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« Mes amis ont créé une association pour promouvoir mon élevage de porc»

Pascal Allabouvette, éleveur de porcs dans le Rhône, et ses amis réunis en association ont organisé une journée portes ouvertes destinée au grand public afin de faire découvrir les coulisses d’une exploitation porcine conventionnelle.

Pascal Allabouvette est un éleveur heureux. Le 14 septembre dernier, 900 visiteurs issus du grand public sont venus découvrir son élevage situé à Pusignan, une commune périurbaine rhodanienne située près de Lyon, à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau bâtiment de 2 000 places de post-sevrage et 360 places d’engraissement. 

Lire aussi : Comment communiquer positivement face aux attaques contre les élevages

« C’était de la folie, je n’ai jamais vu une telle affluence, nous étions au moins six personnes au mètre carré dans le couloir du bâtiment », décrit l’éleveur. Une inauguration techniquement anecdotique, mais qui a servi de support à sa volonté et celle de ses amis, « une bande de copains », de « démystifier le processus de production porcine » et de « souligner l’importance de la durabilité et du respect de l’environnement dans l’agriculture moderne ».

Des amis qui ont créé pour l’occasion une association loi 1901 « Les amis de la ferme Allabouvette » Elle regroupe plus de 350 adhérents, « en grande partie des gens de la commune de Pusignan » qui ont aidé l’éleveur à organiser la journée portes ouvertes. Cette association a pour vocation de « sensibiliser le public à l’importance de l’agriculture et de l’élevage responsables, tout en mettant en lumière le métier d’agriculteur-éleveur ». Ses adhérents veulent aussi « incarner un exemple inspirant de mobilisation citoyenne en faveur d’une agriculture plus juste et plus durable ». Quarante entreprises sont partenaires de cette association.

« Nous ne transigeons pas sur les moyens »

Les visiteurs ont donc pu découvrir un bâtiment d’élevage conventionnel avec des équipements qui contribuent à l’acceptation sociétale de l’élevage. « Le lavage d’air installé en sortie de ventilation capte 90 % de l’ammoniac, décrit Pascal Allabouvette. L’odeur de cochon a disparu quand l’air est rejeté dehors. Les couvertures de fosse empêchent les dégagements d’odeurs au stockage. » Il souligne que ces équipements sont coûteux. « Mais il est hors de question de transiger sur les moyens à mettre en place pour limiter les nuisances. »

Le thème du bien-être des animaux est abordé, mais pas sous un angle habituel. « Ici, les porcelets bénéficient d’une niche confortable qui maintient la température à 29 °C, été comme hiver. Un cooling évite des températures excessives dans le bâtiment quand les températures deviennent caniculaires. » Un équipement qui pourrait faire beaucoup d’envieux dans cette région fortement touchée par le réchauffement climatique. Le thème de l’énergie est également abordé. « Deux trackers permettent de subvenir à 31 % des besoins en électricité de la ferme », indique l’éleveur. Celui des circuits de proximité aussi : « Nous récupérons les rebuts de gâteaux d’une usine proche que nous valorisons grâce à une machine de notre invention qui enlève les emballages. Nos porcs sont tous abattus dans des abattoirs régionaux par le biais d’une filière longue gérée par ma coopérative Cirhyo. Nous approvisionnons aussi en porcelets de 20 à 80 kg des petits producteurs qui les engraissent, et produisent de la charcuterie vendue en direct aux consommateurs. »

Par ailleurs, les 280 hectares de SAU de l’exploitation subviennent en totalité aux besoins en céréales de l’alimentation des cochons. Les cultures sont fertilisées par le lisier grâce à des tonnes équipées d’enfouisseurs. L’éleveur et quatre autres agriculteurs ont créé une Cuma pour réduire de dix à quatre le nombre de tracteurs. Un hangar a été monté près de l’élevage pour abriter le matériel.

« Expliquer l’élevage avec nos mots »

Le pari de l’acceptation de cet élevage n’était pourtant pas gagné d’avance. Inséré entre l’aéroport international de Lyon-St-Exupéry, de deux autoroutes, d’une ligne TGV, d’une ville de banlieue et d’une zone industrielle, son avenir pouvait paraître incertain. « Mais en expliquant notre façon de produire avec nos mots, en ouvrant l’exploitation au grand public et en créant des moments de partage comme aujourd’hui, la perception de l’élevage évolue et les critiques s’atténuent. Une bonne relation avec les riverains est nécessaire afin que tout le monde puisse vivre sur ce territoire en bonne entente. »

L’éleveur a récemment validé le fait que deux de ses enfants, Yann et Nans, pourront, s’ils le souhaitent, reprendre son exploitation grâce à un ensemble de points convergents : l’assurance que la ferme ne sera pas menacée par l’urbanisation (elle est située dans une zone inconstructible grâce à la proximité avec l’aéroport), une SAU suffisante pour produire les céréales nécessaires à la faf, une structuration de ses sites d’exploitation en sociétés et des partenaires fiables tels que son groupement Cirhyo et les abattoirs régionaux. « Aujourd’hui, nous dirigeons des exploitations remarquables, prêtes à affronter les décennies qui viennent, tout en restant paysans. Nos outils sont transmissibles car ils ont tous été modernisés pour être productifs », conclut-il.

Une exploitation familiale en constante évolution

L’élevage Allabouvette à Pusignan (Rhône) est géré par Pascal Allabouvette avec l’aide de sept salariés. « Depuis six générations, ma famille a fait grandir la ferme de quelques cochons et une activité de négoce à ses débuts jusqu’à sa structure actuelle », souligne fièrement l’éleveur. L’élevage de porcs est constitué de 3 000 places de post-sevrage et 2 000 places d’engraissement. Les porcelets sont issus d’une société de naissage gérée par l’éleveur à Foissiat dans l’Ain. 80 % des porcs sont vendus entre 20 et 80 kg à des petits engraisseurs de la région qui les valorisent en produits de charcuterie commercialisés en vente directe. Les porcs charcutiers élevés sur place sont vendus via le groupement Cirhyo aux abattoirs partenaires de la région (La Palisse dans l’Allier ou l’abattoir des Crêts dans l’Ain). L’éleveur cultive 280 hectares de SAU en grandes cultures (maïs, blé, orge, colza et soja). Une fabrique d’aliment à la ferme valorise les céréales ainsi que des produits issus de biscuiteries situées à proximité de l’élevage. Pascal Allabouvette est également actionnaire de six autres sociétés de naissage et d’engraissements.

Julien Charet, président de l’association des Amis de la ferme Allabouvette

 
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Julien Charet, président de l'association des amis de la ferme Allabouvette © J Charet

Cette porte ouverte est un succès !

« Les visiteurs venus découvrir l’exploitation de Pascal sont des habitants de la commune de Pusignan ou des alentours. Tous ont découvert un élevage moderne, respectueux des animaux et de l’environnement. Les enfants se sont amusés, le train-cochon et les tracteurs à pédale n’ont pas désempli, 500 couverts ont été servis, un artiste a réalisé une magnifique fresque sur un des murs du bâtiment et d’autres ont assuré l’ambiance musicale. Au final, 100 % des visiteurs ont été satisfaits et heureux de ce moment passé dans la cour de la ferme de Pascal. Nous aussi sommes heureux. Nous sommes les amis de Pascal et des amoureux de la vie ! »

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