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Une offre mondiale de porcs en légère baisse en 2024

Après une reprise de la production mondiale en 2023, l’offre en produits du porc se contractera légèrement en 2024, en lien avec les dynamiques de marché en Chine. Une reprise des échanges internationaux est ainsi attendue.

Agricultural Crops: Pigs in pig farms still eat from troughs. Food in the barn, healthy pigs, pig farm
© Phoophinyo - stock.adobe.com

En 2023, la production mondiale de porcs a atteint 115 millions de tonnes équivalent carcasse, en hausse de 0,6 % par rapport à 2022. 

Lire aussi : Le porc progresse dans le monde, l’Europe trinque

Cette reprise de l’offre est principalement liée à la dynamique de développement en Chine et au Brésil, compensant le recul historique européen. À l’inverse, la demande internationale s’est contractée. L’année 2024 devrait être quelque peu différente, mais toujours avec un maintien des dynamiques de marché très contrastées entre les différents bassins producteurs que sont la Chine, l’Union européenne (UE à 27), les États-Unis et le Brésil. La production mondiale devrait légèrement diminuer (-0,9 % en un an) et la demande internationale se consolider.

 

 
La production mondiale devrait baisser de 0,9% en 2024

Evolution annuelle de la production de porc dans le monde
La production mondiale devrait baisser de 0,9% en 2024Evolution annuelle de la production de porc dans le monde © Ifip d'après USDA

Contraction de l’offre et consolidation en Chine

En 2024, une baisse de la production porcine chinoise est attendue (-3 % selon l’USDA), en lien avec un marché qui peine à maintenir une demande intérieure, la persistance des épidémies liées aux virus de la FPA et du SDRP, et les conséquences d’une année 2023 difficile pour le secteur. En 2023, la production chinoise a atteint son plus haut niveau (+3,8 % en un an). Alors qu’une dynamique porteuse pour le marché était impulsée en début d’année, la fragilité économique du pays a eu raison des consommateurs et des producteurs. En 2023, la demande intérieure chinoise est restée très en deçà des attentes, y compris lors des périodes de festivités. Cette demande atone n’a pas permis de soutenir les prix nationaux, et les éleveurs confrontés aussi aux niveaux élevés des coûts de production se sont régulièrement retrouvés dans des périodes de rentabilité négative.

 

 
Vers une baisse de la production chinoise en 2024 Evolution du cheptel de truies en Chine (millions de têtes)
Vers une baisse de la production chinoise en 2024 Evolution du cheptel de truies en Chine (millions de têtes) © Ifip d'après MoA

L’ensemble de la filière porcine chinoise a été touché par des pertes économiques majeures. De nombreux éleveurs ont ainsi dû décapitaliser leurs cheptels, et en fin d’année, le cheptel reproducteur national s’élève à 41 millions de têtes, un recul annuel de 5,7 % du nombre d’animaux. Pour contrer cette spirale descendante et trop fluctuante, le ministère de l’Agriculture chinois a publié un nouveau plan ayant pour visée de réguler la capacité de production porcine nationale. Le gouvernement souhaite stabiliser le nombre de truies reproductrices de 41 à 39 millions de têtes, et ajuster les cheptels en fonction des fluctuations des équilibres offre et demande. Pour ce faire, une surveillance accrue du marché et des maladies sera mise en œuvre, avec un appui des administrations publiques renforcé. Enfin, pour combler cette perte forte de l’offre, une reprise des importations est aussi attendue en 2024.

Perspectives d’un ralentissement du repli européen

Du côté de l’Union européenne, l’enquête cheptel réalisée en fin d’année 2023 laisse entrevoir une sortie de la période de décapitalisation massive. Le nombre de truies reproductrices atteint 10,5 millions têtes, en hausse de 1,6 % par rapport à 2022. Cette reprise des cheptels fait suite à une amélioration des marges au second semestre 2023, au renforcement des prix sur le marché des porcelets et à la sortie massive de nombreux porcs et élevages au cours des deux dernières années. En 2023, le repli de l’offre européenne a été historique : -7,6 % de porcs abattus, équivalent à 17,3 millions de porcs ou encore des abattages annuels danois. De plus, le secteur de l’aval a subi un important mouvement de restructuration dans toute l’Europe, ce qui n’est pas sans conséquences dans les dynamiques de marché. La production européenne devrait poursuivre sa baisse, au moins au cours du premier semestre. Dans le même temps, la chute des exportations a aussi été très forte.

 

 
L'enquête cheptel européen de la fin 2023 laisse entrevoir une sortie de la période de décapitalisation massive

Evolution annuelle du nombre de porc en UE-27
L'enquête cheptel européen de la fin 2023 laisse entrevoir une sortie de la période de décapitalisation massiveEvolution annuelle du nombre de porc en UE-27 © Ifip d'après Eurostat, SSP

Au cours de l’année 2023, les ventes de produits du porc à destination des marchés tiers ont décru de 18,6 % en volume. Outre le décrochage de la production européenne en 2023 et les moindres disponibilités pour l’export, les prix du porc extrêmement bas sur le bassin américain ont rendu les viandes américaines et brésiliennes plus compétitives sur la scène internationale. À cette compétitivité-prix s’est aussi ajouté un avantage monétaire. Un euro plus fort que le dollar ou le real brésilien a pénalisé les viandes européennes. En 2024, les exportateurs européens devraient parvenir à bénéficier des opportunités de marché, mais ils resteront confrontés aux problématiques de compétitivité. Du côté de la consommation, les effets délétères de l’inflation devraient s’atténuer.

Un marché américain en attente d’une stimulation de la demande

Après une année très compliquée pour le secteur porcin aux États-Unis, les experts de l’USDA s’attendent tout de même à une reprise de l’offre nationale (+2,4 % en 2024 par rapport à 2023), stimulée par la reprise de la demande intérieure et par le maintien d’un marché d’export fort (+1,5 %). En 2023, la filière américaine a été confrontée à d’importantes difficultés économiques et sanitaires, et des incertitudes politiques en lien avec la mise en application des lois relatives au bien-être animal et génératrices de surcoûts. Ce contexte a conduit à la baisse du cheptel truie de 3,3 % en décembre 2023 par rapport à 2022. Toutefois, les analystes américains attendent des hausses de productivité pour compenser. De plus, la situation de marché devrait s’améliorer grâce à une reprise de la demande. Les prix de la viande de bœuf, trop élevés, poussent les consommateurs américains vers d’autres sources de protéines. Du côté de la demande à l’export, les viandes américaines sont parmi les plus compétitives et les entreprises développent d’ores et déjà de nouveaux débouchés, en particulier en Amérique centrale et Amérique du Sud.

Tous les voyants au vert pour le Brésil

Après une année 2023 très positive pour la filière brésilienne, 2024 s’annonce aussi prometteuse. Un développement dynamique de la production est attendu, mais aussi des exportations et de la consommation. En 2023, la filière a été favorisée par la baisse des coûts de production et un marché à l’export très dynamique. Les abattages brésiliens ont progressé de 1,2 % en un an. Les volumes d’exportation ont aussi été record (+3,4 % en un an), 1,5 million de tonnes de produits du porc ont été envoyées à travers le monde. Des grands industriels investissent de manière continue dans le secteur porcin, permettant au pays d’importants gains d’efficience et de compétitivité. Avec une poursuite attendue des coûts de production, une amélioration des demandes intérieure et extérieure, les perspectives pour le Brésil ne peuvent qu’être optimistes.

Elisa Husson, elisa.husson@ifip.asso.fr

À retenir

Les perspectives 2024 laissent envisager une légère contraction de l’offre mondiale, en lien avec les dynamiques chinoises, entraînant une légère reprise de la demande internationale.
Les Européens devront jouer des coudes pour faire face aux États-Unis et au Brésil.
Ceci, dans un contexte toujours incertain sur le plan géopolitique (guerre en Ukraine), sanitaire (SDRP et FPA), commercial (perturbations du fret maritime en mer Rouge, restructuration des filières), réglementaire (stratégie IED et future feuille de route de la Commission européenne sur le bien-être animal) et social (transmission des élevages, impact de l’inflation sur la consommation, manque de main-d’œuvre).

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