez humain ou le contrôle des taux de testostérone dans le sang à la saignée à une fréquence qui reste encore à déterminer sont des méthodes qui permettent de se rassurer en phase de démarrage d’une filière ayant fait le choix de la vaccination contre les odeurs sexuelles.

Le saviez-vous

12 % des porcs mâles belges vaccinés contre les odeurs

La Belgique est le principal utilisateur en Europe de la double vaccination contre l’odeur de verrat (vaccin Improvac de la société Zoetis) avec 600 000 doubles doses vendues en 2020. C’est 12 % des mâles produits en Belgique essentiellement réservés pour le marché intérieur en lien avec des supermarchés (24 % des mâles consommés en Belgique sont vaccinés, le pays exportant 50 à 60 % de sa production).

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