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Innovation en porc : Le bien-être animal en vedette à Eurotier

Le bien-être animal a occupé une place importante lors de l’édition 2022 du salon Eurotier. L’Ifip a sélectionné pour vous les principaux faits marquants.

Un programme fédéral allemand développe de nouveaux concepts de bâtiments alternatifs faisant appel à de la paille et incluant un accès à l'extérieur.
Un programme fédéral allemand développe de nouveaux concepts de bâtiments alternatifs faisant appel à de la paille et incluant un accès à l'extérieur.
© Y. Rousselière

Eurotier a été marqué par une effervescence autour du bien-être animal. Cela se matérialisait aussi bien par les équipements mis en avant sur les stands des industriels que par la présentation des résultats de projets de recherche menés par des structures institutionnelles. Le programme fédéral allemand a notamment financé un projet intitulé « Changement d’élevage ». Le principe était de réunir un collectif de personnes issues de la société et de la filière porcine pour imaginer divers concepts de porcherie. Il en ressort 10 bâtiment types. Puis un travail de maquettiste a été réalisé pour donner vie à ces bâtiments et permettre à chacun de mieux se projeter dedans. D’une manière générale, la tendance forte est à l’arrêt du caillebotis intégral et à la mise à disposition systématique d’un lit de paille sur une partie de la case. Concernant la coque du bâtiment, la moitié des concepts donne un accès vers une courette extérieure, très souvent sur caillebotis et intégralement couverte.

Deux modèles de maternité liberté

Concernant les maternités libertés, on a retrouvé, tout comme au Space, deux grands types de modèles sur les stands. La plupart du temps, la cage de la truie est excentrée dans la case et le bat-flanc au niveau du petit côté reste fixe. C’est l’ouverture de l’autre bat-flanc qui permet de distinguer les deux modèles :

Ouverture en deux parties : cette conception permet de limiter les cloisons hautes à un seul côté (1,20 m généralement). Trois côtés de la case sur quatre sont en cloisons de 60 cm ou moins. De plus, cette ouverture offre une zone de circulation carrée à la truie, un agencement favorable à une liberté de mouvement correcte si tant est que la longueur minimum est supérieure à 2 m. Pour l’éleveur, l’ouverture des cages est réalisée sans effort et très rapidement.
 
Les cases maternité équipées d'un bat-flanc ouvrable en deux parties offrent plus de surface d'exercice à la truie.
Les cases maternité équipées d'un bat-flanc ouvrable en deux parties offrent plus de surface d'exercice à la truie. © Y. Rousselière
Ouverture en diagonale et d’un seul tenant : le bat-flanc entier se décale vers la cloison opposée. Avec cette configuration, la zone allouée à la truie est souvent de grande dimension, mais il faut prévoir d’installer davantage de cloisons hautes que dans la solution 1. Pour faciliter l’ergonomie lors de l’ouverture, il est essentiel de bien penser la gestion du bat-flanc arrière (à retirer ou à fixer sur l’une des cloisons de la case). Dans le cas contraire, cette opération est plus longue et plus fastidieuse.
 
L'ouverture du bat-flanc en diagonale nécessite plus de cloisons hautes autour de la case.
L'ouverture du bat-flanc en diagonale nécessite plus de cloisons hautes autour de la case. © Y. Rousselière

Deux équipementiers (Weda et Big Dutchman, notamment) mettaient également en avant des maternités collectives. Les cases sont plus étroites, mais elles offrent un accès à une zone d’activité collective (commune pour 4 à 6 cases) à l’arrière pour les porcelets et les truies.

 

 
Les cases de maternités collectives permettent aux porcelets et aux truies d'accéder par l'arrière à un espace de vie commune.
Les cases de maternités collectives permettent aux porcelets et aux truies d'accéder par l'arrière à un espace de vie commune. © Y. Rousselière

 

Les premiers retours semblent prometteurs, mais ce concept donne l’impression d’en être encore à un stade expérimental et les bonnes pratiques de conduite sont encore à définir.

Des distributeurs de paille sophistiqués

Sur de nombreux stands, la distribution de la paille occupait une place importante. D’une manière générale, on peut distinguer deux types de concepts. Les dispositifs très libéraux permettent aux animaux de saisir de grosses quantités de paille d’un seul coup. Leur principal inconvénient est une consommation élevée et le gaspillage associé ; et par conséquent un temps passé important pour réapprovisionner ces dispositifs. D’autres solutions proposent des râteliers dont la surface accessible à l’animal est réglable grâce à un jeu de plaques métalliques coulissant l’une par rapport à l’autre.

 

 
Les rateliers coulissants permettent un réglage facile de l'accès à la paille.
Les rateliers coulissants permettent un réglage facile de l'accès à la paille. © Y. Rousselière

 

Ces dispositifs sont plus onéreux mais permettent une meilleure maîtrise des quantités consommées. Concernant la préparation de la paille avant la distribution, toute une panoplie de solutions est proposée. La plus simple repose sur un caisson de broyage (environ 40 000 €) suivi d’une distribution à la main (Teagle). La plus sophistiquée proposée par Big Dutchman ou JH Ministro fonctionne avec un robot de paillage circulant sur un rail positionné au-dessus des cases.

 

 
JH Ministro propose un robot de paillage circulant sur un rail au dessus des cases.
JH Ministro propose un robot de paillage circulant sur un rail au dessus des cases. © Y. Rousselière

 

La paille est préalablement broyée et dépoussiérée (environ 150 000 €).

 

 
Des dispositifs de broyage et de dépoussiérages permettent de distribuer une paille de meilleure qualité.
Des dispositifs de broyage et de dépoussiérages permettent de distribuer une paille de meilleure qualité. © Y. Rousselière

 

Les robots les plus sophistiqués semblent fonctionnels, mais encore à un stade de prototype et déployés sur un nombre très réduit d’exploitations.

Yvonnick Rousselière, Ifip-Institut du porc

 

 
Yvonnick Rousselière, Ifip-Institut du porc
Yvonnick Rousselière, Ifip-Institut du porc © Ifip

« Un salon en décalage avec la réalité des élevages allemands »

Il est indéniable que l’Allemagne fait partie des pays qui travaillent pour une meilleure expression du comportement naturel des animaux dans les porcheries (liberté de mouvement, expression du comportement de fouissage par exemple). Cela passe par l’installation de maternités libertés ou encore par la généralisation de matériaux manipulables attrayants. Sur une bonne partie des stands, les cases de maternité liberté mises en avant avaient une surface totale comprise entre 8 et 9 m². En guise d’aménagements intérieurs, elles étaient généralement équipées de divers dispositifs de distribution de paille (nourrisseur à paille, râtelier, boule distributrice suspendue). Pour acheminer cette paille depuis l’extérieur des bâtiments vers le logement des animaux, des robots de paillage automatique étaient mis en avant.

Néanmoins, ces équipements ne correspondent pas tout à fait à la réalité des élevages allemands conventionnels, selon les acteurs de la filière rencontrés au salon. La surface de maternité liberté la plus répandue excède rarement 6,5 à 7,0 m². La distribution de paille en grande quantité reste un sujet compliqué du fait des difficultés d’évacuation des effluents pailleux et du temps à passer à réapprovisionner les dispositifs situés dans les cases. Ces équipements semblent plutôt destinés à des élevages impliqués dans des cahiers des charges précis, souhaitant se démarquer sur la thématique du bien-être. Ces élevages restent très minoritaires et représentent un faible volume de production en Allemagne. Quant aux robots de paillage, leur coût reste encore très élevé. Certains dispositifs ne sont pas toujours adaptés aux structures des bâtiments existants et ne peuvent être installés que sur des constructions neuves (notamment les robots se déplaçant sur un rail).

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