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SIM’Alter simule le coût de l’arrêt de la castration en élevage

L’Ifip présente SIM’Alter, un simulateur permettant d’évaluer l’incidence économique de différents scénarios d’arrêt de la castration des porcs sur le résultat de l’élevage. Le gain calculé se situe entre 5,15 et 5,45 euros par porc sorti selon le scénario.

Le 1er janvier 2022, la castration à vif des porcelets mâles sera bannie des élevages français. Les éleveurs devront adopter des alternatives à cette pratique, comme la réalisation de la castration sous anesthésie locale, l’immunocastration ou la production de mâles entiers. Au-delà des faisabilités techniques de mise en œuvre et des enjeux de filière, il est nécessaire d’évaluer l’incidence d’un arrêt de la castration des mâles sur le résultat économique des élevages. L’Ifip a pour cela développé SIM’Alter, qui permet à la fois de consulter des scénarios déjà paramétrés représentant des cas types moyens réalistes, et de construire sa propre analyse personnalisée. Pour chaque scénario, SIM’Alter considère deux situations d’élevage en rythme de croisière : la production de femelles et de mâles castrés avec distribution en engraissement d’une alimentation « classique », et celle de femelles et de mâles entiers recevant tous une alimentation « mâles entiers ». Le simulateur estime l’incidence de l’arrêt de la castration sur les principaux postes de charges et produits impactés, exprimée en euro par porc sorti.

Moins de charges alimentaires

Les mâles entiers bénéficient d’une meilleure efficacité alimentaire que les mâles castrés. Elle est optimale si l’aliment distribué couvre totalement leurs besoins nutritionnels spécifiques, en termes d’acides aminés notamment. SIM’Alter retient alors un gain moyen de 0,21 point d’indice de consommation (IC). Si l’aliment ne couvre pas totalement les besoins des mâles entiers, on retient une valeur minorée, de - 0,19 point d’IC. Ces écarts, issus d’essais menés par l’Ifip, se répercutent directement sur la quantité d’aliment consommée pour arriver au poids de vente. Pour les trois scénarios paramétrés, on obtient une réduction de la charge alimentaire assez proche, de plus de 3,30 euros par porc sorti.

Économie de temps et de dépenses de santé

Le fait de ne plus castrer les porcelets mâles permet à l’éleveur d’économiser du temps : un éleveur entraîné réalise la castration d’un porcelet avec analgésie et anesthésie locale (injection de lidocaïne intratesticulaire 15 minutes avant castration au scalpel) en 1 minute et 35 secondes. Cette estimation pourra être revue après la diffusion des protocoles de prise en charge de la douleur validés par l’administration. La castration sous anesthésie générale, autorisée dans certains pays européens, est également considérée à titre de comparaison. Le temps passé s’élève dans ce cas à 2 minutes et 30 secondes par porcelet castré. Sur la base d’une rémunération de 30 euros par heure, l’économie de charge de main-d’œuvre pour l’élevage atteint 0,42 euro par porc sorti (0,67 € si anesthésie générale). Par ailleurs, la réalisation de la castration sous anesthésie locale génère des dépenses spécifiques : matériel nécessaire pour l’intervention (notamment scalpels, aiguilles) et produits associés (antiseptiques, analgésiques, anesthésiants). L’économie de dépenses de santé pour l’élevage est estimée à 0,26 euro par porc sorti (0,54 € si anesthésie générale, en considérant l’achat et la maintenance de la machine et des filtres). Finalement, l’économie en termes de main-d’œuvre et de dépenses de santé liée directement à l’arrêt de la castration sous anesthésie locale représente 0,68 euro par porcelet sorti (1,21 € pour l’anesthésie générale).

Meilleure rémunération des carcasses

La rémunération des carcasses est également impactée par l’arrêt de la castration. À partir des plus-values techniques observées par Uniporc en 2020 pour chaque type sexuel, SIM’Alter établit la plus-value moyenne de l’élevage, en considérant une moyenne de 1,52 % de mâles pifs pour l’élevage de femelles + mâles castrés, et 2 % de carcasses mâles odorantes pénalisées comme des pifs pour l’élevage de femelles + mâles entiers. Ce taux est fixé sur la base de conditions d’élevage maîtrisées sur le risque d’odeurs sexuelles : animaux et cases propres, salles bien ventilées, densité minimale en engraissement de 0,70 mètre carré par porc, mise à jeun respectée. Dans ces conditions, l’écart de plus-value entre les deux types d’élevage s’élève à +1,19 centime et l’écart de prix payé atteint +1,11 euro par porc sorti.

Côté web

SIM’Alter est accessible sur le portail GT-Direct de l’Ifip (https://gtdirect.ifip.asso.fr), réservé aux éleveurs et à leurs OP. Il sera à terme disponible pour tous sur la Toolbox de l’Ifip, application gratuite pour smartphone disponible dans le Google Play Store. Les résultats des travaux en cours sur la production de mâles immunocastrés viendront enrichir les scénarios de SIM’Alter.

Le surcoût de l’aliment « mâles entiers » variable selon le contexte des matières premières

SIM’Alter calcule le surcoût de l’aliment « mâles entiers » dans un contexte de prix d’aliment moyen (248 €/t) ou élevé (275 €/t). Comme le prix des acides aminés tend à augmenter avec le prix des matières premières, le surcoût de cet aliment par rapport à un aliment classique s’élève respectivement à +3,1 et +4,0 €/t. SIM’Alter considère également une situation intermédiaire, avec un contexte de prix élevé et un aliment ne couvrant que partiellement les besoins en acides aminés des mâles entiers. Le surcoût est alors maintenu malgré tout à +3,1 €/t.  

Un scénario libre pour personnaliser la saisie

Sur le terrain, il existe un gradient de situations, en lien avec des conditions d’élevage initiales diverses. SIM’Alter propose un scénario libre dans lequel il est possible de personnaliser la saisie des paramètres suivants :

Écart d’IC entre l’élevage de mâles entiers et de mâles castrés
Prix de l’aliment « classique »
Surcoût fixe de l’aliment mâles entiers lié à leurs besoins nutritionnels en acides aminés
Autres surcoûts de l’aliment, en particulier liés à des solutions alimentaires visant à réduire le risque d’odeurs de verrat dans la viande, comme l’incorporation de fibres dans l’aliment finition, ou la distribution d’un aliment spécifique les derniers jours d’engraissement.
Rémunération horaire du temps de travail
% de carcasses odorantes.

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