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L'abattoir porcin Tradival se modernise pour pérenniser la filière Cirhyo

L’abattoir Tradival de Fleury-les-Aubrais a été entièrement rénové. Bien-être animal, confort de travail, productivité et qualité des produits ont guidé les choix techniques. Un signal fort pour la filière porcine qui espère ainsi conforter les débouchés actuels et développer de nouveaux marchés, notamment l’export.

L’histoire de l’abattoir porcin Tradival de Fleury-les-Aubrais, près d’Orléans (Loiret), construit en 1983, aurait pu s’arrêter en 2019. « La question de sa pérennité s’est posée », confie Ludovic Paccard, directeur général du groupe Sicarev (actionnaire à 75 % de Tradival). 

Lire aussi : Cirhyo sécurise sa production de porcs charcutiers

Mais la coopérative a choisi d’agrandir et de moderniser le site. De 2021 à 2024, 23 millions d’euros ont été investis, dont 2 millions d’euros de France Relance ; ce qui rend l’outil « le plus important du nord-est de la France et sans doute l’un des plus modernes d’Europe à ce jour », selon Noël Thuret, président de la coopérative Cirhyo (actionnaire à 25 % de Tradival).

L’abattoir draine les porcs des régions Centre, Pays de la Loire, Bourgogne Franche-Comté et Grand Est. Il abat 12 000 à 13 000 porcs par semaine pour une capacité de 15 000 têtes. « C’est plus 20 % sur le premier trimestre 2024 », relève Philippe Chanteloube, directeur du groupement Cirhyo qui fournit 75 % des cochons. Le reste des approvisionnements s’effectue auprès d’autres groupements et, depuis novembre 2023, au Marché du porc breton pour 5 %.

Lire aussi : Une filière à quatre pour maintenir la dynamique porcine en Rhône-Alpes

60 % des porcs abattus répondent à un cahier des charges, dont des signes de qualité. « La rénovation de cet outil était nécessaire et stratégique. Investir au plus près des bassins de production est essentiel à la survie et la productivité des élevages. Une région sans abattoir est une zone qui régresse en production », reprend Noël Thuret. « C’est un vrai projet de filière structurant autour du site de Fleury-les-Aubrais », confirme Ludovic Paccard.

Tradival compte ainsi maintenir au minimum la production porcine avec les éleveurs en place, mais sera aussi capable de proposer une diversification aux céréaliers du Centre.

Objectif Chine

Entièrement refaits à neuf, la porcherie et l’abattoir répondent aux nouvelles exigences réglementaires. Les conditions de travail des salariés ainsi que le confort et le bien-être des porcs ont été améliorés. Mieux maîtrisé, l’outil industriel permet de gagner en productivité et en volume d’abattage.

La qualité technologique et bactériologique des produits est également meilleure. « La chaîne d’abattage permet une aseptisation de la carcasse et une présentation sans défaut », explique Ludovic Paccard. C’est un point essentiel pour conquérir de nouveaux marchés, notamment le grand export. « Nous voulons accéder à tous les marchés, développer l’export et répondre à toutes les demandes de clients », ambitionne Philippe Dumas, président de Sicarev.

 

 
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Ludovic Paccard, directeur du roupe Sicarev. «L’extension et la modernisation de l’outil est un vrai projet de filière structurant.» © S.Huet

Tradival fournit des carcasses, des pièces entières ou désossées aux GMS, aux boucheries, à la restauration hors domicile, aux entreprises de charcuteries salaisons et produits transformés ainsi qu’à l’export. L’abattoir de Fleury est agréé pour le Japon et l’Afrique du Sud et les agréments pour la Corée et la Chine sont attendus au second semestre 2024. « Ces agréments sont nécessaires, car la vente de quelques pièces est parfois indispensable à l’équilibre économique d’un site comme celui-ci. »

Les Chinois consomment tête, queue et pieds de cochon dans leurs soupes et ragoûts. « Alors qu’il faut payer 150 euros par tonne pour détruire les pieds, la Chine les achète 1 800 euros par tonne. C’est un manque énorme s’ils ne sont pas valorisés en Chine », ajoute Philippe Chanteloube.

 

 
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Philippe Chanteloube, directeur de Cirhyo. «L'activité de Tradival a augmenté de 20% au premier trimestre de 2024.» © S.Huet

Plus d’espace pour les animaux

La « zone sale » a été intégralement modifiée. La zone de déchargement entièrement couverte est dotée d’un sol antidérapant, d’une lumière adaptée aux animaux pour limiter le stress et de caméras de surveillance. La porcherie de 2 000 places (1 200 auparavant) comprend dix allées pouvant accueillir 200 cochons chacune, soit un camion. « Le déchargement est plus fluide et plus rapide avec 200 porcs en vingt minutes et deux camions simultanés », détaille Ludovic Paccard.

La zone est équipée de caillebotis intégral pour faciliter l’évacuation des déjections. « Les animaux sont plus propres et ont plus d’espace. » Des couloirs entre chaque allée facilitent l’inspection post mortem par les vétérinaires et les équipes.

 

 
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Noël Thuret, président de Cirhyo. «Investir au plus près des bassins de production est essentiel à la survie et la productivité des élevages. Une région sans abattoir est une zone qui régresse en production." © S.Huet

Le couloir d’amenée est également plus fluide et plus pratique grâce à la porte automatique qui pousse les animaux par petits lots. Les cochons sont amenés vers le restrainer par une bande transporteuse ventrale, moins stressante. L’électronarcose avec deux électrodes sur la tête provoque une perte instantanée de conscience et de sensibilité et une électrode sur le poitrail entraîne l’arrêt cardiaque. « Le Midas a une capacité de 600 porcs l’heure. »

La table de saignée est deux fois plus longue, la perte de sang pendant trois minutes garantit que l’animal est bien mort avant accrochage.

400 porcs à l’heure

Étape suivante, le bac d’échaudage « dernier cri » à 60 °C fonctionne avec moitié moins d’eau et en circuit fermé. « Il est couvert pour éviter la vapeur d’eau et la déperdition de chaleur. » L’ergonomie et l’ambiance de travail sont aussi améliorées autour de l’épileuse qui tourne maintenant à l’eau chaude et en circuit fermé, et au niveau de la table à nerfs.

La fin du parcours consiste en une succession de machines, flagelleuses, four et brosseuse pour éliminer les poils résiduels. « La ligne sur 25 mètres contre 15 avant, passe 400 porcs à l’heure. »

Deux nouveautés, le robot de fente abdominale qui remplace deux postes à forte pénibilité et le robot dénuqueuse qui sépare la tête de l’échine. On note également la création d’une unité de traitement des abats rouges, la rénovation complète du système de production de froid et de récupération d’énergie et de l’ensemble du système de convoyage des porcs dans les frigos de ressuage et de stockage. « Le froid choc est augmenté de 50 %, et ce nouveau système de ressuage garantit des carcasses de meilleure qualité. »

De nouveaux vestiaires plus spacieux et locaux sociaux sont dédiés aux équipes.

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