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« En élevage de porcs, j’aime la technique et toujours progresser »

Gaëlle Taniou a repris en 2018 l’exploitation familiale de 130 truies et 500 ruches, en association avec son frère Romain Gautreau. Les performances ont déjà évolué, mais une transformation des bâtiments s’avère nécessaire.

Gaëlle Taniou et son frère Romain Gautreau. « Nous avons trouvé un équilibre, avec un pic de travail du 15 mars au 15 août lié aux abeilles et aux cultures. » © V. Bargain
Gaëlle Taniou et son frère Romain Gautreau. « Nous avons trouvé un équilibre, avec un pic de travail du 15 mars au 15 août lié aux abeilles et aux cultures. »
© V. Bargain

Pendant quinze ans, après un BTS productions animales, Gaëlle Taniou a été conseillère en élevage bovin en Mayenne. « Au départ, mon projet n’était pas de m’installer, explique-t-elle. Je trouvais trop compliqué de tout gérer. Mon métier de conseillère me plaisait, avec ses aspects techniques. » Mais quand ses parents ont parlé de retraite et que son frère installé en 2015 a dit qu’il ne se voyait pas travailler seul, l’installation lui est apparue comme une évidence. « Le porc m’a toujours plu. Et il était impossible pour moi de laisser partir l’exploitation qui est dans la famille depuis cinq générations. »

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La ferme, à la base en lait, mouton et porc, s’était spécialisée en porc en 2011, puis en apiculture avec vente directe du miel à partir de l’installation de Romain. Après avoir convaincu son mari de l’intérêt du projet, qui impliquait un retour en Loire-Atlantique et un changement de vie, Gaëlle Taniou décide donc de s’installer avec son frère et suit un certificat de spécialisation porc aux Trinottières, en Maine-et-Loire. « Le CS m’a confortée dans mon projet. J’ai fait mon stage sur l’exploitation et vu que je pouvais travailler avec mon frère. La vente directe m’a plu aussi, car elle permet des contacts humains et m’a amenée à créer une petite activité de vente directe de 30 porcs par an. »

Une production contractualisée

 

 
C’est surtout Gaëlle qui s’occupe des porcs, avec le salarié Valéry, présent sur l’exploitation depuis 22 ans, Romain s’occupant des abeilles, des cultures et participant aux transferts d’animaux.  © V. Bargain
C’est surtout Gaëlle qui s’occupe des porcs, avec le salarié Valéry, présent sur l’exploitation depuis 22 ans, Romain s’occupant des abeilles, des cultures et participant aux transferts d’animaux. © V. Bargain

L’exploitation compte 130 truies naisseur engraisseur, 500 ruches et 90 ha où sont produits du maïs et du blé utilisés en engraissement. La production de porcs se fait dans le cadre de la démarche La nouvelle agriculture de Terrena et plus spécialement de La nouvelle agriculture Système U (UNA), basée sur un cahier des charges et la contractualisation avec Système U. Les porcs sont nourris selon le cahier des charges Bleu-blanc-coeur, avec des graines de lin, des céréales d’origine France, sans OGM et sans soja en engraissement.

 

 

 
L’idée avec les mezzanines est d’augmenter la surface par porc et d’enrichir le milieu. Les premiers constats de Gaëlle sont qu’il y a moins de cannibalisme, mais plus de nettoyage et une surveillance moins facile. © V. Bargain
L’idée avec les mezzanines est d’augmenter la surface par porc et d’enrichir le milieu. Les premiers constats de Gaëlle sont qu’il y a moins de cannibalisme, mais plus de nettoyage et une surveillance moins facile. © V. Bargain

En 2020, les éleveurs y ont rajouté l’absence de castration et d’antibiotiques dès la naissance (auparavant à 42 jours). Le prix est basé à 50 % sur le cours du jour et 50 % sur le coût de production, calculé chaque mois selon le référentiel aliment Ifip. « Il y a une volonté de Système U d’avoir une rémunération plus juste des éleveurs. Et pour moi, il est important de promouvoir une alimentation de qualité et d’être dans une démarche contractualisée qui répond à la demande. J’apprécie aussi d’être en démarche de progrès et de pouvoir faire évoluer le cahier des charges. » Les truies sont conduites en 4 bandes avec mise bas toutes les 5 semaines et sevrage à 21 jours. « C’était un choix des parents pour planifier plus facilement leurs vacances et celles du salarié et cela nous convient. »

 

Depuis 2018, Gaëlle a fait évoluer de nombreux points. Elle passe plus de temps avec les truies, qui sont plus calmes. Elle libère les porcelets dans le couloir à une semaine, ce qui permet leur sociabilisation et les amène à manger plus vite en post-sevrage et à moins se battre. Elle a changé le plan d’alimentation des truies qui étaient un peu grasses. Elle utilise des lave-bottes, change de bottes à chaque bâtiment et respecte la marche en avant. Et elle fait des essais, suivis par Terrena, comme d’enrichir le milieu avec des cordes de jute en maternité ou des mezzanines en post-sevrage. De 2019 à 2020, le nombre de porcs produits par truie présente par an est ainsi passé de 25 à 29, le taux de pertes et saisies de truies de 4,7 à 2,4 % et l’indice de consommation économique global de 2,88 à 2,67. « Gaëlle aime la technique, veut progresser et cela se traduit dans les performances », constate David Lebreton, conseiller Porvéo qui suit l’élevage.

Optimiser le travail et la biosécurité

Malgré tout, une rénovation des bâtiments s’avère nécessaire. « Le bloc naissage date de 1995, mais les cases de mise bas deviennent trop petites car nous sommes passés de 12,5 à 13,5 porcelets sevrés par portée. Les bâtiments gestantes sont vétustes et nous manquons de place. La réorganisation permettra aussi d’améliorer le travail et la biosécurité, car il y a aujourd’hui beaucoup de transferts d’animaux. » 600 000 euros seront investis pour refaire deux salles gestantes dans l’actuelle maternité et créer une nouvelle maternité de 25 places bien-être, une quarantaine, 120 places d’engraissement et un sas sanitaire. « Cela va améliorer le bien-être des truies avec 25 places de mise bas au lieu de 28. Et comme le nombre de porcelets sevrés par truie a augmenté, nous garderons le même nombre de porcs produits. »

La transformation des bâtiments s’accompagnera d’un dépeuplement-repeuplement. « Quitte à rénover le bâtiment, nous allons améliorer aussi le sanitaire. Il y a notamment des problèmes de mycoplasme en engraissement, qui oblige à la double vaccination. Ce sera aussi plus simple pour les travaux. » Le cheptel reproducteur assaini sera fourni par un multiplicateur équipé en air filtré. Le dépeuplement sera réalisé en février 2022 et le repeuplement à partir d’avril. Les derniers porcs seront engraissés à façon. La banque accepte de prêter pour financer le coût du dépeuplement-repeuplement. « Le but est d’améliorer les conditions de travail et de se libérer du temps tout en gardant un élevage agréable, durable et rentable, souligne Gaëlle Taniou. Le retour sur investissement est prévu sur trois ans grâce notamment à la baisse des dépenses de santé et de l’indice de consommation. »

« Être dans une démarche qualité qui répond à la demande du marché était important pour moi »

Curriculum

Gaëlle Taniou

40 ans
BTS productions animales en 2001
Conseillère en élevage bovin pendant quinze ans
CS porcin aux Trinottières (Maine-et-Loire) en 2016-2017
Installation en 2018

Côté éco

Prix d’équilibre prévisionnel 1,20 €/kg carcasse +0,25 €/kg de plus-value (dont 0,09 €/kg de plus-value UNA)
Prix moyen de l’aliment 251 €/t

Fiche élevage

Gaec des Brissets

130 truies naisseur engraisseur
Conduite en 4 bandes de 28 truies à la mise bas
Génétique : Axiom (Adénia x Piétrain)
Groupement : Porvéo
90 ha de SAU, dont 55 ha de maïs et 35 ha de blé pour l’atelier porc
500 ruches
3 UTH

L’accompagnement de Terrena et de Porvéo

Gaëlle Taniou a bénéficié de l’offre Starter de Terrena. « Cette offre pour les jeunes installés prévoit des prêts à taux zéro sur 8 ans avec 1 an de différé, dans la limite de 40 000 euros, un cautionnement simple de 30 % et une réduction sur les agrofournitures, le conseil technique et les outils d’aide à la décision », précise David Lebreton, conseiller à Porvéo, le groupement porc de Terrena.

 

 
David Lebreton, technicien Porveo © V. Bargain
David Lebreton, technicien Porveo © V. Bargain

Le Gaec a aussi bénéficié du plan de confortement de Porvéo, plan d’aide à l’investissement en place depuis cinq ans et qui s’arrête en 2021. Le projet de bâtiment du Gaec a reçu 30 000 euros d’aide. Enfin, les éleveurs ont pu s’intégrer dans la démarche La nouvelle agriculture Système U. « Il y a une volonté de Système U d’accorder en priorité ce contrat aux éleveurs jeunes et porteurs de projets, pour assurer sa pérennité, indique David Lebreton. Quinze éleveurs font actuellement partie de la démarche, pour 1 000 porcs par semaine, soit 50 000 parcs par an. Le porc La nouvelle agriculture, qui s’adresse, lui, à tous les distributeurs, représente 3 000 porcs par semaine, soit 150 000 porcs par an. »

 

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