Le concept d'élevage porcin alternatif Physior renforce le bien-être animal
Le nouveau concept de bâtiments Physior mis en place par Le Gouessant dans un élevage des Côtes d'Armor se caractérise par quatre spécificités qui renforcent nettement le bien-être animal. Pierre Morfouace, éleveur à Plestan, et ses salariés ont évalué leurs impacts sur le travail.
1-Bien identifier les différentes zones de vie
Si les solutions sont propres à chaque configuration d’élevage, l’organisation et la conduite du bâtiment sont des facteurs favorisant le respect des zones de vie (alimentation et déjections à l’extérieur, couchage à l’intérieur) : différence de luminosité entre l’intérieur et l’extérieur, abreuvement à l’extérieur, ajustement du paillage et de la cloison amovible dans la zone de couchage…
À l’usage, les barrières mobiles ne sont pas utilisées en post-sevrage sans que cela n’ait d’incidence sur la propreté de la zone intérieure. L’objectif est d’éloigner les porcelets de la porte qui donne accès aux courettes (courants d’air) mais elles doivent, malgré tout, être prévues en cas de baisse du nombre de porcelets suite à un problème d’infertilité par exemple. En engraissement, elles sont déplacées une seule fois en milieu de bande. L’accès à l’air libre semble ne pas avoir d’impact sur la santé des porcs et sur leur croissance. Le transfert des animaux, habitués à aller dehors, se révèle plus facile et moins chronophage qu’en conventionnel.
2-Une approche animalière pour les truies en liberté
Les truies sont en totale liberté durant toute leur carrière sur l’exploitation. Les gestations en liberté ne posent pas de problème au chef d’exploitation qui repère les retours « au premier coup d’œil ». Les problèmes de fertilité et d’avortement (71 % de taux de mise bas en 2023) ont été réglés en révisant les courbes d’alimentation et en travaillant sur les courants parasites dans les bâtiments (92 % de taux de mise bas en 2024). Par rapport aux appréhensions du début, les maternités liberté fonctionnent très bien, avec 13,5 à 14 porcelets sevrés par portée. Pour limiter les écrasements, la génétique a été changée pour des truies plus calmes, robustes et maternelles et les interventions sont minimisées pour laisser les truies tranquilles. La surveillance des mises bas en liberté est la tâche la plus appréciée, avec une relation plus forte créée avec les truies (plus de temps à les domestiquer). L’hiver, il faut veiller à ce que les truies ne mettent pas bas dehors. Les fouilles sont rares car les truies peuvent exprimer leur comportement naturel, bouger et mettre bas comme elles veulent. Elles sont plus musclées du fait de leur plus grande activité.
3-De la paille en permanence
La paille est présente à tous les stades physiologiques, en maternité, post-sevrage et engraissement (apport quotidien à l’intérieur), et en gestantes (litière semi-accumulée avec curage toutes les trois semaines). La distribution manuelle est jugée répétitive et chronophage mais utile pour l’observation des animaux. Elle prend entre 30 et 45 minutes par jour. En maternité, de la paille broyée et dépoussiérée est utilisée pour assurer un nid confortable aux porcelets. En engraissement, la paille brute longue, distribuée à la fourche à partir d’un big de 400 kg déposé dans le couloir intérieur, a remplacé la paille broyée. Préférée par les porcs, la paille longue économise du temps de distribution et le coût du broyage. La qualité de la paille est importante pour éviter la poussière et pour l’appétence.
4- Pas de meulage de dents, pas de coupe de queues et non castration physique
L’arrêt de la caudectomie imposé par le cahier des charges Physior est apprécié pour le bien-être des porcs et des éleveurs. Le temps d’intervention est remplacé par du temps de surveillance. La fin du post-sevrage est la période critique. La caudophagie a été réduite, en autres, par l’augmentation de la surface par porc, l’enrichissement régulier du milieu et l’apport de paille longue en engraissement. Dans cet élevage, en accord avec l’abattoir, l’immunocastration est pratiquée. Pour 400 cochons, il faut compter environ 30 à 40 minutes pour la première injection en fin de post-sevrage et 45 minutes en engraissement, six semaines plus tard (vers 80 kg). Pratiquée au démarrage de l’immunocastration, la séparation des mâles et des femelles a été stoppée car les mâles consommaient moins que les femelles en l’absence de compétition à l’auge.
Christine Roguet, christine.roguet@ifip.asso.fr