Aller au contenu principal

Retour gagnant pour l'alimentateur de précision Spotmix à la ferme expérimentale porcine des Trinottières

À la station expérimentale des chambres d’agriculture des Pays de la Loire, le système d’alimentation Spotmix permet une alimentation de précision à la case pour les porcs charcutiers. À la clé : des performances identiques mais un coût alimentaire réduit.

En 2018, l’élevage de la ferme expérimentale porcine des Trinottières, en Maine-et-Loire, s’est équipé du système Spotmix de la société Schauer Agrotronic. Ce matériel permet de distribuer, case par case, un mélange de deux aliments dont les proportions peuvent varier au cours de la période d’engraissement. Avec ce nouvel équipement, la conduite alimentaire en engraissement a bien évolué. Finie la conduite biphase avec un aliment croissance et un aliment finition ! Désormais, les deux aliments A et B fabriqués sont beaucoup plus contrastés. Ils diffèrent notamment par leur teneur en protéines (respectivement 15,5 % et 10,5 %) et leur ratio lysine digestible sur énergie nette (1,0 et 0,5 g/MJ). Ce contraste important se traduit par un différentiel de prix de l’ordre de 35 euros par tonne entre les deux aliments. Avec le Spotmix, chacune des 64 cases d’engraissement de l’élevage peut recevoir un menu adapté en quantité et en composition. Un essai réalisé en 2019 a permis de mesurer précisément l’amélioration des résultats technico-économiques réalisable avec ce mode d’alimentation. Il a comparé une conduite biphase avec un plan d’alimentation en 6 phases élaboré à partir des aliments A et B. Les porcs charcutiers (femelles et mâles castrés) sont des croisés Adénia x Piétrain. La comparaison porte sur les performances zootechniques et les résultats d’abattage, le bilan matières premières des aliments fabriqués et le coût alimentaire.

Des performances maintenues

La conduite en 6 phases a permis d’obtenir les mêmes performances de croissance et les mêmes résultats de carcasse que la conduite biphase. De plus, une tendance à la réduction des pertes en engraissement a été observée avec la conduite en 6 phases. Cet effet pourrait s’expliquer par des rations moins riches en protéines qui limitent les risques de pathologies digestives. La composition en matières premières de la ration moyenne des porcs charcutiers est influencée par la conduite alimentaire. La conduite en 6 phases permet de réduire les taux d’incorporation du tourteau de soja (-2 %), du tourteau de colza (-0,2 %) et des apports en acides aminés dans l’aliment minéral (-0,1 %). En contrepartie, elle nécessite d’augmenter le taux moyen d’incorporation du triticale de 2,3 %. À l’échelle de l’élevage des Trinottières, pour 600 tonnes d’aliment engraissement consommé chaque année, l’économie s’élève à 12 tonnes de tourteau de soja, 1,2 tonne de tourteau de colza et 600 kilos d’acides aminés dans l’aliment minéral. En contrepartie, l’élevage consomme 13,8 tonnes supplémentaires de triticale.

Un coût de production réduit

La conduite en 6 phases génère une économie de 2,80 euros par porc vendu. Ce résultat repose sur un prix moyen d’aliment plus faible de 6 euros par tonne mais également sur une moindre quantité d’aliment consommé (- 7 kg par porc sorti), du fait du taux de pertes inférieur observé dans l’essai. À l’échelle de l’élevage, l’économie annuelle réalisée est estimée à 6 500 euros. Dans la configuration du bâtiment des Trinottières (64 cases de 15 porcs), le système Spotmix avait généré un surcoût d’investissement de 40 000 euros par rapport à une installation en soupe. Ainsi, sur la base des performances obtenues dans l’essai, la durée de retour sur investissement de ce système d’alimentation est estimée à six ans. Pour aller plus loin, une conduite multiphase est actuellement expérimentée sur l’élevage des Trinottières. Les paliers de la conduite en 6 phases sont remplacés par une évolution quotidienne de la proportion d’aliment A et B dans le mélange distribué. L’objectif est de maximiser l’économie de protéines sans dégrader les performances. Les résultats seront disponibles à l’automne 2020.

 

Mes Conseils

Florence Maupertuis, chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Dans le cas d’une distribution en soupe, les changements de phase alimentaire ne sont pas pilotés à la case mais plutôt à la salle ou à la bande. Le nombre de phases en engraissement est donc limité du fait des contraintes de chaque installation (temps de distribution, quantité minimale de soupe à préparer, précision de la distribution…). En pratique, le développement de l’alimentation multiphase dans les élevages de porcs se heurte aujourd’hui à la conception des systèmes de distribution de l’aliment en France. »

Partenaires

Ferme expérimentale porcine des Trinottières
Chambre d’agriculture des Pays de la Loire
Société Schauer Agrotronic
Région des Pays de la Loire (financement du projet)

Repères

Le plan d’alimentation testé aux Trinottières comporte 6 phases :

Jusqu’à 35 kg de poids vif : 100 % d’aliment A
De 35 à 50 kg de poids vif : 80 % d’aliment A et 20 % d’aliment B
De 50 à 65 kg de poids vif : 70 % d’aliment A et 30 % d’aliment B
De 65 à 85 kg de poids vif : 60 % d’aliment A et 40 % d’aliment B
De 85 à 105 kg de poids vif : 40 % d’aliment A et 60 % d’aliment B
Au-delà de 105 kg de poids vif : 20 % d’aliment A et 80 % d’aliment B

 

Les plus lus

<em class="placeholder">À gauche, les trois associés de la SCEA La Blanche (Guillaume Loirat, olivier Jaunet et Romain Aumasson) avec leurs quatre salariés. </em>
« Nous voulons être autonomes et indépendants pour gérer notre élevage de porcs »
Autonomie en plan d’épandage et en alimentation, maîtrise de la production et de la vente de leurs porcs charcutiers, les trois…
<em class="placeholder">Bernard Rouxel, président de Cooperl et Emmanuel Commault, directeur</em>
Pour Cooperl, « une taille d’élevage de 500 truies deviendra demain la taille standard pour permettre les investissements nécessaires »

Cooperl défend son modèle de coopérative en filière et poursuit sa stratégie d’amélioration de la durabilité. Cela passe par…

<em class="placeholder">L’utilisation de balances connectées Pigscale a mis en évidence qu’il pouvait y avoir deux profils de croissance au sein d’une même bande.</em>
Gain de performances avec l’alimentation de précision : 3 témoignages en élevage de porc
En répondant mieux aux besoins individuels des animaux, l’alimentation de précision est source de performances technico-…
<em class="placeholder">élevage de porcs en engraissement en zone de montagne avec fabrique d&#039;aliment à la ferme</em>
PAC : les conditions d’attribution des indemnités ICHN en élevage porcin précisées

La publication de l’arrêté du 16 mai 2025 et une instruction du 21/05/2025 clarifient les conditions d’éligibilité…

<em class="placeholder">L’équipe dirigeante fête les 40 ans d’Yxia</em>
L’entreprise d’insémination porcine Yxia se prépare aux enjeux de demain

A l’occasion de ses 40 ans, la coopérative Yxia a réaffirmé les enjeux de l’insémination artificielle, entre technologies…

<em class="placeholder">David Louzaouen et Pascal Soulabail, vice-présidents, André Bloc’h, directeur, Jérôme Orvain, vice-président et Philippe Lecornué, président de Porc Amor Evolution.</em>
Porc Armor Evolution : « Notre production de porcs a progressé de 4% en 2024 »

Fort de sa progression et de son attractivité, le groupement Porc Armor Evolution à Loudéac dans les Côtes d'Armor adopte de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)