Aller au contenu principal

Quels sont les effets délétères de la dépréciation de la monnaie ukrainienne sur la production porcine

La production de porc en Ukraine a baissé de 8 % entre 2014 et 2018 et a induit une hausse des prix au détail des viandes porcines.

élevage de porcs ukrainien
© D. Poilvet

Entre 2014 et 2018, la monnaie ukrainienne, la hrivnia, s’est dépréciée de 211 %, à la suite de l’Euromaïdan (manifestations proeuropéennes en 2013), de l’annexion de la Crimée et du conflit dans le Donbass. 

Lire aussi : Les illusions perdues de la filière porcine ukrainienne

La dépréciation d’une monnaie provoque des effets directs : elle stimule les exportations et ralentit les importations. Ainsi, entre 2014 et 2018, les importations de viande de porc en Ukraine ont baissé de 15 %. Cependant, la dépréciation de la hrivnia a aussi eu un effet indirect et inverse, atténuant l’effet direct sur les importations. Dès 2014, la baisse des prix en dollar des céréales ukrainiennes les a rendues attractives sur les marchés internationaux. Les exportateurs ukrainiens, grands fournisseurs mondiaux de céréales, ont ainsi augmenté les prix en hrivnia des céréales sans qu’elles soient aussi chères en dollar que les autres provenances. Les exportations de céréales ukrainiennes ont alors progressé et ces matières premières se sont faites plus rares sur le marché national. Dans le même temps, la hausse des prix à l’export s’est répercutée sur les céréales vendues en Ukraine. Cette augmentation a impacté le coût alimentaire des porcs, qui représente en Ukraine près de 60 % des charges d’un élevage. Au final, cette hausse du coût de production a fait reculer le cheptel de 21 % entre 2014 et 2018. La production de porc a baissé de 8 % sur la même période et a induit une hausse des prix au détail des viandes porcines. Les produits porcins ont donc été moins plébiscités par les consommateurs (‑3,7 % entre 2014 et 2018) et ont été plus facilement concurrencés par des viandes importées.

Nicolas Rouault, nicolas.rouault@ifip.asso.fr

Côté biblio

The effects of domestic currency depreciation on import substitution : new empirical evidence from the Ukrainian pork industry. Pavlo Martyshev, Sören Prehn, Oleksandr Perekhozhuk & Volodymyr Vakhitov (28 jan 2023) , Eastern European Economics, DOI : 10.1080/00128775.2023.2167721

Les producteurs français moins exposés à une dépréciation de l’euro

 
Ifip économiste
Nicolas Rouault, Ifip-Institut du porc © Ifip

« La France est nettement moins sujette à l’effet direct d’une dépréciation de l’euro sur ses importations de viande porcine. Elle importe du porc principalement des pays de l’UE ayant pour monnaie l’euro ou une monnaie ancrée à l’euro (couronne danoise). Ces échanges réalisés sans conversion de monnaie sont donc peu affectés par une dépréciation de l’euro. Quant à l’effet indirect présenté dans cette étude, il toucherait l’ensemble de la zone euro. Des leviers peuvent être mis en place par les pouvoirs publics si une telle situation venait à se produire, tant au niveau national que communautaire. Des mécanismes d’aide ou de subventions sur l’achat de céréales pour l’alimentation animale, des interventions de marché et des mesures de régulation des prix, sont des exemples d’instruments qui peuvent limiter ces effets délétères sur l’élevage."

Les plus lus

<em class="placeholder">Tous les matins, Dominique et Philippe Gautier prennent leur petit déjeuner avec leurs salariés dans une ambiance conviviale.</em>
Comment ces éleveurs de porcs bretons ont fait évoluer leur exploitation pour fidéliser leurs salariés
Dans leur exploitation porcine, Dominique et Philippe Gautier ont fait évoluer leurs pratiques managériales : vestiaires…
<em class="placeholder">David Le Lay éleveur dans le Finistère</em>
« J’investis dans l’élevage de porc de demain »

David Le Lay en est persuadé. C’est maintenant qu’il faut construire l’élevage de demain. Un élevage décarboné, doté d’un…

<em class="placeholder">L&#039;étude de la chambre d&#039;agriculture et d&#039;Evel&#039;up démontre qu&#039;une augmentation de 37% de la taille moyenne des cheptels permettrait de compenser la baisse des installations ...</em>
Maintenir la production porcine bretonne par une augmentation de la production par éleveur : utopie ou réalisme ?
La baisse de la production porcine bretonne constatée depuis 2008 n’est pas inéluctable. Une étude réalisée par la Chambre d’…
<em class="placeholder">L’exposition aux poussières présente un risque pour la santé qui est, dans la majorité des cas, invisible au quotidien.</em>
Les poussières en élevage de porc : pourquoi il est important de s’en protéger

La prévention des poussières en agriculture est à la fois un sujet sanitaire, réglementaire et stratégique. Raymond Bykoukous…

<em class="placeholder">Le jumeau numérique de l&#039;élevage est capable de collecter toutes les informations numériques pour ensuite apporter un service de conseil à l&#039;éleveur.</em>
La Cooperl veut créer un jumeau numérique pour les élevages de porcs grâce à l'IA

Grâce à l’IA, Cooperl veut créer un "jumeau numérique" des élevages porcins, une copie virtuelle en temps réel capable d’…

<em class="placeholder">Sandrine et Jean Michel Langlais sont passés de six heures pour trier 250 porcs à presque rien avec les stations Selfi GFI.</em>
« Avec la station Selfi GFI d’Asserva, j’optimise mon temps de travail »
Sandrine et Jean Michel Langlais ont ouvert les portes de leur engraissement équipé des stations Selfi GFI à l’occasion des…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)