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« Mon atelier porcin d'engraissement est en synergie avec mes cultures »

Gérant et associé d’une maternité collective, Sébastien Renvoisé a en parallèle investi dans un atelier d’engraissement, raisonné autour de l’autonomie alimentaire et de l’optimisation du temps de travail.

À l’EARL Renvoisé, c’est l’atelier culture qui a orienté le projet de bâtiment de post-sevrage et d’engraissement de porcs de 1 600 places, et non l’inverse. Sa taille, sa situation géographique et les équipements de la fabrique d'aliment à la ferme ont été réfléchis en cohérence avec l’assolement de l’exploitation et l’organisation du travail.

Installé à Ecorpain dans la Sarthe, Sébastien Renvoisé est à la tête d’une exploitation en polyculture-élevage de 60 vaches allaitantes, 230 hectares de SAU et le nouvel atelier de porcs construit en 2022. Il est aussi gérant et associé avec deux éleveurs de porcs en engraissement de la maternité collective de 550 truies SCA Le Cormier, située sur la même commune. En construisant son propre bâtiment d’engraissement, Sébastien concrétise son projet de départ de devenir naisseur-engraisseur, la part des porcelets qui lui revient étant auparavant engraissée en façonnage.

Un site isolé plus facile à transmettre

Salarié pendant quelques années dans un élevage naisseur, Sébastien a saisi l’opportunité proposée en 1999 par le fabricant Nouri’vrai (ex-Huttepain Bouix) et le groupement Maine Porc de s’installer en investissant dans une maternité collective. « Cela me permettait de démarrer dans l’élevage de porcs avec un outil neuf, ce que je n’aurais jamais pu faire seul », explique-t-il. En parallèle, il a développé un atelier bovin, qui s’est agrandi en 2013 lors de la reprise de l’exploitation familiale. La même année, la maternité a été agrandie et modernisée. Pour l’éleveur qui a toujours été dans une dynamique d’investissement, la construction du bâtiment d’engraissement était une suite logique. Ce dernier est situé à 5 kilomètres du siège, idéalement placé au milieu du parcellaire de l’exploitation, afin de réduire le temps de transport du lisier et permettre l’épandage sans tonne. « J’ai fait le choix d’un site éloigné de mon habitation et en bordure de route, plus facile à transmettre. » Accueillant un lot de porcelets toutes les trois semaines, le bâtiment comprend deux salles de post-sevrage et six d’engraissement de 200 places. Ce dimensionnement a aussi pris en compte les besoins d’épandage (autonomie) et la capacité de production de céréales de l’exploitation, de manière à fournir 100 % des besoins de matières premières en engraissement (1), distribuées en mélange avec un aliment complémentaire (35 %) par voie humide.

Une FAF adaptée à l’assolement

Les formules fabriquées et les choix d’équipement de la FAF partielle ont été dictés par l’assolement en place et les matières premières disponibles sur la ferme (blé, triticale, pois). « Mes terres sont propices à la culture de colza mais pas à celle de maïs. » L’éleveur a cherché à limiter l’investissement (pas de stockage de maïs humide ni de mélangeuse, cellules extérieures d’occasion…) et le temps de main-d’œuvre pour la fabrication de l’aliment. Les trois matières premières sont broyées à l’avance (une à deux fois par semaine, de nuit) et stockées dans des silos en toile, le mélange se faisant dans la machine à soupe.

Le temps de travail a aussi déterminé le choix des équipements de l’engraissement, notamment la ventilation centralisée avec laveur d’air « une option coûteuse mais qui facilite la surveillance et le contrôle à distance », de même que la gestion du chauffage et du trempage des salles. Le coût du bâtiment (hors FAF) atteint 930 000 euros, sachant que les devis ont été signés avant l’inflation.

Armelle Puybasset

(1) Aliment complet en post-sevrage.

« L’engraissement est autonome en alimentation et en plan d’épandage »

Carte d’identité

EARL Renvoisé

Sébastien Renvoisé

Un salarié et un apprenti
Atelier porc (400 places de post-sevrage, 1 200 places d’engraissement, FAF partielle)
60 vaches allaitantes
230 hectares de SAU dont 160 de cultures
Président du groupement Maine porcs
Gérant et associé d’une maternité collective (550 truies)

« La maternité collective, une opportunité pour m’installer »

2leveur de porcs dans la Sarthe
Sébastien Renvoisé détient 50,1 % des parts de la maternité collective, ce qui lui permet d’être décisionnaire, notamment dans la conduite de l’élevage au quotidien avec l’appui des salariés. © A. Puybasset

Dans les régions à plus faible plus densité d’élevage de porc, la maternité collective est une solution pour soutenir la production et permettre l’installation d’un jeune, comme ce fut le cas de Sébastien Renvoisé.

Sébastien Renvoisé partage son temps de travail entre son exploitation (3/4 temps) et la maternité collective (le week-end, en particulier), dont il est gérant et associé. « Je détiens 50,1 % des parts, ce qui me permet d’être décisionnaire, notamment dans la conduite de l’élevage au quotidien avec l’appui des salariés », précise-t-il. Le reste des parts est détenu par deux éleveurs post-sevreurs engraisseurs et le fabricant d’aliment Nour’ivrai (anciennement Huttepain Bouix), à l’initiative du projet. « Répondant à un besoin de porcelets, la maternité collective est une bonne alternative pour les éleveurs qui ne peuvent pas investir dans le naissage. Elle concentre le travail sur un seul site, avec une taille d’élevage permettant l’embauche d’un salarié, donnant de la souplesse dans l’organisation du travail », souligne Sabine Ciron, responsable du groupement Maine porcs, basé à La Chapelle-Saint-Aubin dans la Sarthe (60 producteurs, 90 000 porcs charcutiers par an).

Un modèle viable sous conditions

Adossé au fabricant d’aliment Nouri’Vrai, le groupement est impliqué dans deux autres maternités collectives et est prêt à accompagner de futurs installés dans ce type de projet. En plus de l’apport financier, il se charge de l’engraissement des porcelets en surplus (façonniers en intégration). « La maternité collective est un modèle viable, reposant sur trois clés de réussite, poursuit Sébastien, un bon relationnel avec les salariés, la confiance des associés et un prix de vente du porcelet adapté. » L’enjeu pour l’éleveur à plus long terme sera de trouver un jeune au moment du départ à la retraite d’un associé. « Je ne souhaite pas augmenter ma part d’actionnariat, ce qui rendrait l’outil difficile à transmettre. Ce site de naissage, amorti et pour lequel les investissements sont réguliers (projet de maternité liberté à venir), peut être une bonne opportunité pour un jeune souhaitant s’installer en porc, avec un montage financier plus accessible. »

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