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Les éleveurs de porcs québécois misent sur des fabriques d'aliment à la ferme simples

Au Québec, plus de 70 % des élevages familiaux fabriquent leurs aliments à la ferme. Les ateliers sont simples, mais efficaces (jusqu’à 8 tonnes par heure), tout en incorporant les micro-ingrédients avec un système de tapis vibrant.

Au mois de juin 2019, douze éleveurs adhérents d’Airfaf Nord-Est accompagnés par l’Ifip se sont rendus au Québec pour découvrir comment les éleveurs de cette province canadienne fabriquent leurs aliments.

Lire aussi : Une installation structurée autour d’une fabrique d'aliment à la ferme simplifiée

Les trois ateliers visités sont des fabriques mécaniques de conception classique : broyeurs et mélangeuses (capacité 1 tonne) sur jauges de contraintes, mais pouvant fabriquer entre 7 et 8 tonnes à l’heure. Seul le cœur de la fabrique est abrité dans un hangar, ce qui permet de le chauffer un minimum durant l’hiver. Les matières premières sont stockées en cellules extérieures. Les deux premières exploitations visitées n’achètent pas leurs aliments minéraux. Les ingrédients sont incorporés individuellement dans le mélange. La pesée des micro-éléments (plus de 20 dont des acides aminés, les COV, le phosphore, le calcium et le sel) se fait via un système spécifique de tapis vibrant. La précision de système de pesée serait de 200 grammes par tonne. Les ateliers visités datent du milieu des années 90. Les investissements se situaient autour de 200 000 dollars canadiens ($), soit environ 150 000 euros, pour fabriquer 2 500 tonnes par an. Aujourd’hui il faudrait compter entre 100 000 et 150 000 $ pour une FAF neuve sans stockage. Ces investissements sont comparables à ce qui se pratique en France.

Des formules d’aliment toujours simples

Au Québec le binôme maïs-tourteau de soja est incontournable, d’autant plus que la Coop fédérée du Québec préconise des aliments très énergétiques afin de maximiser la croissance. Le maïs est roi. Il est la céréale de base pour toutes les formules d’aliments. Le tourteau de soja constitue la principale source azotée. Il est parfois produit sur l’exploitation à l’aide d’un procédé mis au point par la société Cookir. Cette source azotée est souvent complétée par des drêches de distillerie. Pour l’alimentation des truies, la partie cellulosique peut être apportée par de la cosse de soja, comme c’est le cas chez Éric Charbonneau. En engraissement, une source de matière grasse est incorporée en plus du maïs, le plus souvent des graisses animales. Chez Éric Charbonneau, les formules sont complétées par du lactosérum distribué dilué dans l’eau de boisson à 50 %. Les niveaux d’énergie atteignent 10,5 mégajoules d’énergie nette par kilo. Les porcs sont nourris à volonté. Ils sont abattus vers 135 kilos de poids vif. La croissance en engraissement atteint les 1 000 grammes par jour (g/j), et l’indice de consommation est de 2,7. Compte tenu de ces contraintes, les coûts des formules sont plutôt élevés mais les performances sont au rendez-vous. Le coût de production est d’environ 1 euro par kilo de carcasse. Chez les frères Gosselin les formules sont également simples, mais les résultats sont là, avec un GMQ de 875 g/j, et un IC de 2,75 sur la période sevrage-vente entre 6 et 130 kilos.

Un procédé pour triturer du soja à la ferme

La société Cookir, fondée par Yves Campeau, a développé un procédé de cuisson à infrarouge permettant de cuire la graine de soja associé à une presse allemande Reinartz. L’objectif est de transformer le soja à la ferme en tourteau, afin de rendre les producteurs autonomes en protéines. 35 producteurs utilisent ce système au Québec. La société Cookir assure une offre clé en main. Le soja récolté est déchargé et passé au nettoyeur. La graine est récoltée à 17 % d’humidité. Elle est séchée jusqu’à 11 % d’humidité. La cuisson est effectuée en amont pour extraire le plus d’huile possible. Le procédé Cookir est composé de quatre éléments chauffants électriques. La cuisson est effectuée à 120 °C pendant 20 minutes. Il est important de respecter la température et la durée de cuisson. La graine est ensuite pressée. Le soja sort en bouchon. Son taux de matière grasse se situe entre 5 et 7 %. Le système permet de traiter 4 tonnes de soja par jour. L’huile après décantation et filtration est vendue. L’investissement s’élève à 200 000 euros avec un retour sur investissement de trois à quatre ans pour une transformation de 1 000 tonnes de graine de soja par an. Ce procédé permet d’économiser entre 41 à 55 euros par tonne de tourteau de soja.

Trois éleveurs adhérents de la Coop fédérée du Québec

Lors de ce séjour le groupe de travail a rencontré trois éleveurs adhérents à la Coop fédérée du Québec qui fabriquent leurs aliments :

La ferme de la famille Léandre Charbonneau à Saint-Louis sur Richelieu. Naisseur engraisseur avec 1 400 truies, 1 000 ha de culture : maïs, blé et soja. Toute la production du maïs est autoconsommée ainsi que la graine de soja qui est triturée sur l’exploitation. Le blé et l’huile de soja issue de la trituration sont vendus.
La ferme Faro à Saint-Fortunat, ferme familiale dirigée par Rosaire Dubé et son fils. Naisseur engraisseur avec 320 truies et 450 ha avec production : blé, soja, orge et avoine nue. Le blé et le soja sont vendus, l’orge et l’avoine nue sont utilisées.
La ferme Roch Gosselin à Saint-Henri, est gérée par les deux frères et leurs parents. Elle dispose de 3 000 places de post-sevrage et 6 500 places d’engraissement, 280 ha de cultures (maïs, soja, blé). Là encore seul le maïs est utilisé sur place, le blé et le soja sont vendus…

Le voyage a été possible grâce à Jean-Yves Lavoie de la Coop fédérée du Québec.

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