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Alimentation de précision : un concept d'engraissement des porcs innovant

L’arrivée sur le marché de stations individuelles pour alimenter les porcs charcutiers permet de repenser totalement la conception des engraissements afin d’améliorer la résilience des élevages. Un premier bâtiment a vu le jour à Lamballe (Côtes d’Armor).

Chaque salle de 240 places est composée de quatre cases. Les deux alimenteurs permettent de gagner de la surface au sol par rapport à une alimentation à la soupe.
Chaque salle de 240 places est composée de quatre cases. Les deux alimenteurs permettent de gagner de la surface au sol par rapport à une alimentation à la soupe.
© Cooperl

La porte ouverte organisée à la SARL Langlais à Lamballe permis de découvrir un concept d’engraissement totalement innovant. Il associe un système d’alimentation de précision développé et commercialisé depuis un an par Asserva, et un bâtiment dont la conception est en rupture avec ce qui se faisait jusqu’à maintenant en production conventionnelle.

 

 
Jean Michel Langlais (au centre) avec Dominique Cantin (Asserva, à gauche) et Cédric Domain (Cooperl). «Je suis convaincu que l’identification individuelle nous ...
Jean Michel Langlais (au centre) avec Dominique Cantin (Asserva, à gauche) et Cédric Domain (Cooperl). «Je suis convaincu que l’identification individuelle nous permettra de réduire l’indice de consommation et d’améliorer la vitesse de croissance.» © D. Poilvet

Deux zones de vie dans les cases

Dans ce bâtiment de 1 680 places d’engraissement, les cases permettent une différenciation nette des zones de vie du porc (alimentation, déjection et repos) tout en restant sur du caillebotis intégral et sans accès à l’extérieur. « Dans chacune des cases, deux alimentateurs Selfi GFI permettent d’alimenter individuellement les 60 porcs charcutiers identifiés individuellement par une puce électronique », explique Dominique Cantin, le dirigeant d’Asserva. Chaque salle (22.5 mètres de long sur 10 mètres de large) est composée de quatre cases de 60 places chacune, soit au total 240 places par salle. De chaque côté du couloir central, deux cases de 4,5 m de profondeur sur 11,25 m de large. « Avec cette faible profondeur de case, l’éleveur aura un visuel optimal sur l’ensemble des animaux », explique Cédric Domain, coordinateur R & D Cooperl. Les deux alimentateurs individuels sont positionnés dans le premier tiers de la case.

 

 
Les deux stations d'alimentation sont suffisants pour alimenter 60 animaux.
Les deux stations d'alimentation sont suffisants pour alimenter 60 animaux. © D. Poilvet

Cette zone contient également les jouets, les points d’eau et un espace en zone froide le long du mur où les animaux feront leurs déjections. « Cet espace correspond à leur zone de mouvement. Les alimentateurs étant accessibles en permanence, les déplacements d’animaux y seront fréquents », estime Cédric Domain. « Ils pourront ainsi se reposer dans les deux tiers restants de la case sans être dérangés par les allées et venues de leurs congénères qui vont manger ou boire ». Des petites cloisons intermédiaires y ont été aménagées, à l’image de ce qui se fait dans les grandes cases des truies alimentées aux Dacs. Cette partie peut être cloisonnée pour limiter la taille de la case en début d’engraissement, et pour faciliter le tri lors des départs des porcs charcutiers.

Gain de performances alimentaires

Les alimentateurs Selfi GFI d’Asserva constituent à eux seuls une évolution majeure dans la conduite des porcs charcutiers (voir aussi Reussir Porc octobre 2023 page 26). « La capacité de ces alimentateurs à nourrir entre 30 et 38 animaux chacun permet de gagner 6 % de surface de bâtiment par rapport à une alimentation à la soupe avec des auges », calcule Audrey Gloux, responsable R & D chez Asserva. « Ensuite, à partir de deux aliments de base, ils peuvent apporter individuellement à chaque animal l’ensemble de ses besoins d’entretien et de croissance sans gaspillage. La ration est déterminée en fonction de leur poids mesuré par une bascule. Le gain de performance ainsi obtenu par rapport à une alimentation de groupe est de 4,30 euros par porc selon nos estimations ». Les alimentateurs facilitent aussi le tri des porcs charcutiers pour les départs. Ils peuvent identifier les animaux prêts à partir en marquant automatiquement ceux qui dépassent un poids fixé par l’éleveur. « Certains utilisateurs ont ainsi envoyé des lots avec 99.5 % de porcs dans la gamme », assure Dominique Cantin.

 

 
La zone d'activité est située dans la partie la plus lumineuse de la salle. Elle inclut à côté des alimentateurs les jouets et les points d'eau.
La zone d'activité est située dans la partie la plus lumineuse de la salle. Elle inclut à côté des alimentateurs les jouets et les points d'eau. © D. Poilvet

Des données valorisées par des outils d’aide à la décision

Le dirigeant d’Asserva précise que toutes les données enregistrées par les alimentateurs sont propriété de l’éleveur. « Elles peuvent être utilisées comme bon lui semble, en relation avec ses structures d’accompagnement », souligne-t-il. Une opportunité majeure pour Cooperl, qui espère pouvoir les valoriser par sa Cooperl Suite. « À partir de deux prémélanges de concentration opposée, on peut apporter une alimentation personnalisée en quantité et en qualité pour chaque porc en fonction de leur poids, on baisse le coût alimentaire et les rejets d’azote et de phosphore », affirme Pierre Levrard, du service nutrition de Cooperl. « Le marquage individuel des porcs peut être optimisé selon le contexte économique (prix du porc et de l’aliment) et des performances propres à chaque porc en termes d’indice de consommation et de croissance ». En plus des performances alimentaires, il y voit aussi un intérêt sanitaire : « le contrôle des quantités d’aliment consommé permet une détection précoce des animaux malades, bien avant que l’éleveur ne puisse le voir à l’œil nu. En exploitant ces données, l’éleveur peut recevoir une notification pour agir préventivement et de façon ciblée ».

 

 
La zone de repos est équipée de petites cloisons qui offrent aux animaux des zones de confort.
La zone de repos est équipée de petites cloisons qui offrent aux animaux des zones de confort. © D. Poilvet

Un bâtiment décarboné

Ce bâtiment est également une réponse aux exigences de décarbonation de la production avec un objectif national de neutralité carbone à l’horizon 2050 et un objectif de décarbonation de l’agriculture de 46 %. « En associant une alimentation de précision et une meilleure gestion des effluents permise l’association du raclage en V et de la méthanisation, ce nouveau bâtiment répond en grande partie à ces objectifs », explique Mickaël Bérard, chargé d’études environnement à la Cooperl. « À l’EARL Langlais, chaque kilo vif sorti de l’élevage ne nécessitera que 1,7 kg d’équivalent CO2, contre 2,5 kg en moyenne pour un élevage conventionnel français. Soit une baisse de -30 à -35 % ».

Jean Michel Langlais, SARL Langlais

 
Jean-Michel Langlais, SARL Langlais
Jean-Michel Langlais, SARL Langlais © D. Poilvet

« Une économie de main-d’œuvre »

J’ai choisi le Selfi GFI en premier pour l’économie de main-d’œuvre permise par ce système d’alimentation et la conception des salles qui en découle. Le nettoyage par un robot de lavage est facilité par la réduction du nombre de cloisons. Le marquage automatique des porcs charcutiers réduit également le temps passé à les trier. De même, l’alimentation à sec diminue la maintenance par rapport à de la soupe. Je suis convaincu que l’identification individuelle nous permettra de réduire l’indice de consommation et d’améliorer la vitesse de croissance. Les puces électroniques utilisées servent également à identifier les cochons pour la Cooperl Suite. Nos truies sont aussi identifiées individuellement pour l’alimentation en gestante (Selfifeeder) et en maternité (Materneo). Avec le Selfi GFI en engraissement, tous les animaux de notre élevage seront connectés !

Vers une optimisation individuelle du marquage

 

 
Pierre Levrard, Cooperl. «Un outil d’aide à la décision du type C-Suite peut exploiter les données individuelles de chaque animal en apportant un conseil ...
Pierre Levrard, Cooperl. «Un outil d’aide à la décision du type C-Suite peut exploiter les données individuelles de chaque animal en apportant un conseil personnalisé.» © D. Poilvet

La pesée quotidienne des animaux et le calcul instantané de leur GMQ et de leur indice de consommation (IC) ouvrent des perspectives de gestion et de conduite d’élevage insoupçonnées. Il pourrait aboutir notamment à une optimisation individuelle du poids du porc à l’abattage selon leurs performances et le contexte économique. « Deux porcs de même poids au moment d’une prise de décision concernant un futur départ pourraient aboutir à un poids d’abattage différent si l’IC et le GMQ des deux porcs diffèrent », explique Pierre Levrard. Un animal qui valorise mal l’aliment en fin d’engraissement (indice élevé et faible croissance) devra être abattu au plus vite. A l’inverse, un autre porc qui a un GMQ important et un faible indice de consommation pourra être abattu plus lourd, puisque son coût alimentaire sera réduit. « Ces données ne peuvent pas être exploitées directement par l’éleveur », souligne Pierre Levrard. « Cependant, un outil d’aide à la décision du type C-Suite peut le faire en apportant un conseil personnalisé ».

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